L’opinion, bouche bée de sidération, a assisté à l’étripage public auquel vous a soumis sans pitié votre chef de parti et ami l’ancien Président Abdoulaye Wade qui dès qu’il s’agit de son fils Karim Wade perd tout sens de la mesure et de la retenue. Comme César et son accusation terrible à Brutus « Tu quoque mi fili ! », Abdoulaye Wade vous a accusé de parricide et du haut de ses 94 ans a psalmodié moult incantations pour que la malédiction divine s’abatte illico presto sur la tête du traître que vous seriez. Et vingt-quatre heures plus tard, suite à vos explications scabreuses, il se contente de vous signifier publiquement la fin de ce qu’il considère être qu’un simple malentendu !
Maître Niang, je ne suis pas de votre parti mais j’ai salué qu’enfin quelqu’un de ce parti historique qu’est le PDS ait pris son courage à deux mains pour faire comprendre à Abdoulaye Wade que l’avenir impossible de son fils bien-aimé Karim Wade ne pouvait entraîner l’impotence et l’impuissance politique de tous les autres responsables libéraux tout aguerris et expérimentés qu’ils soient.
Maître Niang, vous découvrez à vos dépens que Abdoulaye Wade n’a que faire de la loyauté et du dévouement que vous lui avez dédiés depuis de nombreuses années. Il ne s’est pas gêné pour vous allumer sur le bûcher de la place publique. Il vous restait à comprendre que vous, ses compagnons d’hier et d’antan, n’avaient d’intérêt à ses yeux que si vous servez exclusivement les intérêts de son fils.
Les sénégalais qui ont pratiqué avec lui le « dégagisme » avant que l’expression ne soit inventée l’avaient vu venir le 23 juin 2011 et par leur mobilisation populaire ont fait échec à son projet de monarchisation de nos institutions. Vous, qui vous êtes tant donné pour lui au point de lui laisser votre domicile lors de ses séjours au Sénégal, n’avez pas vu venir son second projet de monarchisation, cette fois-ci celle de son propre parti, le PDS, qui n’existe que pour servir son fils Karim Wade.
Maître Niang, dans notre culture sénégalaise, il n’y a pas motif de guerre plus grave que l’accusation publique de traîtrise. Abdoulaye Wade a tiré un trait sur votre long compagnonnage pour vous traîner dans la boue et même vous enfoncer la tête dans la fosse de l’infamie parce que vous seriez l’instigateur d’un plan B qui ferait de vous le candidat de rechange à la place de son fils repris de justice inéligible. Dans votre lettre-réponse pleutre et lopette, vous évoquez l’image pathétique de l’esclave qui pensait à prendre le large et soudain par peur se repentit puis arrache le fouet des mains de son maître pour s’autoflageller encore plus fort. Alors, Abdoulaye Wade, après vous avoir offensé urbi et orbi, sur un ton seigneurial. décide qu’il ne s’agissait que d’un incident de mineure importance
Maître Niang, et votre honneur bafoué ? Coûte t-il si peu cher pour que Abdoulaye Wade puisse s’y essuyer les pieds et faire comme si de rien n’était? Le tout parce que selon lui, son fils Karim Wade vaut mieux que vous tous cadres et responsables réunis. A moins que le moitié-blanc qu’il est ne lui confère, selon son père, plus de valeur que vous autres nègres à temps plein.
Bassirou Sylla est enseignant à Sandiara