La démocratie bourgeoise, démocratie représentative, se mesure à l’aune de quelques référents. Le premier est les élections. Ces dernières sont pour absenter le peuple pendant cinq ou sept ans de la conception, de la gestion, de la construction des biens matériels et immatériels du peuple pour lui-même, du contrôle des affaires de la cité. Le second est le marché libre qui organise l’économie selon la concurrence et dont l’unique but qui est le profit sur la base de l’exploitation des travailleurs . Mon ami me rétorque que je récite une leçon. Mais, cette leçon est la réalité vraie. L’Etat et son gouvernement fondé de pouvoir du Capital travaillent à l’acceptation de cette conception de la politique et organisent entre différentes fractions de cette même représentation de la politique des élections.
En fait, quelles différences fondamentales y a-t-il entre Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall. Rien d’essentiel. Ils sont des nuances faciles dans le respect du règne du Capital (Français ou arabe ou américain), de l’exploitation du peuple et de la répression de toute déviance de cette vision de la politique.
Les élections sont, alors, le lieu des propositions de castes politico-bureaucratiques , chacune se déclarant mieux apte à gérer la structure de l’économie, des affaires de l’Etat au service des riches, des hommes d’affaires, des larbins tout en faisant croire au mensonge d’un État pour tous. S’il vous plaît , dites- moi lequel des futurs candidats aux élections présidentielles est prêt à mettre en œuvre une économie alternative par le peuple et pour le peuple pour fonder par les sacrifices du peuple une indépendance économique. Lequel est prêt à dissoudre l’assemblée nationale pour une assemblée du peuple où les députés, des travailleurs manuels ou/et intellectuels en exercice de leur fonction, sont tirés au sort pour chaque session. Ils ne seront pas alors des salariés grassement rétribués, des grands électeurs pour le parti au pouvoir. Lequel d’entre eux est prêt à une autonomie du peuple en ce sens que les gens organisés en leur lieu de production, de travail, de vie discutent de leur école, de leur hôpital, etc., décident, réfléchissent, élisent et démettent s’il le faut, contrôlent et gèrent dans le sens de réduire la pauvreté, les écarts, se chargent de répondre par tous aux besoins essentiels de tous.
Et, Les candidats, Macky le pire, Khalifa, Soumaré, Sonko, Dème, etc. Chacun d’eux vante ses qualités personnelles d’homme providentiel, celle d’un Dieu capable de tourner d’un tour de bras la réalité comme il le veut. C’est pourquoi chacun joue la corde victimaire. Macky dit avoir été saccagé par Wade. Sonko se forge son leadership sur la répression de Macky. Dème se donne comme un agneau de sacrifice pour avoir perdu des avantages énormes en démissionnant d’une justice corrompue. Khalifa Sall paie un prix fort par son emprisonnement.
Dans la politique représentative, électoraliste, le paradigme est, non le pouvoir d’un peuple, mais d’un leader, d’une équipe de bureaucrates. Chacun d’eux oublie que l’Etat est une structure organisée autour d’une logique qu’il n’a pas décidée de révolutionner. Les Ministres et leurs équipes sont tributaires d’employés, de fonctionnaires qui ont la culture des rouages.
DONC, LE COURAGE EST DE RÉVOLUTIONNER DURABLEMENT LA STRUCTURE ÉTATIQUE EN CONFÉRANT PROGRESSIVEMENT LE POUVOIR NON À L’ÉTAT MAIS AU PEUPLE. L’échec des révolutions soviétique et chinoises réside essentiellement dans le renforcement du parti-état alors qu’il s’agissait de le dépérir.
La question du leadership est aussi une duperie politique. Personne ne nie les volontés politiques fortes de Sankara, de Chavez pour leur peuple,. Ils ont voulu opérer d’en haut donc ( sans que le peuple soit réellement organisés à faire sienne la politique -au Burkina surtout-) les réelles transformations. Les impérialistes et les réactionnaires internes ne les ont pas laissé faire. Sankara a été lâchement assassiné. Chavez a connu coups d’état ou empoisonnement.
DONC, L’HOMME POLITIQUE PROVIDENTIEL EST DÉMENTI PAR L’HISTOIRE. SEUL UN PEUPLE ORGANISÉ, CONSCIENT DE LA DÉFENSE DE SES INTÉRÊTS ,DÉCIDÉ À CHANGER SA VIE EN COMPTANT SUR LUI-MÊME EST L’ACTEUR VRAI. LES INDIVIDUALITÉS OU LES PARTIS SONT DES DÉTACHEMENTS SOUS CONTRÔLE DU PEUPLE.
