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Le Roi-singe : L’antéchrist De La Démocratie Ndoumbélanoise

Le Roi-singe : L’antéchrist De La Démocratie Ndoumbélanoise

Quand la liberté de parole est confisquée dans un régime de la terreur, la satire devient une arme

Il n’y a pas de doute que lorsqu’un singe défie ses adversaires sur les cimes des arbres, c’est bien parce qu’il sait que sur le sol, qui est le terrain neutre, il n’a aucune chance. Ndoumbélane a dépassé l’ère du bourrage des urnes et du transfert des électeurs d’une localité à l’autre. Aujourd’hui la volonté populaire est manipulée à l’avance : c’est a priori que les jeux sont faits, surtout quand l’opposition manque de vigilance. Ce sont les dispositifs administratifs (code électoral, ministère, commission électorale, la justice) qui sont façonnés et pilotés pour rendre impossible la défaite du roi. Ne pas comprendre ce jeu des nouveaux fossoyeurs de la démocratie, c’est faire preuve de candeur politique ou être complice d’un deal contre la démocratie. Avec de telles institutions, même une reine torture pourrait remporter la course vers le trône. Être élu démocratiquement dans une sorte de despotisme institutionnel : telle est la nouvelle trouvaille de l’Antéchrist de la démocratie de Ndoumbélane. La parodie électorale qui se prépare à Ndoumbélane consiste à organiser un simulacre d’élection transparente, mais sans aucune base démocratique. Oui je vous le dis, l’Antéchrist de la démocratie est en action et, croyez-moi, il a ses apôtres, mêmes dans nos rangs !

Il a dénaturé sans gêne la constitution de Ndoumbélane et a tout bonnement fait du code électoral un boubou taillé sur mesure, c’est-à-dire, capable de dissimuler ses cornes postérieures et sa queue asymétrique. « Golo gu tappèt du foé fu soré taatu garab ». Les concurrents du roi-singe n’ont pas encore compris sa stratégie démoniaque : en instituant ce code après avoir lié les pieds de ses principaux concurrents, il cherche à attiser la fibre de la rivalité dans les rangs de son opposition. L’égoïsme politique et l’avidité pour le pouvoir finiront par convaincre les uns et les autres que la neutralisation de certains concurrents joue en leur faveur. En d’autres termes, tout singe potentiellement candidat nourri tragiquement l’espoir que si les autres primates concurrents sont disqualifiés, il bénéficierait d’un report de voix. Quelle erreur politique monumentale ! Ils ont oublié que le seul domaine où le singe est habile, c’est celui du saccage du bien d’autrui et du vol.

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Il ne sert rien d’attendre du singe une conduite de sagesse une quelconque forme d’élégance républicaine. Demander à un singe de marcher droit n’est pas seulement une utopie, c’est aussi et surtout une façon de le condamner à simuler tout le temps. Et à force de simuler, il finit par croire que l’inessentiel et le superflu sont la priorité à Ndoumbélane. Les primates nous rappellent notre vie primitive : chez le primitif, l’incantation est censée être fécondatrice d’efficacité sur le réel, et c’est la même chose chez les singes. Face à la dureté et l’indépendance des faits, le singe se tourne du côté des cris et de la vocifération dans l’espoir de voir la réalité se soumettre à ses désirs.

Il avait juré que tous les citoyens de Ndoumbélane auraient le même traitement de citoyen ordinaire, mais tout porte à croire qu’il était dans le stade de l’incantation. Au lieu d’offrir la république de Ndoumbélane comme gage de cette égalité, le roi-singe s’est lancé dans une entreprise d’assujettissement de la république à des forces et à des groupuscules. Alors que l’État devrait être le maître de tous les citoyens et de toutes les fractions du pays, son éminence le roi-singe, architecte de la grimace institutionnelle, a donné à la république des maîtres aux volontés naturellement antinomiques.

Il a plusieurs maîtres à contenter. Et puisqu’il n’est pas aisé de satisfaire deux maîtres à la fois, on peut facilement imaginer ce que devient la gestion de Ndoumbélane sous le règne du roi asservi : un jeu d’équilibrisme qui ôte toute transcendance, toute efficience et toute objectivité à la république. Celle-ci est obligée d’aller chercher sa légitimité dans les régions sombres du chantage, du clientélisme et du lobbying. La décadence de l’État de Ndoumbélane est, en fin de compte, telle que sa ruine n’est plus qu’une question de temps ou de fortune. L’irruption dans le PENC de Ndoumbélane de discours et de pratiques politiques aux motivations ostensiblement communautaristes est un signal du danger qui guette ce pays. Mais pour son trône le roi-singe n’hésiterait pas à brûler tout Ndoumbélane, jadis havre de paix et modèle de démocratie.

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Il est comparable à un danseur de corde : sans le danger, sa vie trop ordinaire ne mérite pas d’être vécue. Le roi-singe joue avec le danger parce qu’il a la conviction que le peuple, fataliste à souhait, n’a plus les ressources nécessaires pour achever la révolution qu’il avait initiée il n’y a guère longtemps. Contrairement à ses déclarations et, comme tout singe d’ailleurs, il fait toujours la malice et l’ingratitude de façon sournoise. Incapable de soutenir un débat contradictoire, il se réfugie derrière la fable du roi taciturne qui ne répond pas à ses détracteurs. La grande imposture de la morale des faibles, c’est de transformer subtilement la faiblesse en force.

Il se targue de n’avoir jamais proféré des propos irrévérencieux à l’endroit de son mentor et artisan : quelle mythomanie ! Il y a des actes qui sont des pamphlets et des insinuations qui portent davantage préjudice que les invectives directes. Le cuivre doré est bien évidemment de l’or faux, mais chaque jour des gens se font arnaquer avec. Ce qui est affligeant dans ce pays qu’est Ndoumbélane, c’est que les plus vicieux et les plus médiocres peuvent se comparer aux plus estimables : le pouvoir donne le privilège de la virginité morale et politique. Les ressorts traditionnels qui servaient d’arbitre, comme les piliers de la république, sont tous devenus des marionnettes du régime du roi-singe.

Il serait, sous ce rapport, intéressant de savoir quel serait l’AVIS du conseil constitutionnel de Ndoumbélane s’il était appelé à se prononcer sur la candidature d’un mouton de panurge à l’élection présidentielle. Dans ce pays qui rappelle à bien des égards celui de Dionysos, il y a tellement de faiseurs de dithyrambes que le roi le plus médiocre est présenté comme un génie. A ce rythme, il n’est pas loin le jour où un mouton ou un serpent accèdera au trône de Ndoumbélane. La science et la vertu ne garantissant ni légitimité ni consécration, il suffit simplement de savoir manœuvrer et mentir à satiété pour accéder au trône et s’y maintenir. L’on se rappelle que quand le roi-singe fut en ballotage, il n’avait pas hésité à aller jusqu’à faire la cour aux morts sur leur tombe pour être élu. Cet élément trop ordinaire, peureux et brouillon est paradoxalement présenté aujourd’hui comme un messie, un héros qui a battu tous les records de réalisation et de bienfaisance ! Et quand je vois tous ces charognards qui rôdent dans le ciel de Ndoumbélane, je suis intrigué et révolté.

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(A suivre )

 

Alassane K Kitane

Alassane K. KITANE

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