Abdoulaye Wade doit véritablement vivre un drame personnel en cette veille d’élection qui excite les convoitises les plus folles. Il regarde, impuissant, ceux qui exaltaient, hier, sa grandeur et sa noblesse d’âme, le vouer, lui et sa famille, aux gémonies. Ils ne se sont pas contentés de quitter hideusement le vieux briscard au moment où il avait le plus besoin d’eux. La bande des ingrats le vitupère alors qu’elle lui doit tous les honneurs qu’elle a osés briguer dans cette République.
Le Rassemblement pour la pérennisation du libéralisme (Rapel), regroupant l’ancien premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, Pape Samba Mboup, Serigne Mbacké Ndiaye et autres promoteurs de la cupidité, est, osons le dire, d’une bassesse innommable. Il ne s’agit pas, cette fois-ci, que de cette transhumance célébrée par Macky Sall. C’est là, l’expression nauséeuse d’une inhumanité, d’un manque de dignité.
Il n’est pas question, ici, pour nous, de défendre le prédécesseur de Macky Sall qui, face au pouvoir grisant, s’est entouré de ces sombres individus. La lâcheté de ses « poupons » est son supplice moral. Qu’il en assume la responsabilité historique. Nous défendons plutôt des vertus dans lesquelles devraient se draper toutes les individualités qui explorent les possibilités de l’espace public. La morale imposait à ces « sauveurs » du libéralisme une posture moins incommodante.
Mais on le sait, aujourd’hui plus qu’hier, le ridicule ne tue point dans ce pays. Celui dont s’est couvert Souleymane Ndéné Ndiaye, ancien premier ministre, « défenseur » des grandes vertus et chantre de sa haute noblesse de naissance, est encore plus déshonorant. Un homme d’Etat ne déballe pas. Il ne s’abaisse pas à des attitudes honteuses. Il avait crié urbi et orbi qu’il ne transhumerait jamais. Hélas, il a fait pire. Il a manqué de grandeur d’âme et a été abject vis-à-vis de celui qui l’a tiré de l’anonymat et a donné de l’éclat à sa vie sans qu’aucun haut fait d’arme politique ne justifie ces faveurs. Souleymane Ndéné Ndiaye est incapable de gagner Guinguinéo, sa « base » politique. Il n’est pas non plus une lumière. La primature était un accident de l’histoire comme il y en a beaucoup dans ce Sénégal de toutes les extravagances.
En ces temps de convoitises et de fièvre, sa majesté, « inaugureur » des insignifiances du monde post-moderne, ramasse toute la crasse croyant qu’elle nourrira sa boulimie de pouvoir. Macky Sall, sans peut-être en être conscient, reconstitue l’atmosphère de félonie de 2011 qui présage les fins de règne. S’entourer des flagorneurs pour se bercer d’illusions. Ils iront, comme des contractuels, paître ailleurs avec leurs baves de délateurs. Macky Sall court à sa perte avec les oiseaux de mauvais augure. Mais, puisqu’il est devenu aveugle…Qu’il s’en aille pour le bien du peuple martyr.
Il y a, cependant, ceux qui devraient éternellement se taire parce que n’ayant pas payé leur dette à la société. Pape Samba Mboup est de ceux-là. La prison est la peine la plus légère pour les violeurs et les pédophiles ! Malheureusement, nous sommes dans une société si désarticulée que les rebuts du monde se rebiffent. Abdoulaye Wade et sa famille méritent plus d’égards de sa part. Qu’il loue son nouveau maître et laisse tranquilles ceux que sa tronche de renégat et de vieux dépravé répugne. Qu’il se terre. Il y a une fille (devenue femme) à qui il rappelle des souvenirs atroces. Indigne créature !
Serigne Mbacké Ndiaye est l’autre personnage qui empeste nos chaumières par la récurrence de ses sorties mesquines et théâtrales. Il est de ceux qui n’existent que par le verbe. Louer et machiner. Eternel courtisan. Godillot de tous ceux qui lui donnent la sucette ! Le déballage qu’il s’est récemment permis renseigne sur sa moralité très douteuse. Pour se laisser définitivement choir dans le caniveau, le bourlingueur a dit lors de leur conférence d’allégeance : « le président Abdoulaye Wade a écrit au président Macky Sall pour lui dire ceci : faisons tout pour avoir un seul candidat à la prochaine présidentielle. Et il lui a demandé́ de prendre certains anciens ministres et de les intégrer dans son gouvernement. Je suis le seul qui détient cette lettre ». Goré yomboul ! Triste personnage !
Que Macky Sall se le tienne pour dit, il ne fera pas pour ces gens ce que Wade n’a pas fait pour eux. Et pourtant, ils prononcent l’anathème contre leur bienfaiteur d’hier. Sa réélection ne dépendra pas de cette bande déloyale que les Sénégalais croyaient avoir enterrée. Macky Sall les a resuscités pour entonner, avec lui, le chant du cygne. Ils essuieront leurs baves et iront picorer ailleurs.
Bara Diouf