Il est très rare de parcourir certaines rues de Dakar ou de certaines capitales régionales sans remarquer des conteneurs déchargés des objets de tout genre provenant des pays d’Europe ou d’Amérique. Réfrigérateurs, machines à laver, ordinateurs, habits, chaussures, mobiliers, jeux d’enfants, ustensiles de cuisine, serviettes, etc. Ces produits de tout genre déjà utilisés dans les pays dits développés augmentent de plus en plus et s’accumulent dans notre pays.
La croissance de ces ordures augmente à une vitesse exponentielle comme si le port de Dakar était considéré comme le dépotoir des pays développés et que les sénégalais sont des « boudioumans » de luxe prêts à mettre la main dans la poche pour se procurer de cette décharge des pays riches. Ces décharges qu’on nous déverse tous les jours ont plusieurs conséquences sociales, économiques et environnementales.
Elles ont mis au chaos voire tué l’initiative de nos peuples. Il est rare maintenant de voir ce cordonnier du quartier qui à la veille des cérémonies populaires étaient pris d’assaut pour des commandes de chaussures, de sacs etc., de même cet horloger, ce bijoutier ou ce réparateur de lunettes. On remarque cette véritable razzia causée par ces décharges sur les ateliers de menuiserie, d’ébénisterie, et autres initiatives qui devraient aujourd’hui évolué en petite et moyenne entreprise pour participer à la production de biens utilisés régulièrement par les sénégalais.
Le Sénégal de 2018 ne devrait pas importer de chaussures, de ceintures, de sacs en un mot de tout ce qui est de la cordonnerie car nous avons des cordonniers et même tout une commune qui s’adonne à cette activité et qui pourront même rivaliser ceux de Florence ou autres car ayant une expertise locale avérée en la matière et une matière première de haute qualité (imaginer la quantité de cuir que le Sénégal produit à travers les événements : Tabaski, Korité, Magal, Gamou, baptême, mariage etc.). Si à une certaine époque le marché de la chaussure locale était prospère, aujourd’hui les cordonniers pour la plupart tirent le diable par la queue.
Le Sénégal de 2018 ne devrait pas importer d’habits quelques soit sa nature nous avons les meilleurs tailleurs de la sous région qui peuvent rivaliser les plus grands couturiers de ce monde. En voyageant dans certains pays de la sous région Cameroun, Guinée, Gabon, Rwanda j’ai remarqué une forte présence de couturiers sénégalais qui habillent les plus grandes personnalités de ces pays.
Le Sénégal de 2018 ne devrait pas importer de mobiliers de bureau, de salon ou de chambre à coucher nos menuisiers ont une expérience et une expertise qu’aucun sénégalais ne peut nier. Pourquoi nous acceptons d’être la poubelle des pays riches. Je dis bien poubelle car sur le plan environnemental ces objets constituent une véritable bombe quant à leur destruction ou recyclage après utilisation.
Des millions de téléphones usagés, des téléviseurs, des ordinateurs et appareils électroménagers de grandes quantités d’équipements désaffectés sont déversés tous les jours dans nos pays via des conteneurs ou d’autres voies, en toute illégalité. Ces appareils, dont les composants peuvent se révéler très toxiques, finissent souvent dans des décharges clandestines des grands centres urbains et très difficiles à être recycler.
L’ONU même s’inquiète des conséquences environnementales et sociales dues aux déchets d’équipements électriques et électroniques. Cependant si on n’y prend pas garde, ces déchets vont polluer durablement l’eau et la terre et après nous n’aurons plus aucune solution. Et pourtant le Président de la République Monsieur Macky Sall dés les premières années de son accession au service des sénégalais a signé la Loi n° 2015¬09 du 04 mai 2015 relative à l’interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la distribution, de l’utilisation de sachets plastiques de faible micronnage et à la gestion rationnelle des déchets plastiques.
Cette prise de conscience de la plus haute autorité de l’ampleur de la situation devrait amener non seulement tous les sénégalais sans exception aucune à revoir leur rapport avec l’environnement mais surtout à l’autorité en charge de cette question à prendre toutes les mesures pour que cette loi soit appliquée dans toute sa rigueur et que l’importation de tous ces « déchets » s’estompe définitivement si nous ne voulons pas que le Sénégal tout entier devienne une « MBEUBEUSS » pour les pays riches.
Ce n’est pourtant pas compliqué les populations d’autres pays en collaboration avec leur autorité l’on réussi le Rwanda en est une parfaite illustration.
Modou Fatma MBOW
Ingénieur