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La Manip’ Derrière Une Pseudo Information

Et de trois pour la gouverne des journalistes ! La parole d’un politicien n’est pas toujours une vérité biblique, pas plus que ses initiatives ne sont pas toujours exemptes de calculs manipulateurs. La nouvelle affaire nébuleuse d’une descente de gendarmes d’élite chez la mère du présidentiable Ousmane Sonko pour y saisir des fiches de parrainage pour une candidature à la présidentielle de février 2019, semble grosse, très grosse… Et pour cette raison, d’ailleurs, la presse devrait la traiter avec beaucoup de précaution professionnelle.

L’administrateur de Pastef, Biram Souley Diop, parti de Sonko, convoqué à la gendarmerie, rejette sa responsabilité dans l’alerte sur une descente de gendarmes chez la mère du leader de Pastef à Ziguinchor. Et avec la même véhémence, il dément avoir déclaré avoir été ‘’induit en erreur’’. Quoi qu’il en soit, cette affaire aux contours mal élucidés mériterait prudence de  la part de la presse ; elle mériterait enquête ; elle mériterait un rigoureux recoupement, c’est-à-dire le recours à une troisième source qui pourrait permettre de se faire une religion entre les dénégations de la gendarmerie et les accusations des partisans de Pastef suspectés de vouloir ‘’victimiser’’ leur leader dont la cote semble montante, de surcroît suite à une pantalonnade qui viendrait comme une persécution. ‘’Drame chez la mère de Sonko à Ziguinchor’’, s’écrie le site www.samarew.com ! Et où est donc le drame, ici ?

Nous pourrions méditer sur la réflexion du journaliste Mame Gor Ngom sur sa page Facebook, relativement à cette affaire et à bien d’autres déjà survenues  et qui pourraient surgir dans les temps à venir. Et voilà ce qu’écrit Ngom : ‘’Ces moments préélectoraux, plus qu’hier, sont propices à la manipulation. C’est donc l’heure d’être plus vigilant pour ne pas tomber dans les jeux abjects. Ils sont nombreux à se tromper de bonne foi, à être menés en pirogue. Ceux qui font le choix d’être acteurs parmi les acteurs de la manipulation politicienne, sont aussi dans leur « droit ». Il faudrait qu’ils en assument les conséquences. Le contrôle de l’opinion est l’enjeu. La presse est l’outil convoité. Les réseaux sociaux au cœur de la guerre.’’

Attention donc aux déclarations politiciennes de politiciens. Et de trois, avons-nous écrit au début de ce texte. La première, ce fut quand l’ex-présidentiable Moussa Touré, ancien président de la Commission de l’Uemoa, se référa à des ‘’sources relativement fiables’’ (sic) pour dénoncer ‘’des enveloppes confortables’’ (…) préparées et, au sortir de cette cérémonie (lancement du Dialogue national au palais de la République), (…) distribuées à beaucoup de participants dont même certaines personnalités’’.

La deuxième, c’est lors des manifestations de l’opposition le 19 avril 2018 à Dakar et que le leader de l’Act, Abdoul Mbaye, annonça qu’une personne a été retrouvée morte sous la répression policière. L’affirmation ne fut pas du tout exacte et, jusqu’à ce jour, l’ancien Premier ministre éprouve de la difficulté à s’en expliquer.

Il y a intérêt, à partir de là, de ces trois exemples, pour un journaliste, d’avoir une attitude circonspecte devant les actions et les déclarations d’un politicien qui veut que ses faits et gestes soient relayés par la presse et qu’il y gagne en image et en cote montante.

Autre actualité sur laquelle est interpellée la prudence du journaliste. Elle est évoquée par un journaliste de Wal Fadjri, Ibrahima Anne, qui écrit sur sa page Facebook que ‘’dans l’affaire de la rixe entre soldats français et jeunes Sénégalais, l’information change selon qu’on est sur Rfi (on dit que Wat, le jeune Sénégalais tabassé par des militaires français en virée nocturne à Dakar) voulait subtiliser le téléphone d’un soldat français ou sur une radio nationale. Il ne faut pas que le sentiment d’appartenance nationale biaise le bien-fondé de l’information. Laissons aux faits leur sacralité’’.

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