J’ai suivi comme bon nombre de Sénégalais la cérémonie organisée par l’olympisme mondial pour attribuer l’organisation les Jeux Olympiques (Jo) de la jeunesse, dont notre pays sera l’hôte au cours de l’été 2012. Nous éprouvons tous une légitime fierté pour cette marque de confiance indéniable manifestée à l’égard du Sénégal. Il est vrai qu’une décision de cette nature tient toujours compte de plusieurs paramètres, tous aussi importants les uns que les autres, pour décider le Comité international à faire un choix pour l’attribution des Jo dans ses trois composantes connues. Après avoir félicité les premiers auxquels le mérite revient, en l’occurrence le chef de l’Etat, Son Excellence Macky Sall et le président du Comité olympique national, Mamadou Diagna Ndiaye, on peut ensuite noter que les membres du Cio ont d’abord fait confiance à un projet national d’ensemble.
Il est à cet égard notable de considérer que le Cio a toujours mis en avant la capacité de tout pays candidat à remplir certaines conditions jugées parfois draconiennes et à présenter des garanties économiques et financières solides. Le cahier des charges arrêté pour chaque pays organisateur tient surtout compte de la stature diplomatique du pays hôte, de sa stabilité politique et sociale, des conditions de sûreté et de sécurité et autres qui permettent l’organisation de compétitions ouvertes se déroulant dans une ambiance sportive et festive respectant scrupuleusement l’esprit de l’olympisme. Soit ! Cependant, dans le cas spécifique de notre pays, il me semble qu’on aura davantage fait confiance à une vision, à un modèle et à une stratégie globale de développement économique et social. Cette confiance exprimée de façon unanime par le Comité international olympique n’est pas, loin s’en faut, le fruit d’un hasard tombé du ciel pour bénir le Sénégal. Au contraire ! Elle traduit en réalité la reconnaissance d’une noble ambition et la consécration d’une démarche méthodique, dans la conduite du destin d’un Peuple. Un lapsus bien édifiant est sortie de la bouche de Nawal El Moutakawil, quand elle s’est exprimée -en sa qualité de membre du Comité olympique et africaine de surcroît- pour se réjouir du choix du Sénégal et pour suggérer ensuite que c’est le succès du Plan stratégique émergent qui est ainsi reconnu, plutôt que de parler de Plan Sénégal émergent. Elle a vu juste, d’autres comme elle également. Pour cause !
L’économie sénégalaise a connu une évolution notable entre 2014 et 2018. Le taux de croissance moyen durant cette période a été estimé par beaucoup de spécialistes à 5,5%, avec une pointe de 7,2% en 2017. Cette évolution est le fruit d’un changement d’approche fondée sur une nouvelle politique résolument décidée à rompre d’avec les manières et les pratiques ayant eu cours depuis l’indépendance du pays en 1960. Les bons résultats dans la conduite de l’économie s’expliquent ainsi, car le Sénégal n’a pas encore mis en exploitation les découvertes heureuses de nouvelles ressources naturelles. Il est resté encore sur l’exploitation de l’arachide, sur le même potentiel agricole, minier, forestier, maritime et autres. Rien n’a changé en termes de disponibilité de ressources additionnelles ! Sinon, la manière de concevoir et de conduire les politiques publiques, ainsi que la façon d’organiser les moyens du budget de l’Etat, mais aussi la manière de planifier, dans le temps et dans l’espace, les investissements publics et leur exécution. Il faut enfin noter une volonté forte de réformer l’environnement des affaires et d’asseoir une gouvernance plus efficace et plus efficiente qu’elle ne l’ait, jusqu’ici, été.
