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Wade, Le Dernier Combat

Wade, Le Dernier Combat

« Il n’y aura pas de plan B. Nous contraindrons Macky à respecter le choix de notre parti.. »

Tout est là. Tout est dit. La dernière bataille politique du « Pape du Sopi » est résumée dans cette phrase qui apparaît comme une déclaration de guerre, du vieux général qui prépare comme il y a  20-25 ans un « mortal combat » contre un fils putatif émancipé de sa tutelle grâce aux suffrages des citoyens, pour l’installation d’un héritier politique autoproclamé qui est loin d’avoir prouvé qu’il mérite les sacrifices du vieux père, ainsi que les campagnes de ceux et celles qui mettent en jeu leurs vies plus pour ce qu’ils doivent au père.

L’affaire dite de Me Madické Niang et du groupe des rebelles est révélateur d’une stratégie politique bancale qui veut imposer un suicide collectif pour l’honneur d’un fils  qui ne peut réclamer aucun parcours ou mérite historiques, qui justifieraient les sacrifices demandés à des hommes et des femmes qui commencent légitimement à se demander le bien fondé de la stratégie de leur général. L’effritement continu des manifestations autour de la candidature à marche forcée de Karim Wade, illustre par défaut le désenchantement de plus en plus visible des troupes .

Oublions les rhétorique guerrières du Pape du Sopi, et les propos d’un exilé de luxe qui inonde les réseaux sociaux de bravades  sans conséquence à longueur de sorties, et analysons froidement les options qui restent au « vieux » pour imposer  au pouvoir la candidature hypothétique du Pds. Légalement, il semble qu’il n’y ait plus de porte d’entrée dans la course à la présidentielle. Il reste le rapport de force imposé par des mobilisations de rue comme aux temps du « Sopi » triomphant des années 80-90, voire même les années 2000. 

Tentons quelques éléments d’explication, qui ne plairont certainement pas aux caciques du Pds. Le régime actuel, malgré ses tares, ses dérives, et ses reniements historiques, n’est pas comme le régime socialiste de l’époque fatigué, usé par quarante ans de gouvernance. Le régime socialiste ne pouvait plus inventer de nouveaux espoirs, de nouveaux rêves. Bref, son avenir était derrière lui. Comme disait l’autre, « ceux d’en haut ne pouvaient plus gouverner et ceux d’en bas ne voulaient plus être gouvernés » .

Quarante ans de règne avaient fermenté les haines et cimenté les alliances contre l’ennemi identifié par tous : des sans-culottes aux classes moyennes asphyxiés par des plans d’ajustement qui avaient fini de niveler par le bas toutes les forces vives. Le « Sopi » de l’époque,  s’était nourri de ce terreau  fertile qui faisait pousser toutes les résistances vers un seul but : enterrer profond un régime qui, à force  de durer, avait fait de l’arrogance son marqueur indélébile. Malgré un délitement et des craquelures multiples, le régime de Macky n’est pas encore, dans la catégorie « fruit mûr à ramasser ». L’ignorer ou le nier, conduirait à des stratégies erronées et à des  déceptions dont on mettrait du temps à se relever.

Le Pds, qu’on le veuille ou non, n’est plus ce monstre sacré qui faisait trembler les socialistes et leurs alliés conjoncturels.Si on ouvre les pages du livre du Pds depuis l’an 2000, et que nous lisions sans ouillères ni parti pris, entre les lignes, que remarquons-nous ?

D’abord, douze ans de pouvoir ont assoupi les guerriers des temps de braises, gonflé des ventres repus par des ripailles que seuls de nouveaux parvenus peuvent organiser. Les soldats du Sopi, en entrant au Palais, au Parlement, dans les ministères et autres directions nationales, se sont jetés comme des rapaces sur les ressources du pays. Comme ceux qu’ils venaient de chasser. Même, les fameux «  calots bleus », les forces spéciales du Sopi en marche, ont oublié jusqu’à leurs techniques de combats, dès lors qu’ils ont intégré pour la plupart les vraies forces de sécurité. 

Quant à la crème du parti, dès qu’elle eut occupé les postes laissés vacants par la débandade socialiste, ils perdirent leur âme de « Baye Fall » du Pape, et leur statut de «  fous du Sopi ». Bref, ils oublièrent jusqu’aux règles de base de la « rue publique » et instituèrent même une réglementation scélérate en édictant un décret anticonstitutionnelle contre nos droits et libertés, en faisant du Dakar des affaires et des ambassades un bunker.

 Alors, quand repus et oublieux de leur récent passé miséreux, ils perdirent le pouvoir en 2012, ils firent ce que d’autres avant eux avaient courageusement fait : fuir le sabre de la justice et aller se planquer avec son butin derrière le dos puissant du nouveau maître.

Le vieux, n’a t-il pas remarqué que ses troupes sont disloquées ; que ses rangs se sont dégarnis. N’a t-il pas remarqué que sa force de frappe s’est érodée avant la descente aux enfers de son fils dont il veut faire contre vents et marées un héritier politique non méritant. Les rares rescapés de la longue marche du Sopi, le Pds-Canal historique, résistent encore par loyauté envers lui et non par conviction d’une stratégie et d’une ligne politique aux allures d’un sacrifice collectif organisé par un gourou atteint d’une démence sénile. « Il n’y aura pas de plan B », martèle t-il depuis Dubaï. Et demande de continuer la lutte. Quelle lutte pour quel objectif ? 

Bien sûr qu’il y’a un plan B dans cette bravade facile : organiser la chienlit dans tout le pays, foutre la trouille au « lion dormant », qui s’est réveillé depuis quelques semaines pour nous vendre son « bilan » et préparer un hold-up électoral avec le parrainage comme l’arme du crime.

Mais il y a quand même une sacrée question qui est loin de relever du rhétorique : le PDS et ses alliés du moment (qui vont de plus en plus traîner les pieds) sont ils aujourd’hui en mesure d’imposer par un rapport de forces issue de la rue, un recul au gouvernement ? Plus encore : peuvent-ils créer les conditions pour empêcher la tenue de la présidentielle à date échue ? Parce que, à moins de prendre des vessies pour des lanternes, et les militants pour des demeurés, l’alternative, le « Plan B » qui n’existe pas, c’est empêcher la tenue des élections !

Que le fils,  candidat « choisi » par un congrès manipulé, rentre demain au pays et prend la tête de ses troupes pour imposer sa candidature. Qu’il montre à ses troupes qu’il n’y a eu ni « deal » ni un protocole honteux pour sa libération et son exfiltration express vers Doha. Que Rebeuss peut devenir sa résidence secondaire d’où il organiserait la résistance et sa campagne électorale. Sinon, c’est trop facile d’envoyer les troupes au casse-pipe et se terrer là-bas dans des résidences huppées d’amis monarchiques…

Le vieux Pape du Sopi, pense qu’il sera encore accueilli par les foules à son retour d’exil et qu’il aura droit à une procession monstre de Aibd à Point-E, son domicile, puisqu’il lui sera difficile après les gentillesses qu’il a lancées à Madické Niang d’aller loger chez ce dernier, à Fann Résidence, comme il le fait à chaque fois qu’il est à Dakar depuis son départ du pouvoir.

Il faut arrêter de faire croire que la ruse peut faire office de stratégie politique… 26 ans d’opposition devrait quand même lui servir encore de boussole !

dndiaye@seneplus.com

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