Une cour d’appel du Brésil vient d’ordonner la libération immédiate du Président Lula traqué, persécuté, embastillé depuis plusieurs mois. L’objectif de l’ignoble samba carioca est d’empêcher la victoire de Lula à la prochaine présidentielle, dont tous les sondages le donnent favori. Cet acharnement n’est pas gratuit. Il est soutenu par la volonté de quelques milliardaires étrangers et locaux de continuer à s’enrichir de la sueur des travailleurs brésiliens. Pour eux, les politiques patriotiques et sociales du Président Lula sont une menace létale sur leurs portefeuilles. Aujourd’hui, le vent semble avoir changé de direction. Affaire à suivre.
A Dakar, un juge d’appel a donné le vertige à tout un peuple en affirmant n’avoir pas la preuve de l’existence d’un arrêt de la Cour de justice de la Cedeao concernant la détention arbitraire du Député-maire Khalifa Sall. Pourtant, le ministre de la Justice a confirmé l’existence de cet arrêt, en le commentant sur les antennes de la Rts et dans les colonnes du Soleil. L’impact de cette feinte effarante a été foudroyant : le public s’est levé et a conspué, hué, un haut magistrat, dont les talents sont bien connus des opposants d’avant 2000.
L’objectif, ici, rejoint celui des danseurs de samba : empêcher la candidature de Lula-Khalifa, qui a péché en fédérant sur son nom l’essentiel de l’électorat socialiste. Les délais de mise en œuvre d’une telle forfaiture étant désormais comptés, les juges marron ne tentent même plus de cacher leur hâte et leur nervosité. Perdue sa sérénité, Dame Justice se grime en courtisane excitée.
L’artifice stupéfiant du juge d’appel réactualise l’avis du groupe de travail de l’Onu qui avait dénoncé la détention de Karim Wade comme arbitraire et demandé sa libération et son indemnisation. A ce jour, le pouvoir ne s’est pas exécuté. Comment ne pas sourire dès lors devant l’affichage d’une volonté de respecter le verdict de la Cedeao ? D’autant que l’artillerie lourde est mobilisée pour barrer la progression de Lula-Karim, candidat du Pds à la présidentielle 2019. On a changé la Constitution et le Code électoral, violé allègrement les règles de tenue du fichier des électeurs, pour se prémunir contre un seul citoyen, Karim Wade, dont l’insigne malchance est de porter les couleurs des forces politiques et sociales ayant conquis les libertés démocratiques dans ce pays et donné un contenu concret aux valeurs de patriotisme et de primauté de l’intérêt national.
Un plénipotentiaire de Bennoo a expliqué dernièrement à la télévision les conquêtes démocratiques des années 90 par la faiblesse du Président Diouf devant les revendications et manifestations de l’opposition. Il se trompe lourdement. Il ne s’agit pas de faiblesse, mais plutôt de son contraire, le sens de l’honneur, cette élégance morale fondée sur l’estime de soi qui interdit à un président de la République de devenir un croque-mort de la démocratie.
Mais ça c’était avant. Aujourd’hui, les seuils de l’honneur sont allégrement franchis…
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal