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Dialoguons Pour Ne Pas Brûler Le Pays

Dialoguons Pour Ne Pas Brûler Le Pays

A six mois des élections présidentielles, l’atmosphère politique au Sénégal est lourde de conflits manifestes et latents qui menacent les institutions.

Le décor présente d’une part, un maire détenu pour outrage à des magistrats, un député qui refuse de déférer à la convocation de la Division des Investigations Criminelles, un avocat qui tance un juge en pleine audience; d’autre part, il montre un pool d’avocats ayant boycotté un procés, soutenant que leur client est condamné à l’avance.

Comment en est-on arrivé à cette défiance vis à vis des institutions?

Tout d’abord, il convient d’admettre que l’opposition, dans son rôle de contestation politique, n’a jamais cessé de pointer du doigt les travers du pouvoir en place. Mais, à cela s’ajoute un recours fréquent de la détention pour offenses (au gardien des institutions et aux autres titulaires du pouvoir public). C’est ainsi que Amy Collé, une chanteuse, a été incarcérée suite à la fuite de notes vocales dans lesquelles on lui reproche d’avoir offensé le chef de l’Etat; une autre citoyenne sénégalaise du nom d’Ouleye Mané a été aussi condamnée pour des faits similaires. A coté de ces citoyens, des personnalités publiques, à l’instar de Bara Gaye et du Maire Barthelemy Diaz , ont été condamnés. Au-delà de toute coloration politique, nous pensons qu’il convient de s’arrêter et de réfléchir, afin de trouver une solution à même de nous garantir des élections transparentes dans un contexte de paix.

Les offenses aux institutions constituent-elles le véritable probléme?

Les maisons d’arrêt et de correction sont des outils nécessaires à la paix en société. Elles ont un caractère dissuasif. Au-delà des considérations morales, les gens évitent de commettre des délits et s’interdisent les crimes pour ne pas être emprisonnés. Mais, la défiance à la loi par des citoyens – civil, maire, député – posent le probléme de l’opportunité à continuer à incarcérer les gens à cause de leurs opinions.

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A force d’emprisonner les gens, le caractère dissuasif de la prison va s’atténuer; cela est dangereux dans une société quand on cherche à aller en prison. En théorie et en fait, la prison a son sens quand elle est un symbole de peur. En théorie, nul ne veut être détenu, et en fait, la détention prive la personne de la liberté de vivre en société. Donc, ce symbole doit être protégé. D’autant plus que, si toute l’opposition sénégalaise ést « légalement » incarcérée pour ces genres de faits, on penserait qu’il n’y a pas de démocratie au Sénégal.

Mais comment garantir le respect des institutions sans la dissuasion par la détention?

Avant les élections prochaines ou juste aprés, un dialogue devrait être organisé par le Gardien des institutions du Sénégal.

Dans l’idéal, les institutions sont respectées. Mais quand des signes d’irrespect des institutions apparaissent, se maintiennent et s’accentuent, il est nécessaire de dialoguer, pour couper court à la frustration qui améne ces genres de comportement.

En effet, même si certains discréditent les institutions par stratégie politique, ils n’en demeurent pas moins que d’autres le font par frustration relative à l’impuissance de se faire comprendre, de faire accepter ses besoins et demandes. L’animal politique, l’homme, même dans les sociétés sans appareil politique, a besoin de se faire comprendre, de se faire accepter. Ce besoin est davantage affirmé en démocratie ou le pouvoir émane du peuple, et appartient au peuple.

En définitive, dans le cas du Sénégal, nous pensons que le traitement de tous les citoyens pro-pouvoir et contre-pouvoir est la voie royale d’accés au respect des institutions. Mais si quand les corps de contrôle de l’Etat indexent négativement la gestion de fonds publics par un militant du parti au pouvoir, cela ne donne aucune suite alors que les procés des opposants se suivent, le sentiment de frustration risque de grandir. Ne brûlons pas le pays!

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TRAORE Cheikh Tourad

Militant de la Société Civile

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