Certes, on ne peut pas parler de révolution économique, on peut toutefois plus facilement admettre l’avènement d’une évolution positive notable de nos performances économiques. On constate, pour s’en féliciter, un regain, un dynamisme remarquable de l’Economie nationale. Cette forte dynamique est en effet reconnue et attestée dans plusieurs rapports des organisations nationales et internationales les plus exigeantes pour noter les performances des Etats, en la matière. Celles notées au cours de ces sept dernières années, sont le résultat d’un changement de paradigme indéniable dans la conception et dans l’exécution des politiques publiques en matière de développement économique et social. Rappelons qu’en 2011, le Sénégal ne figurait nulle part dans la liste des quinze premiers pays les mieux notés en Afrique dans les différents indices de notation. En 2017, l’indice Ida, dans le rapport publié par la Banque mondiale, place notre pays au deuxième rang en Afrique, juste derrière le Rwanda. Il détrône ainsi le Cap-Vert qui avait fini, au cours des dix dernières années, à truster le premier rang, avant de le céder au Rwanda et occuper pendant de longues années la deuxième position de ce classement. Le choix du Sénégal pour 2022 se présente ainsi comme un marqueur significatif de l’évolution dynamique de notre économie, ainsi que de l’appréciation positive qui en est faite au niveau mondial.
Décidée le lundi 8 octobre 2018 à Buenos Aires, cette attribution qui permet au Sénégal de prendre le relais de l’Argentine qui en a été l’hôte cette année, est une marque de confiance absolue dans les capacités du Sénégal à faire face et à réaliser les lourds investissements qui en découleront. La désignation d’un pays pour organiser ces jeux de dimension mondiale est avant tout un choix économique, avant de traduire une audience diplomatique et une reconnaissance politique internationale. Sans aucun doute, ces deux composantes y aident incontestablement mais elles sont loin d’être suffisantes. On ne peut pas réussir de telles performances sans qu’une réorganisation des façons de faire et des pratiques du point de vue des modes et mécanismes de gouvernance ne soit résolument engagée par l’Etat. Faut-il encore le signaler, le Sénégal a engagé des réformes dans plusieurs domaines de sa gouvernance. Sous ce rapport, nous avons appris dans une note publiée en octobre 2018 par le ministère en charge de la Promotion de la gouvernance, que «le Sénégal a accompli des progrès satisfaisants», en enregistrant le niveau le plus élevé en termes de respect des exigences de la norme, dans la mise en œuvre de la norme Itie 2016. La même note renseigne que notre pays a été distingué premier pays africain pour la transparence dont il a fait montre dans ce secteur des industries extractives, par le Conseil d’administration de l’Itie Internationale à l’issue d’un mécanisme indépendant d’évaluation de l’état de la gouvernance du secteur extractif.
Premier pays africain à obtenir cette distinction et le 4ème à l’échelle mondiale, après les Philippines, la Mongolie et le Timor-Leste. Les efforts du Sénégal en matière de bonne gouvernance sont reconnus au niveau international. Le pays occupe ainsi le 10ème rang sur 54 pays dans le dernier classement (novembre 2017) de l’indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (Iiag) publié par la fondation Mo Ibrahim qui note des avancées significatives dans ce domaine en matière de gouvernance globale dans les cinq dernières années. Le Sénégal a notamment connu un bond de 33 points, passant de 10 à 43 points sur l’indice sur le «Budget ouvert». Pour finir, il ne s’agit nullement ici, de faire du dithyrambe naïf ou de glorifier outre mesure un régime auquel j’appartiens et que je sers avec engagement et fierté, depuis sept ans. Je m’efforce de répertorier des faits, de considérer des opinions informées et documentées et de partager, enfin, un vécu personnel. Toutes choses susceptibles d’éclairer le débat public ouvert sur le bilan d’un mandat qui se termine. Je sais que ce débat s’annonçant vif et passionné, va constituer la trame des prochaines joutes électorales et va s’alimenter d’abord sur le marché bien achalandé des idées et informations publiques disponibles, avant de s’abreuver aux sources des apports extérieurs.
Cette reconnaissance internationale constitue indéniablement un motif de satisfaction. Mais, bien plus que cela, nous la considérons comme une prime d’encouragement, une invite à persévérer dans l’effort de construction d’un pays économiquement viable et attractif, politiquement et socialement stable. J’en appelle alors à une union sacrée autour du mouvement olympique national et du gouvernement, pour relever de manière honorable le double défi de l’organisation et de la participation et prouver ainsi à la communauté olympique mondiale la justesse de son choix.
Abdou Latif COULIBALY – Ministre de la Culture