Le secteur primaire (environ 17% du PIB et plus de 50% de la population active) demeure particulièrement exposé aux aléas climatiques et à la volatilité des cours mondiaux des matières premières.
Malgré sa contribution limitée au PIB, l’agriculture a pourtant le potentiel d’améliorer sensiblement le niveau de vie au Sénégal. Or, la croissance de ce secteur a été jusqu’à présent lente et instable, car sujette à des chocs climatiques liés aux variations de la pluviosité. Ce déficit pluviométrique constaté actuellement risque de plonger le pays dans une situation catastrophique si la tendance n’est pas renversée. Par ailleurs, des milliers de troupeaux ont déjà entamé des migrations en quête de pâturages, causant ainsi des déséquilibres au sein des territoires récipiendaires…
Nous devons donc réagir car cette baisse de la pluviométrie doit nous conduire à repenser notre politique agricole.
Un secteur agricole qui doit sortir de ce paradigme et tirer vers l’irrigation comme au Maroc ou en Égypte. Nous devons systématiquement travailler à la maîtrise de l’eau, en revitalisant nos vallées fossiles en s’appuyant sur nos 3 fleuves d’eau douce ( Senegal, Gambie et Casamance) et démultiplier les forages sur l’étendue du territoire à l’image du forage de Diender inauguré il y a quelques temps.
Le Sénégal dispose d’un potentiel non négligeable de terres irrigables, de l’ordre de 350 000 hectares environ. Toutefois, seules 4 % de ces superficies sont irriguées tandis que 80 % des surfaces cultivées, soit l’équivalent des superficies consacrées au mil et à l’arachide, dépendent des eaux pluviales. Les variations de la pluviométrie entraînent donc une modification de la productivité des différentes cultures.
L’agriculture étant reliée aux autres secteurs de l’économie, les aléas de l’activité agricole sont ressentis dans le reste de l’économie à travers les relations inter-branches. En particulier, tout choc négatif sur la branche « arachide » qui constitue l’intrant principal de l’huilerie, a des effets négatifs sur l’industrie agro-alimentaire. Le secteur des services, en particulier celui des transports, en amont de cette activité agricole, pourrait également être affecté. Par ailleurs, l’agriculture abrite trois actifs sur cinq et polarise la population pauvre. En effet, l’examen de la situation de la pauvreté atteste qu’au moins trois individus sur cinq sont pauvres en milieu rural.
Une meilleure prise en charge de ces questions fondamentales hisserait plus haut notre secteur agro-pastoral, en plus d’une impérieuse nécessité de mécanisation de l’agriculture. L’exemple de l’Inde qui a misé sur l’industrie de matériels agricoles ( confection de tracteurs, moissonneuses, faucheuses), est assez édifiant.
Augmenter la productivité agricole et la capacité de l’économie à créer des emplois productifs est l’une des conditions essentielles de réalisation d’une croissance plus forte, durable et solidaire. C’est pourquoi il est crucial de repenser notre politique agricole pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire et il conviendra aussi d’intensifier les cultures maraichères destinées à la consommation nationale ou à l’exportation. Ces mesures permettront de rééquilibrer notre balance commerciale chroniquement déficitaire pour renforcer la marche du Sénégal vers l’émergence. C’est mon intime conviction.
Babacar BA
Président Alternatives Citoyennes