Par un communiqué conjoint, l’opinion a été informée de la démission conjointe du Directeur général de Gfm et du Directeur de la Rfm. Selon ce même communiqué, le Président du Groupe, conformément à sa vision et aux valeurs auxquelles il croit, a loué les qualités de ses ex-collaborateurs et exprimé sa volonté de les accompagner pour la réussite de leur projet.
Ces démissions jugées très normales, s’inscrivent évidement dans l’évolution de toute structure en expansion et constituent des étapes dans leurs carrières.
Cependant, au niveau de l’opinion publique, ces démissions suscitent beaucoup de commentaires et d’interrogations, dont seuls les concernés connaissent les tenants et les aboutissants.
Pour nous, esprits simples, l’analyse du contexte et la position de leader du groupe de presse Gfm nous amène à nous poser les questions suivantes : Qu’est-ce qui sous-tend cette démission collective ? Est-ce pour des raisons stratégiques au sein du paysage médiatique, ou bien est-elle le début d’une bataille de l’information en vue des échéances politiques à venir ?
Pour la première, les différents Groupes de presse, selon les règles de la concurrence, déploient en permanence des stratégies pour être leaders. Les derniers développements liés à la diffusion de la Coupe du monde en sont une parfaite illustration. Mais, au vu des difficultés financières auxquelles ils sont tous confrontés, auront-ils les moyens financiers pour s’attacher les services de poids lourds de la presse sénégalaise ?
L’autre alternative, c’est la création d’un organe de presse au Sénégal et non hors du pays. A ce sujet, l’expérience prouve que, dans ce secteur, la vitesse de croisière n’est atteinte qu’au bout de 5 années, sans assurance d’une rentabilité financière.
Dans la conjoncture actuelle très défavorable à un tel projet, pour quelles raisons, ces promoteurs voudront s’investir dans un secteur de l’audiovisuel saturé et recruter des responsables dont le traitement est ce qui se fait de mieux dans le milieu ? Quelles sont les assurances et garanties données à ces professionnels pour qu’ils prennent une décision concertée de quitter leurs fonctions actuelles, alors qu’ils bénéficiaient de conditions de travail respectueuses de l’éthique et des valeurs que doit incarner tout professionnel de l’information ?
La seule explication plausible est à trouver dans les ambitions d’un promoteur, autre qu’un simple homme d’affaires, qui dispose de moyens financiers conséquents pour assurer ses ambitions.
Pour la deuxième hypothèse, l’on pourrait se poser cette impérieuse question : Le groupe serait-il victime de sa politique d’ouverture à tous les acteurs politiques et du traitement équitable de l’information ?
La force du groupe et sa réussite s’expliquent, en grande partie, par sa neutralité dans le traitement de l’information.
Le fait de débaucher deux responsables jouissants d’une notoriété auprès de l’opinion publique, forgée tout au long des 15 ans de présence, dans un parfait esprit de collaboration et de respect mutuel, pourrait être interprété, par certains, comme une tentative d’affaiblir le groupe ou bien de disposer au sein des états majors de capacités susceptibles de porter les stratégies et plans de communication pour les échéances électorales qui se profilent à l’horizon.
Dans tous les cas de figure, les prochains jours nous édifieront et conforteront ou non les faisceaux d’informations autour de ces départs.
El Hadj Diop
expert audiovisuel