Les populations de Bargny seraient-elles considérées comme quantité négligeable dans la mise en œuvre des programmes dits d’intérêt général ? Au regard de la récurrence des actes et mesures de toutes sortes que subissent ses braves populations qui ne sont aucunement consultées au préalable, ni a posteriori n’ont trouvé grâce auprès des autorités publiques, y répondre par l’affirmative ne semble guère exagéré.
Les faits sont là, palpables, souvent réalisés avec le concours des services de l’Administration publique en toute méconnaissance des réalités et pratiques locales, mais aussi à l’encontre des attentes des populations. C’est à se demander si on ne cherche pas à provoquer les populations pour ensuite les mettre au pas d’une façon ou d’une autre lorsqu’elles auront réagi autrement que dans le sens souhaité par l’autorité centrale.
Sous le couvert de l’intérêt général, dans le cas présent de l’exécution des travaux du Ter, l’Apix a choisi de couper brutalement la seule et unique voie de circulation automobile et piétonne qui constitue le cordon ombilical entre le grand Bargny et les populations de Bargny, installées derrière la ligne de chemins de fer. Un choix de solution à la fois irréfléchi, irresponsable et très contestable, facilité par le manque d’idées d’un maire devenu impopulaire au point de raser les murs de sa commune et qui peine lamentablement à réunir son Conseil municipal sur les questions essentielles. Déjà une semaine que les populations se démènent entre les deux (2) enclaves ainsi constituées, dans l’indifférence du maire, préoccupé ailleurs à arrondir ses fins de mois de plus en plus difficiles à la tête de l’institution municipale ! Une situation très grave qui met les populations impactées – désemparées plus exactement – devant leurs responsabilités non pas pour défendre et améliorer leurs conditions de vie, mais pour consentir gratuitement de souffrir, de ne point entraver les travaux en cours, d’accepter le fait du prince qui prime sur toute autre considération. L’urgence fait loi ?
La fermeture actuelle à Bargny, annoncée sur deux (2) longues semaines du passage à niveau situé non loin de la gare ferroviaire pour des contraintes de délai – nous a-t-on dit – dans l’exécution des travaux liés au projet du Train exprès régional (Ter), participe de cette politique. Elle est le dernier acte d’une longue série de pratiques qui sont la source de frustrations, d’humiliations, de blocages des activités économiques locales ou plus simplement de perte de temps et d’argent, un manque notoire de respect à l’endroit des populations. Le communiqué de l’autorité préfectorale, diffusé par la radio après l’application de la décision de fermeture, ne déroge pas à la règle. La trouvaille en substitution à la fermeture du passage à niveau est d’une aberration déconcertante pour la qualité des ressources humaines, mais aussi des moyens dont dispose l’Apix. Pour aller d’une enclave à l’autre, nous devons prendre la Rn jusqu’à Rufisque, emprunter la route chaotique entrecoupée de «dos de dromadaire» qui passe devant l’entrée principale de la Sococim, rouler sur l’asphalte couvert de houille avant d’être à nouveau à Bargny. Voilà en résumé le détour, le contournement sur près de 10 km avec son lot de désagréments, en cette période de pluie, qui nous est imposé comme une déviation de la circulation pour ne point perturber la sérénité des personnels et des engins opérant sur le tronçon du Ter qui croise la route en cause. N’était-il pas plus indiqué d’aménager une voie de passage provisoire, ou de permettre un passage partiel ou intermittent en fonction du flux des véhicules ou encore une ouverture selon le niveau des opérations à réaliser sur ce tronçon du Ter ?
Gouverner c’est prévoir, dit-on. L’Apix devait savoir qu’à cet instant du déroulé du projet, les voies (souterraines ou aériennes) de franchissement des rails sur lesquels le Ter va passer seraient construites ou en voie d’achèvement. Curieusement, à part les poteaux de support, on ne voit rien d’autre se dessiner ici comme ailleurs. Il nous semble impensable de lancer un engin aussi performant au plan de la vitesse, à partir du mois de janvier prochain et de ne pas traiter le volet portant sur la sécurité dans les zones concernées en termes de sensibilisation, d’information et de dispositifs opérationnels à mettre en place sans délai. A-t-on tiré les enseignements utiles de la réalisation de la Vdn, de la Rn1 pour construire à temps des voies de passage qui prennent en compte le dynamisme social et économique des sites concernés ? Des errements de cette nature ne devraient plus prospérer, pas plus que les explications du médecin après la mort. Gageons que le scénario truffé de difficultés et d’incertitudes dans lequel les populations de Bargny sont embarquées contre leur gré est simplement un malencontreux épisode qui va se refermer très vite, et ne soit l’expression d’un avant-goût amer du décor accompagnant l’ouverture de la ligne électrique du chemin de fer au bolide, le Ter.
Mamadou POUYE
Conseiller Municipal à Bargny
Résident dans l’enclave située derrière les rails.