Sonko, Dème, A .Cissé en sont-ils convaincus ? Il y a eu de grandes transformations sociales et économiques lors du siècle dernier. Elles ( Révolutions russe, chinoise, chiapesque – au Chiapas-, et autres ) ont démontré que les peuples sont capables d’une non-domination, d’égalité. Elles nous ont enseignés, malgré leur échec, qu’elles sont le résultat lent, patient, organisé, fédéré par un parti au sein des masses autour d’une politique alternative de rupture au capitalisme.
QUE REPRÉSENTENT ALORS DES ÉLECTIONS SI LES ENJEUX NE SONT PAS DES TRANSFORMATIONS MAJEURES CAPITALES PARTAGÉES ?
Les catégories politiques qui reviennent le plus dans les discours des politiciens sont : république citoyenne, république de droit. La politique, au lieu d’être du côté du peuple souffrant se projette en une déclinaison de réformes pour rendre l’État plus apte à éviter les dérives, les graves défauts des anciens gérants : Senghor, Diouf, Wade, Macky ( tous mais surtout les deux derniers). La politique alternative et populaire ne se suffit pas de ses réformes.
La politique ne peut être que du côté du peuple. Elle ne peut qu’être égalitaire . Il s’agit d’une affaire sérieuse. Elle n’est pas une foire, ou un marché aux enchères pour plus de voix. Elle fait le choix de partager et de mettre en œuvre pour le bénéfice des plus démunis, des travailleurs l’option d’une vraie vie faite de travail, de loisirs sains, d’une utilisation optimale, avec décision et contrôle du peuple, des ressources pour assurer un avenir sûr.
Qui peut concevoir la politique du côté de l’achat des votes, ou des promesses, d’une élection à coup de dix à vingt milliards ? Ceux qui y croit sont ceux qui veulent s’ériger après, de droit, en rois, en présidents-monarques, détourneurs des deniers publics.
Ceux qui croient à la politique de sortie du capitalisme qui est une barbarie, un totalitarisme ont compris que cette vie qu’on nous impose n’est pas un destin auquel il leur est impossible d’échapper. Il y a, là, le geste premier. Le deuxième geste est de sortir sans garantie. Autrement , il faut tenir sur le point fixe qu’il n’y a pas de modèle, de pays à donner comme exemple.
LA SÉQUENCE D’UNE POLITIQUE NOUVELLE OUVRE LA FIN DES RÉFÉRENCES DE LEADER, DE RÉFÉRENCES ETATIQUES.
Certes, il y a eu des expériences, des expérimentations qui ont donné des leçons importantes. Nous devons inventer cette sortie en tenant compte de ces leçons . Le troisième geste est de se lier aux masses pour que soient dénoncés le capitalisme, le mensonge démocratique, pour que les idées d’une vraie démocratie intra-populaire où le peuple est souverain, d’une société qui met en place petit à petit l’égalité se construisent en des imaginaires, des forces réelles . Ainsi, le vrai pouvoir populaire se crée . Je vous sais si nombreux , disait, l’autre . Parce que dans ce pays, des gens y ont cru, y croient, se sont battus, se battent encore autour de ces idéaux .
Dans la politique parlementariste, électoraliste, la politique d’absentement du peuple par la représentation, les élections constituent le temps fort. Dans la politique d’autonomie populaire, le travail politique est celui de tous les jours, de chaque occasion. La posture du militant est celle de se lier aux masses à chaque occasion, de ne jamais se décourager, de s’organiser patiemment, durablement. Le militant n’attend personne. Il commence avec les idées d’égalité, fussent-elles vagues. Ne croyez pas simple rêveur. Il se sait qu’en travaillant ainsi son rêve prend la forme d’une réalité.
Par rapport aux élections présidentielles de février 2019, il privilégie le travail au sein du peuple en partageant avec lui sur la capacité d’une politique d’émancipation, une politique d’égalité.
Il peut aussi travailler au départ du régime corrompu et gaspilleur de l’argent du peuple de Macky, allié fidèle des multinationales impérialistes particulièrement françaises. Il comprend le départ de Macky comme une puissance du peuple, un pas pour mieux ne jamais douter de cette force. MAIS IL NE DOUTE JAMAIS QUE LA SEULE POLITIQUE À FAIRE EST CELLE OÙ LE PEUPLE DEVIENT LE SEUL SOUVERAIN.
Mame Atta GUEYE