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«solutions» Graphiques Ou Solutions Pratiques (par Ibrahima Diakhaté Makama)

«solutions» Graphiques Ou Solutions Pratiques (par Ibrahima Diakhaté Makama)

                

 

             Notre compatriote Ousmane Sonko a publié un livre dans lequel il propose des « Solutions » aux sénégalais. Mais ce qu’il semble ignorer, c’est que tout ce qu’il a proposé comme « Solutions » le Président Sall est en train de le dérouler ou est en voie de l’exécuter, à l’exception  – bien sûr ! – de quelques-unes qui sont fantoches et/ou irréalistes.   Ce qui rend triviales ses « Solutions », c’est que le Président de la République a déjà opéré un renversement sans précédent dans notre manière d’appréhender l’ordre Problème/solution. 

 

        

                    Un livre en prélude d’une candidature à la Présidentielle, une tradition bien ancrée dans les mœurs politiques. Nombreux sont des candidats à la magistrature suprême de leur pays qui ont usité de ce procédé de communication que les officines de marketing politique conseillent ou concoctent pour polir l’image d’un présidentiable. C’est dire que ces publications pré-présidentielles font légion. A la veille de la dernière en France, François Fillon avait publié Faire, Macron Révolution, Jean Luc Mélenchon Qu’ils s’en aillent tous…La stratégie consiste à faire précéder par la théorie, la pratique de l’Etat en l’éclairant par un programme. C’est donc un nœud d’idées à partir duquel le candidat tisse sa toile de campagne et décline son programme de gouvernance.

Mais dans « Lanalyse des livres politiques », Christian Le Bart écrit cette remarque qui mérite une attention toute particulière : « Les livres publiés par les professionnels de la politique souffrent d’un tel déficit de légitimité que même les chercheurs en sciences sociales semblent s’en méfier. » Toutefois, en ce qui concerne M. Ousmane Sonko, on pourrait présumer que si les autres hommes politiques n’ont pas de temps à consacrer à l’écrit, lui, a contrario, l’a, et à volonté, du moment qu’il est chômeur ! (Ce n’est pas méchant, c’est juste pour la note d’humour !).  Sous ce rapport, j’ai vraiment foi et je postule pour une prime de paternité de Sonko en ce qui concerne cette publication et non d’un skin doctor.

De prime abord, je dois dire que j’ai refusé « de hurler avec les loups ». Autrement dit,  j’ai pris le temps et la distance critique nécessaires pour m’arracher de l’émotionnel au mieux pour produire du strict rationnel. On ne pourra pas partager toutes les notes de lecture, mais on livrera des morceaux choisis.

En analysant donc sereinement la production du citoyen Sonko, de prime abord, il semble mimer Macron avec des titres voisins (Solution rimant avec Révolution d’ailleurs !).

En heurtant de front, dès l’abord, les 5 pages du chapitre introductif, on réalise qu’il expose laborieusement sa vision socialiste et nationaliste. Une vision qui s’adosse  sur un Etat  financé à suffisance par des ressources propres sans qu’il nous dise où il les trouvera. Il se débarrassera du CFA et créera une monnaie qui jouera un rôle central dans ce dispositif  organisationnel de financement sans préciser à quel taux et de quelle manière et avec quel agenda économique. Sauf que, pour lui, le taux de change de la monnaie qu’il mettra au point ( ?!) fera l’objet d’un redimensionnement, d’une manière ou d’une autre.

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Dans cet ouvrage de 256 pages, où il expose vaguement sa vision politique, il y défend que  pour réussir ce challenge, il compte surfer sur un patriotisme triomphant, le culte du travail, une sphère étatique vertueuse, une politique économique introvertie. Le Sénégal de Sonko se refermerait sur lui-même sans qu’il nous dise comment il gérerait cette position autiste de notre pays qui se gouvernerait en autarcie ( ?!!). Mais aussi paradoxal que cela puisse paraitre, il demande aux sénégalais de se prendre en charge eux-mêmes ! Ce qu’il pourrait nommer un contrat national laisserait plus de place au collectivisme au détriment de l’individu livré à lui-même dans une bataille pour sa survie. Ce qui présage en filigrane, sans qu’il ne le dise ouvertement, la suppression des acquis sociaux comme les bourses sociales, la CMU… Ce qui semble paradoxal pour un projet de société que Sonko voudrait nationaliste et socialiste !

A s’y pencher de plus près, on décèlera donc dans ces 13 chapitres des incohérences et des incongruités qui laissent apparaitre un manque de maitrise de la pratique de l’Etat. Pour l’heure, si on veut rester sur la terre ferme du pragmatisme politique, on sera d’accord (je dis bien pour l’heure) qu’on ne saurait faire fi sans dommages de l’apport extérieur pour être en mesure de combler le gouffre que laisse le déficit  de financement dans la mesure où l’Etat n’a pas à sa disposition les moyens suffisants pour injecter des financements propres.  Et, sous ce rapport, il a volontairement oublié de dire qu’il augmentera les impôts (c’est qu’il sait faire le mieux et le chapitre qui parle de la fiscalité le prouve à suffisance) parce que les niches fiscales seules ne suffiront pas. Ou, peut-être, s’adossant sur un projet d’Etat nationaliste et socialiste, il proposera une approche  nationaliste des ressources gazières et pétrolières en nationalisant les sociétés qui opèrent dans ce secteur. Et pour cette option, il ne s’y prononce pas de manière tranchée. Et si c’est le cas, surtout avec un projet d’Etat introverti, cette proposition mènerait  à l’aventure politique et une gouvernance hasardeuse.

