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Futuriste à Reculons ?

Emerveillé par les projets du président Sall à Diamniadio, Abdou Karim Sall, responsable de l’APR à Mbao, par ailleurs DG de l’ARTP s’est extasié devant le panorama. Selon le responsable de cadres républicains de Pikine : « Le président a une vision futuriste » Il n’a même pas cillé !

La même semaine, un Ministre camerounais interrogé par RFI, donnant son sentiment à propos de la décision du président Biya de briguer un autre mandat, a employé exactement la même expression : « Le président Biya est un futuriste. »

Des forêts denses de  l’Afrique centrale, la formule a allègrement atterri, sur les côtes de l’Afrique occidentale ! Comme l’avion qui déposa le président Ahidjo et sa famille à Dakar des décennies plus tôt. Les deux responsables politiques ont franchi le mur du son, sur ce coup-là ! Pour plaire à leurs maîtres, les louangeurs ne sont jamais à court d’arguments et de formules pompeuses !

Depuis je cherche la sens de l’expression : « futuriste.» J’aurais bien aimé avoir le Petit Gondwanais Illustré que le brillant Mamaane consulte pour trouver les définitions de ces mots si savants !

Les autres glossaires que j’ai consultés donnent des définitions vagues comme : «  futuriste : qui évoque le monde de demain, tel qu’on se le représente transformé par les diverses technologies » ; ou encore : se rapportant à la doctrine du futurisme : « doctrine esthétique (formulée par le poète italien Marinetti) exaltant le mouvement, et tout ce qui dans le présent, préfigurerait le monde futur. En un mot, le futurisme, qui est à l’opposé de l’immobilisme, renvoie à la vitesse, au dynamisme et à l’action.

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C’est quoi donc une « vision futuriste » ? C’est quand vous êtes assis sur un trône en même temps qu’Emmanuel Macron, qui tétait encore le biberon au moment de votre installation en 1982 ! Et que vous ayez vu passer : Mitterrand, Chirac, Sarkozy, et Hollande, excusez du peu, qui ont dû certainement se gausser de votre tronche surannée comme des enfants, riant sous cape, en regardant les vieilles photos de leurs papis et mamies posant avec des pantalons et des jupes démodés !

Peut-être qu’avoir une « vision futuriste », c’est quand un président jeune, né après les indépendances et ses régimes totalitaires avec leurs fameux partis uniques pour ne pas dire pensée unique, qui a grandi dans une démocratie apaisée et déjà fortifiée dans laquelle le président sortant et son rival, après une bataille politique épique, avaient réussi à faire taire leurs rancœurs et à museler leurs flagorneurs aux cœurs pleins de sournoiseries, pour écrire une belle page d’histoire, réagit comme le héros de l’indépendance guinéenne ! Et qu’il donne à son frère une grosse « caisse à milliards », qu’il autorise à son beau-frère « à assoiffer son peuple » sans se gêner !

Ou peut-être c’est alors mettre « sous le coude » les dossiers judiciaires gênants, ou demander à son garde des Sceaux de consulter des magistrats « à domicile », ou surprendre des adversaires, « légalement » ligotés pour leur donner des coups de Jarnac, voire de grâce !

Vous avaient tort messieurs ! Vos mentors ne sont pas « entrés dans l’histoire » de leur peuple pour reprendre l’expression de Sarkozy à Dakar ! Il aurait fallu pour cela qu’ils marquent leur époque comme Washington marqua la sienne ! Ils ne sont pas des « accidents heureux » pour leurs concitoyens. L’un a eu le pouvoir sur un plateau d’argent, grâce à la sagesse d’Amadou Ahidjo, comme Diouf le reçut de Senghor ; l’autre, sans qu’il porte sur son corps une cicatrice de la lutte de son peuple, et sans qu’il n’ait passé un seul jour en prison, a été élu démocratiquement par un peuple qui s’est battu seul, sans son aide ! Pour tous les deux on sait ce qu’est devenue la situation de leurs pays respectifs : les jeunes sénégalais et camerounais désespérés, se jettent littéralement sur les routes de l’émigration !

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Loin dans le temps, mais si proche dans l’espace, je vois, en regardant sur le rétroviseur, Thierno Sileymane Baal qui savait déjà, à une époque si trouble pourtant puisque marquée par la royauté et le pouvoir absolu, que l’Etat était impersonnel et devait transcender les clans et les familles et que pour ce qui était de sa gestion qui se devait d’être « saine et vertueuse », il n’était pas question de laisser son épouse nommer des ministres… A contrario, si loin dans l’espace mais si proche dans le temps, quand je jette un coup d’œil là-bas, vers le Cap, je vois encore Madiba, qui passa presque trois décennies dans une prison, qui sacrifia toute sa vie pour son pays – qui avait donc ce qu’on appelle pompeusement la « légitimité historique ». Il resta cinq années au pouvoir avant de céder sa place à un président jeune qui sortait de « nulle part »

Ceux-là, ils avaient peut-être une vision futuriste !

Encore que certaines idées et concepts que véhicule le futurisme peuvent porter à confusion. Dans le manifeste du futurisme, Marinetti, chante : « l’amour du danger et de la témérité, il exalte le mouvement agressif, le saut périlleux, la gifle et le coup de poing. » Il va jusqu’à glorifier la guerre qu’il considère comme : « la seule hygiène du monde » ! Ce ne fut pas un hasard si ses partisans se sont acoquinés avec le fascisme mussolinien.

 

Futuriste à reculons ? .

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