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Parti Socialiste D’otd, A Joie Obligée

Ainsi donc le Parti socialiste d’OTD a décidé de ne pas présenter, intuiti personae, un candidat l’élection présidentielle. Il soutiendra, le président sortant, Macky Sall, en février prochain. Pour la première fois, depuis la création de leur ancêtre le BDS, en 1948, les socialistes resteront dans les gradins, pour applaudir les performances oratoires d’un porte-drapeau, exogène. Et souhaiter que le bonheur de son imposé champion libéral, une excroissance de son tombeur de 2000, fût le sien, au soir du 24 février prochain.

C’est la fin d’une ère de grandeur en pointillés, depuis 18 ans. Ce renoncement a pris un air de chant du cygne, quand Abdoulaye Wilane, porte-parole socialiste dans une feinte euphorie, l’annonçait à l’issue d’une petite réunion d’instance, du Comité directeur. En attendant le congrès… Cette renonciation a pris les couleurs d’un crépuscule maussade, quand elle perlait, sans enthousiasme dans la voix du secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng. Pas un brin de remord ! Aucune tristesse ! Sans le moindre ressentiment ! Que de la joie obligée ! Quand on a perdu le privilège de pouvoir choisir, on n’a plus qu’un seul choix : accepter le choix des autres.

C’est la seule alternative qui s’offrait au PS. Ou du moins ce qu’il en reste. Le PS réside aux abords des cercles de décision du pouvoir quasi exclusif du président Sall. Neutralisé, il est contraint de se réfugier dans  la contemplation résignée.

L’option de soutien forcé du PS a au moins quelque chose de logique. Elle est fondée sur le principe de l’engagement et de la parole donnée. Le parti de Senghor, aujourd’hui délesté de l’âme senghorienne, s’est fait le point d’honneur de se conformer à l’idéal communautaire de BBY, devenu avec le temps, le repaire de transhumants sans état d’âmes et d’alliés  sans avenir politique et de faible poids électoral. Le principe est bien énoncé par l’inamovible OTD : « Nous avons gagné ensemble, nous avons gouverné ensemble, nous soutiendrons ensemble le meilleur d’entre nous pour la future échéance ! »

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Dans les coordinations, les militants consultés, révèle-t-il, en ont ainsi décidé. Ainsi soit-il ! Il ne reste qu’à en accepter l’augure ! Le patron des socialistes ne dit ni comment, ni quand les militants lui ont donné un imprimatur. Et nous apprend que rien dans les textes du parti ne prévoit que le candidat à choisir pour la présidentielle doive faire partie de l’artillerie interne. L’évidence ne crève même plus les yeux.

Faut-il lui rappeler que quand le PS est réduit à une posture de faiseur de roi, il a perdu son pouvoir de décider pour son destin propre. Il ne reste plus qu’alors qu’à jouir de l’usufruit du partage, en se tenant à carreau, quitte à avaler des couleuvres. Qui a dit avec une crue vérité qu’OTD n’avait pas d’autre choix que de se ranger le petit doigt sur le pli du pantalon, derrière, le candidat de son parti, l’APR ? Du score Bréjnévien des années 60 et 70 de Senghor (100 %), aux douteuses performances électorales de l’ère Dioufienne (de 80 à 42 %, la dégringolade Tanorienne (de 7 à 0 %) a sonné le glas des socialistes. Mais OTD n’est ni Senghor, ni Diouf !

Fort de la reconnaissance des Sénégalais qu’il a incubée politiquement, Senghor a su organiser son départ et sortir par la grande porte. Il s’est évité le forcing avorté d’Ahmadou Ahidjo, épargnant à son peuple des déchirures sociales profondes. Abdou Diouf restera, à jamais, l’incarnation de l’élégance républicaine en faisant le choix de la dignité démocratique, celle de céder le pouvoir à son adversaire Wade. Il a su tourner une page d’histoire en tournant le dos aux lambris du pouvoir après une retentissante défaite. Mais Diouf ne sera ni Biya, ni Mugabé, ni  Bourguiba, ni Dos Santos. Il a compris que tout pouvoir avait un début et une fin. Même au titre de secrétaire général de l’Organisation de la Francophonie, poste qu’il quittait de son propre gré pour s’épargner les hideuses rides de la longévité, envers et contre tout.

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Sans doute, Senghor a-t-il porté durant toute sa vie, l’emprisonnement de Mamadou Dia et le bannissement de Cheikh Anta Diop, sur sa conscience. Le président Diouf les a réhabilités, certes, toujours avec la même prestance républicaine. Cependant, les socialistes lui pardonneraient difficilement d’avoir mis au ban Moustapha Niasse, Djibo Kâ et tant d’autres socialistes authentiques, qui auraient donné à leur parti un sort plus enviable que celui-là.

La succession des précurseurs socialistes prend aujourd’hui une bien pire évolution. Celui (Khalifa Sall) qui aurait pu incarner ce sens de l’historicité fort de sa légitimité politique, croupit dans les geôles de Rebeuss. Avec la complicité au moins, passive, de ceux qui ont refusé l’incarnation présidentielle, après tant de tentatives infructueuses. La retraite forcée d’OTD ne peut signifier, ni manquement à la parole donnée au sein de BBY, ni fatale absence de perspectives pour le plus vieux parti du Sénégal.

Quelle tristesse à Colobane au siège du PS, repeint de frais aux couleurs pâlissantes d’une formation à l’obsolescence désormais programmée. Qui peut encore sauver le PS, un astre en voie d’extinction ?

 

Momar Seyni Ndiaye

mndiaye@

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