Si mes mots sont tachetés de sang, comprenez que c’est ma gueule qui saigne. Nous recevons des coups tout le temps. Mais ce n’est pas grave, nous ferons face. Ce qui s’avère fatal, ce sont les coups-bas…, c’est lâche. Et malheureusement, nos politiques sont adeptes de cette pratique. Je n’ironise pas, c’est un coup de gueule ! J’ai hâte de retrouver un sommeil normal, un sommeil exorcisé, libéré de tout démon qui nous hante et nous prive finalement de tout, même de nos infimes grains d’espoir. Un peuple qui résume ses journées à trouver de quoi manger et boire n’a point de temps pour lever la tête et pointer le regard vers l’horizon, le futur.
Au Sénégal pour accéder à des soins médicaux, il faut bagarrer ; pour avoir une place à l’université, il faut bagarrer ; même pour avoir de l’eau à boire, il faut bagarrer… Et au bout du compte, il ne nous reste plus d’énergie pour relever les vrais défis, les défis du moment et de l’avenir. Les lacunes, la médiocrité de ceux qui dirigent le pays ont contaminé notre existence. Et Dieu sait que nous sommes d’une nature à forte dose d’optimisme. Cependant par les temps qui passent, force pour qui n’est pas «aveugle» de se rendre compte du scepticisme grandissant qui pollue le pays. Notre optimisme héréditaire est en train de céder du terrain.
Il n’y a qu’à lire sur les visages pour décoder le désemparement des populations qui crient en silence. Un cri bien silencieux, du moins pour le moment ! Car nous ne saurons rester muets infiniment face à autant de châtiments. Un tableau tantôt trop sombre, tantôt trop froid que l’esprit malveillant de ceux qui doivent veiller sur nous, tente d’égayer sans vraiment avoir l’audace ou le génie des couleurs. Fils indigne de Picasso, il mélange les pédales et s’emmêle les pinceaux et finit chaque fois à mettre du rouge partout. Oui, du rouge comme danger ! Et pour passer du rouge au rose, il a tout un dictionnaire mais point d’actes.
S’il y a un domaine dans lequel le régime en place a damé le pion aux autres, c’est en «production» de slogans… Qu’est-ce que nous n’avons pas entendu de 2012 à maintenant ? Que de charabia…. Il faut comprendre que c’est leur timidité en action qu’ils compensent par le verbe. J’allais dire : Ils tentent de guérir nos mille et un maux par mille et un mots.
En politique, au commencement c’est le verbe mais à la fin, on juge les actions !
Je tombe par ci et là sur d’anciens discours de Macky Sall, candidat à la présidentielle de 2012 et me demande par quel gourou est-il passé pour se faire formater le cerveau ? Le «Macky» qu’on nous a livré est à l’opposé du «Macky» qu’on nous a vendu. Les Sénégalais n’en reviennent pas. Dans les transports, les places publiques, etc., quand vous parlez de lui, vous obtenez le dédain. C’est à peine que les gens veulent prononcer son nom et pourtant il y a moins de sept ans, il a été élu à 65 %. Comment peut-il être victime de l’usure du pouvoir à mi-mandat, lui qui est qualifié de «génie politique». Laissez-moi rire…
Quand le nom de Macky Sall est synonyme de déception, il y a forcément trahison quelque part ; trahison des actes face aux promesses ; trahison de la nature face aux apparences ; trahison des ambitions face à la mission… des intérêts particuliers face à l’intérêt général ; des intérêts du pays face à d’autres… Finalement devant autant de contradictions, nous nous résignons à tirer la conclusion qui s’impose pour dire tout simplement que nous n’avons jamais connu Macky Sall. Il est de nature polymorphe, il n’existe vraiment pas. Ce sont des personnages, des rôles, des scènes. Tantôt il revêt le manteau d’un roi entouré de courtisans et de valets, tantôt il incarne l’image d’un acteur d’un film intitulé «la mafia au cœur de la République», tantôt d’un bluffeur, illusionniste entouré de clowns dans un cirque, un méga-cirque…
Avec Macky Sall, nous ne sommes sûrs de rien sauf d’une chose : il ne se fie qu’à sa tête et il ne travaille pas pour l’intérêt du Sénégal… Bradage de nos ressources, surexposition de nos petites entreprises face à la concurrence déloyale des multinationales, gré à gré au profit des entreprises étrangères, etc., (j’en passe), c’en est encore une contradiction avec la volonté d’œuvrer pour le bien du Sénégal. Pas besoin de s’attarder sur des évidences vécues au quotidien au risque de faire long. La souffrance des Sénégalais n’est plus à démontrer : Eau, santé, éducation, chômage, cherté de la vie, insécurité, brutalité policière, impunité, malversation, pauvreté, angoisse de l’incertitude, fragilisation de nos institutions, etc. Vouloir traiter tous ces problèmes, en même temps, c’est écrire un livre.
