Me taire, ce serait me trahir. Me taire, ce serait trahir ma conscience d’homme engagé. Me taire, ce serait casser ma plume de pisse-copie lénifiante. Nous taire, ce serait participer à la disparition prompte de cette ville léboue, Bargny. Le Bargny que j’ai connu dans ma tendre enfance, écartelée entre Rufisque et Bargny, était joyeux. Le Bargny que j’ai connu, rayonnait de joie et de tendresse et flottait dans le vent cette fierté léboue à jamais gravée dans le calcaire. Mais qu’est devenue entre temps cette fierté tant festinée et célébrée dans le Sénégal? Cette dernière n’est plus ce qu’elle était avant. A jamais emportée par les flots de cette mer déchaînée et dévastatrice qui n’est plus ce qu’elle était avant. Cette mer, notre compagne et notre havre paix de jadis. Une impression de nous dire que le mal est près de nous et est en nous. N’allons pas chercher loin ! Sommes-nous punis voire les quelques damnés de ce pays lilliputien qu’est le Sénégal qui est devenu subitement un nouvel eldorado du gaz et du pétrole ? En effet, Bargny est agressé, torturé dans sa chair, mis à genoux par ses propres fils et ses propres filles. Et la question à brûle-pourpoint, c’est de savoir que deviendra Bargny d’ici peu? L’avenir de cette commune, à jamais suspendu à ces deux verbes, résister ou disparaître, nous le dira. Quand on parle de Bargny, l’on ne peut ergoter sans penser à son maire précédent, en l’occurrence Salamba Diouf. Celui qui parlait et décidait de tout. A lui seul, il tenait les différents conseils de la municipalité. Un drôle de maire doublé d’un politicien obséquieux. Il faisait appliquer son diktat à qui veut l’entendre. En effet, Salamba Diouf fut notre mal et continue de l’être et à travers l’équipe municipale actuelle même s’il existe désormais une pseudo-démocratie où les langues chauffées à blanc, commencent à claquer. En fait, l’époque de Salamba est révolue et une page de son histoire, le mal, notre mal, est tournée. L’heure est à l’internet ce que l’assemblée des sages d’antan fut au soliloque du maire. De nos jours, tout se sait et tout s’articule autour de principes devant régenter la vie d’une commune. Si Bargny est à ce stade actuel, les maux ont été perpétrés par Abdoulaye Wade et Salamba, deux hommes à l’allure funeste ayant traversé toute l’histoire politique de ce pauvre pays, déglingué et voguant telle une nef de fous. Je pèse et soupèse mes mots. Salamba Diouf, et je ne m’en cache pas, a été le mal de cette ville à jamais dépravée de ses us et coutumes et appauvrie. Et quid de la phrase malheureuse d’un des sbires du président actuel de la République, disant que Bargny meurt à cause de la pauvreté ? Mar Diouf, du temps de son règne, ne faisait qu’à sa tête et qu’à sa clique dont certains membres sont dans l’équipe municipale d’aujourd’hui. Mais hélas, Bargny a refilé le coutelas à ses propres ennemis qui lui ont fini de lui trancher la gorge. Drôle de scène ubuesque et diabolique tout de même ! Une impression d’un suicide collectif doublé d’un ndeup. A Bargny, l’on oublie le passé et l’on pointe déjà le coupable. En effet, le coupable ce n’est point l’actuel édile, Abou Seck. Et ce dernier, est-il de coupable de quoi ? Le vrai coupable, c’est ce peuple qui l’a porté au pinacle. Abou Seck, de près ou de loin, n’est en quelque sorte coupable de quoi que ce soit. Mais bon tel dirigeant tel peuple ! Le maire Abou Seck est notre reflet et il a subi une injustice hors norme naissant avant son avènement aux affaires. Comme le peuple, il écoute et fléchit tout en courbant l’échine mais risquerait de se casser un jour. Vous savez quel est notre mal, à nous sénégalais ? Les politiciens ! Je ne dis pas les politiques parce que chez moi je les conjugue au présent et au mépris. Le mépris du peuple. Le Sénégal et ses démons. L’émergence à tout prix est le crédo de Macky Sall et quid de ses conséquences ? N’en déplaise aux bargnois, ces gens qu’Abdoulaye Wade traitait de voyous, le Sénégal se fera sans ce terroir lébou. Que ce dernier disparaisse, ce ne sera pas la dernière fois ! Il est des moments où il faut sacrifier une partie de ses concitoyens pour avancer sur le chemin du développement. Oups le chemin de l’émergence ! Et il est pavé de bonnes intentions selon Macky Sall, le locataire de l’avenue Roume. En effet, le terme Emergence, créé dans une officine française est galvaudé de nos jours. Wade ayant toujours affiché un mépris envers Bargny, au faîte de sa gloire claironnée, décida de rayer ce dernier de la carte du Sénégal. Avec la complicité des autorités de l’époque. En fait, Bargny est agressé par la cimenterie Sococim depuis 1948. Il est en train d’être englouti par les vagues de l’Atlantique avec une érosion côtière on ne peut plus indescriptible. Et enfin, il est en train d’être étouffé par une centrale à charbon à dessein obscur sans oublier la confiscation de ses terres par la toute puissance de l’Etat. Et Diamniadio, ville nouvellement implantée et connectée, lui a damé le pion. Et sans oublier le port minéralier et vraquier. Décidément, la ville de Bargny semble maudite à jamais. Merci à Abdoulaye Wade et à Macky Sall et avec le silence très coupable de nos autorités municipales de nous tuer à petit feu. Rire jaune et désolation. Faut-il le répéter ad nauseam ? Si l’on n’y prend pas garde, Bargny sera sous peu qu’un lointain souvenir et l’histoire retiendra ceci ; « ci-gît Bargny, ce terroir lébou à jamais dans les oubliettes de l’histoire du Sénégal ». Prions pour que le combat continue et que Bargny renaîtra de ses belles cendres d’antan mais à ce rythme véloce, les bras croisés, nous allons tout droit dans le mur. Je ne saurais terminer sans adresser un bravo à toute l’équipe du film-documentaire : BARGNY, ici commence l’Emergence. En effet, j’ai l’infime espoir que ce film suscitera un réveil chez nos autorités étatiques même si le mal est déjà fait.
POUYE Ibra
L’article Je suis agressé et je m’appelle Bargny .