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Le Ministère De L’intérieur Peut-il Encore Organiser Les élections ?

Le Ministère De L’intérieur Peut-il Encore Organiser Les élections ?

L’organisation des élections au Sénégal a toujours été l’apanage du ministère de l’Intérieur.

Cette mission a fait souvent l’objet de contestations.

C’est le cas lors des dernières élections législatives où de nombreux couacs avaient été notés aussi bien dans la conduite du processus électoral que dans l’organisation du scrutin.

En effet, la refonte totale du fichier électoral avec l’introduction des cartes biométriques à puce CEDEAO, avait entraîné beaucoup de dysfonctionnements dans la conception et la distribution de ces cartes.

Sur un total d’inscrits de près de six millions cinq cent mille (6 500 000), seuls trois millions trois cent dix mille quatre cent trente cinq (3 310 435) ont pu voter alors que deux millions sept cent quatre vingt dix huit trois cent huit( 2 798 308), représentant 45% de l’électorat, n’ont pas pu voter pour défaut de cartes d’électeurs.

Le branle-bas qui s’en est suivi nous a peut-être valu le limogeage du ministre de l’époque, Monsieur Abdoulaye Daouda Diallo.

Hélas ce changement de fauteuil n’a pas freiné les ardeurs de l’opposition qui a continué à réclamer à cor et à cris une personne moins colorée que le remplaçant de Abdoulaye Daouda Diallo, Aly Ngouille Ndiaye, membre à part entière de la coalition Benno Book Yaakar et maire de la commune de Linguère.

Ce dernier avait fini de se mettre à dos toute l’opposition après sa fracassante sortie sur les moyens qu’il compte utiliser pour faire gagner le candidat de sa coalition dès le premier tour.

Ceci a reposé le débat sur sa capacité, en tant que partisan, à organiser des élections transparentes.

La tradition politique nous avait habitué, depuis le code consensuel de 1992, à confier la responsabilité de l’organisation des élections à un ministère de l’Intérieur, chargé des élections piloté par une personne neutre.

C’est le cas, sous le magistère du Président Abdou Diouf avec les Généraux Mamadou Niang et Lamine Cissé et sous Abdoulaye Wade de l’Inspecteur général d’État Cheikh Gueye.

Ceci avait eu pour effet l’apaisement des tensions politiques, la restauration du climat de confiance entre les acteurs politiques et l’organisation d’élections transparentes.

Mais les nominations de Ousmane Ngom, Abdoulaye Daouda Diallo et Aly Ngouille Ndiaye semblent remettre en cause ces acquis obtenus après d’âpres combats.

Même si le maitien du contesté Ousmane Ngom à la tête du ministère de l’Intérieur n’avait pas empêché au Président Abdoulaye Wade de perdre l’élection présidentielle de 2012, celui de Aly Ngouille Ndiaye associé à la rupture du dialogue politique, au défaut de confiance entre acteurs et aux prises de position de ce dernier laisse perplexe l’opposition quant à la capacité de ce dernier d’organiser des élections transparentes.

Les difficultés rencontrées dans la conception et la distribution des cartes d’électeurs, la radiation de Karim Wade des listes électorales par une direction du ministère de l’Intérieur qui s’est substituée à la loi pour prendre une décision de justice ne sont pas pour rassurer l’opposition.

De même la récente sortie du directeur de la communication du ministère de l’Intérieur fustigeant la décision prise par le PDS de particulariser ses fiches de collecte de parrains imprimées à ses couleurs alors que rien ne semble s’y opposer légalement donne de l’eau au moulin de cette dernière.

Par ailleurs l’imbroglio sur la tentative de récupération des fiches du candidat de Pastef, Ousmane Sonko est loin d’arranger la situation.

Voilà, entre autres, autant de raisons qui font penser que le ministère de l’Intérieur et son administration constituée des gouverneurs, préfets et sous-préfets, de même que la CENA ne sont pas assez neutres pour organiser l’élection présidentielle de février 2019.

D’où la nécessité de nommer une personnalité neutre à la tête du ministère de l’Intérieur pour donner tous les gages d’une meilleure organisation d’une élection présidentielle sans trop de risques de contentieux pré ou post électoraux.

Fait à Thies le 21 septembre 2019.

El Hadji Abdou WADE dit Mara.

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