Monsieur le Directeur, saviez-vous qu’il y a des présidents de jury qui se prennent parfois pour des rois ? L’Office du Bac est-il au courant de certains excès perpétrés par quelques présidents de jury qui ont décidément du mal à interpréter correctement la nature de leur collaboration avec les correcteurs ? Il urge en tous cas que la nature et l’étendue du pouvoir du président du jury soient davantage délimitées pour éviter certains abus.
Cette histoire que j’ai vécue, illustre comment certains hommes craquent dès qu’ils sont investis d’un pouvoir, si minime soit-il. Alors que la délibération du 2e tour au jury 982 de Kafountine a pris fin et que les collègues s’apprêtaient à rentrer chez eux, le président dudit jury a tout bonnement retenu ma feuille de déplacement prétextant qu’il l’a égarée ! Malgré l’insistance des collègues avec lesquels je devais voyager, le monsieur rétorqua qu’il n’a pas vu ma feuille de déplacement. J’étais obligé de rentrer sans celle-ci, car j’ai compris très tôt qu’il cherchait à me léser à cause d’un échange de propos durant la délibération.
Une fois rentré, et alors que j’étais en train de constituer un nouveau dossier pour refaire le circuit, le chef de centre m’apprit que la feuille de déplacement a été retrouvée et que le président de jury est disposé à m’appeler une fois à Dakar. Et contrairement à ses déclarations, il s’est non seulement abstenu de m’appeler, mais il a tout bonnement refusé de prendre mes appels et de répondre à mes messages textos. Alors que la règle et la jurisprudence en la matière veulent que la feuille soit déposée au niveau de l’Office du Bac, le monsieur refuse toujours de libérer ma feuille de déplacement alors que rien ne le lui permet. Est-ce normal qu’un correcteur qui s’est acquitté de sa tâche après avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres, soit pris en otage par un président de jury ? Comment peut-on, dans un pays comme le Sénégal, adopter une attitude aussi inqualifiable ? C’est dire qu’au Sénégal, le respect dû aux enseignants est chaque jour bafoué sans qu’aucune sanction exemplaire ne soit prise. C’est dire aussi qu’il y a dans le système éducatif de notre pays des comportements qui n’honorent pas la profession d’enseignant.
L’Office du Bac a été bien inspiré d’envoyer des superviseurs dans les zones de corrections, mais il serait davantage inspiré s’il élargissait leur pouvoir. Il ne faut pas simplement des superviseurs pour assister techniquement les présidents de jury dans le maniement du logiciel de Bac : il faut qu’ils puissent faire des rapports sur la conduite morale, et des correcteurs, et des présidents de jury. Ce pouvoir devrait être naturellement dévolu aux chefs de centre, mais ces derniers sont, pour des raisons évidentes, très distants du déroulement du Bac.
Monsieur le Directeur, vous conviendrez avec moi que si la gestion des affaires humaines est délaissée à l’arbitraire et au caprice de quelques hommes, la cité et l’humanité en pâtiraient irrémédiablement et indéfiniment. Monsieur le Directeur, loin de nous la volonté de faire de la délation : nous voulons simplement attirer votre attention sur des faits que vous pouvez vérifier matériellement, car vous avez le contact de tous les membres dudit jury. Nous pensons que c’est de notre devoir de dénoncer tout ce que nous estimons être source de problème ou une injustice dans le système.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
Correcteur au jury 982, Lycée de Kafountine
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