Le Sénégal est-il orphelin de leader patriotique ? Comme un peu partout en Afrique, à force de se regarder leur nombril, les dirigeants perdent le cap pour naviguer dans des horizons ténébreux. Leur bonne foi est souvent biaisée par la politique politicienne qui les fait voir du rose à la place du rouge que revêt notre quotidien. Le Sénégal va très mal sur tous les plans : économie, politique, social… En panne d’arguments, le «lion dormeur» devient un «apprenti dictateur» enchaînant forfaiture sur forfaiture. Tout ne peut être épreuve de force dans un Etat de droit ! On n’emprisonne pas et libère quand on veut dans un Etat de droit !
Macky rate une occasion de graver en lettres d’or son nom dans l’histoire du Sénégal et verse dans l’oppression de ses opposants. Il faut retenir que quand on écrit injustement, sa propre histoire avec les «maux» de ses adversaires, son royaume tremble à chaque fois que la justice s’exclame. On est, ainsi, tenté de la (la justice) museler à tout prix. Au prix même du ridicule ! Mais Macky Sall se fout de tout cela ; de toute façon il se fout de tout et de tout le monde. C’est le premier démocrate du monde à être allergique aux critiques et à la contradiction. Son programme politique, c’est : museler, mater et emprisonner ses opposants pour nourrir ses projets politiques (la longue liste de prisonniers politiques est disponible sur internet, elle fait état de plus de 50 personnes).
Il a fini d’installer la désorganisation organisée dans notre administration pour faire de son bon vouloir une loi. Même la justice n’a pas pu résister à ce tsunami qui terrasse nos institutions. Elle n’a jamais été aussi rabaissée, malmenée, ridiculisée, instrumentalisée, décrédibilisée aux yeux des justiciables. Je disais à un ami que les vœux de gestion sobre et vertueuse de Macky Sall étaient, certainement, conçus dans un monde virtuel, puis portés par le personnage virtuel qu’il est…
Macky Sall n’arrête pas de nous promettre la pluie et le beau temps alors que nous peinons toujours à avoir de l’eau à boire. Nous sommes bien en 2018, face à la pénurie d’eau qui sévit à Dakar (capitale du Sénégal) depuis plusieurs mois, lorsque j’ai entendu un de ses lieutenants se glorifier de l’implantation de bornes publiques dans certains quartiers, j’ai tiré ma conclusion : ils sont incompétents, sans scrupules, sans ambitions. Ne vous étonnez plus quand ils disent que le Sénégal marche bien. Comprenez que Macky n’existe pas, c’est un cauchemar. Et puisqu’il n’existe pas, comment voulez-vous que le Sénégal que lui et ses acolytes nous décrivent, à longueur de journée, existe ?
Mon pays va très mal. Que ceux qui voient du rose partout vérifient la teinture de leur binocle ! Notre espoir a succombé, prématurément, intoxiqué par les portions de ces magiciens du verbe, de surcroît fossoyeurs de la République. Et moi j’ai besoin de dire à ces gens-là ceci : Vous n’existez pas ! Vous êtes de l’imagination, des leurres, des plans de communication, des concepts, des slogans…, par contre le peuple existe et demeurera après vous. Pensez-y !
Abdou DIENE
MEA
abdoudiene@gmail.com