Par conséquent, le citoyen Sonko a jeté à la figure des sénégalais une compilation disparates de « Solutions » sans pour autant diagnostiquer clairement les problèmes. Si on part du simple postulat selon lequel toute solution est inhérente à un problème, et que tout problème appelle une solution, cet ouvrage semble donc se présenter comme un agrégat de « Solutions » diffuses, imprécises et prétentieuses (et non ambitieuses, car l’ambition s’appuie sur le réalisme tout le contraire de la prétention qui postule pour des finalités irréalistes). Cet ouvrage aux allures messianiques, telle une panacée, est présentée par l’honorable député Sonko comme une baguette magique qui pourrait régler, comme par enchantement, tous les maux dont souffriraient le Sénégal et les sénégalais.

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C’est Sonko himself qui nous dit : tout ce qui brille n’est pas de l’or. C’est pourquoi, à s’y pencher de plus près, on décèle la vérité qui est là, têtue ! Entre des « Solutions » graphiques, c’est-à-dire écrites et des solutions pratiques, autrement dit, des réalisations tangibles, vérifiables empiriquement, les sénégalais qui vivent au quotidien les réalités de la terre ferme ont vite fait la différence entre le clinquant et l’or. Ils ne se laisseront pas abuser par des marchands d’illusions qui pensent qu’il suffit juste de publier un livre à la plume imprégnée dans du venin et couchée sur des feuilles évanescentes pour devenir Président. Celui qui veut « devenir Calife à la place du Calife » devra encore s’armer de patience. Les sénégalais ne choisiront des « solutions » issues d’une théorie surgie d’une imagination galopante terreau fertile de toutes les élucubrations mentales en lieu et place de solutions pratiques qui se fondent sur la réalité concrète. Entre des solutions imaginaires et celles qui font bouger les lignes et transforment positivement le quotidien des compatriotes, les sénégalais ont vite fait le choix, et sans attendre ! Sans ambages !

Sonko est à l’image du médecin qui ausculte les malades pour établir un diagnostic et proposer des ordonnances avec une posologie – à la surdose ! – alors que le chef de l’Etat observe la posture de préventionniste. Par ailleurs, disons-le, la  thérapie de choc que propose Sonko n’est pas en congruence avec la situation politique, économique et sociale de notre pays.  Si Sonko perçoit les problèmes de manière empirique, Sall les appréhende de manière prospective, anticipative. C’est cette prospection qui a fait appel au PSE différent du « taf yeungueul » proposé par le leader de PASTEEF. La TER cadre en droite ligne avec cette prospective qui cherche une solution présente à un problème ultérieur comme pour paraphraser Sophocle. En d’autres termes, là où le Président de la République dépasse les autres c’est qu’il trouve toujours des solutions présentes à des problèmes ultérieurs. Des chantiers structurants qui anticipent sur des problèmes que pourraient subir les sénégalais, voilà la méthode prospective du Chef de l’Etat.

Ce qui remarquable dès lors, c’est que le Président Sall a inauguré dans ce pays une nouvelle manière d’entrevoir le rapport Problèmes/solutions. En opérant un changement de paradigme dans la manière d’affronter le rapport Problèmes/Solutions, les conséquences seront énormes ! Dans tous les secteurs de la vie, on réalise des ouvrages de dernières générations qui anticipent sur le quotidien des sénégalais comme l’usine de dessalement des eaux marines, les centrales à énergie renouvelables, le désengorgement de Dakar par la nouvelle ville de Diamniadio, le 2e port de Bargny, le COS pétrole et gaz… C’est une pléthore de chantiers qui cherchent à régler des problèmes à rencontrer à coup sûr d’ici à une, deux voire trois décennies.

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Tout le contraire du citoyen Sonko, tel un concierge qui détiendrait toutes les clés pouvant ouvrir toutes les portes d’un immeuble déjà entrouvert, Sonko ne fait alors que défoncer une porte déjà béante. Les solutions qu’il présente sont consignées dans un livre nid douillet de toutes les rêveries puériles alors que celles que donne le Président de la République on les côtoie  tous les jours sur le terrain et non sur les feuilles d’un livre. Il fait toujours sien un pragmatisme silencieux car le travail est silence, le résultat seul est bruit.

Au total, ce livre aurait pu subir le sort qu’il mérite : un plouf à la mer et on en parle plus. Mais en observant un mutisme jovial devant cet ouvrage qui est en réalité un condensé de ramassis de « taf yeungueul » au lieu d’épouser les contours d’un programme réaliste, certains ne pourrait, peut-être, faire la différence entre la bonne graine et l’ivraie.

Tout compte fait, ce livre a son pesant d’or. Il a permis de découvrir encore plus Ousmane Sonko : qui pose s’expose. En se prêtant à ce jeu, Sonko a exposé pour une fois toutes ses carences en matière de pratique de l’Etat et ses limites dans le fonctionnement du monde et les relations internationales. On ne saurait gouverner le Sénégal en forme de vase clos. Il a également levé un coin du voile sur sa personnalité : un ego surdimensionné taillé sur un désir de grandeur. C’est pourquoi ses confusions élémentaires le ramènent à la juste dimension d’un citoyen qui a une obsession quasi maladive d’être le numéro 1 partout ( sa séance de présentation a convaincu les sénégalais de son état d’esprit) et qui cherche toujours à s’ingurgiter  de Pétrole et à humer du Gaz en plein poumons.

Avouons-le en fin de compte ! Au moins avec ce livre, il ne verse pas dans les insultes et autres insanités dont il est le seul à maitriser l’art.

En définitive, il n’aura réussi qu’à poser des  problèmes à ses propres « Solutions ».

Ibrahima Diakhaté Makama

Membre cellule des cadres APR de Sédhiou

makamadiakate@gmail.com

L’article «Solutions» graphiques ou solutions pratiques (Par Ibrahima Diakhaté Makama) .

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