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Devenir Président, Comment Se L’enlever De La Tête ?

Une question pour commencer : existe-t-il une pulsion politique qui pousse autant de candidats à se déclarer à la prochaine présidentielle ? On connaît les pulsions d’amour, de faim, de vie ou de mort, mais la pulsion politique au sens freudien, c’est-à-dire « une poussée ponctuelle et motrice qui vise à une satisfaction et est le moyen initial de cette satisfaction » ? Faudra sans doute poser la question aux psychanalystes pour se faire une idée.

Mais l’on peut se permettre d’avancer, sans risque de se faire remonter les bretelles par quelque encyclopédiste trop près de son savoir, que la passion politique existe bel et bien. Voyez donc tous ces gens si responsables qui, à force de donner leur avis sur tout et sur rien, dans les radios, les télés, les journaux ou même, plus frontalement, dans des rassemblements militants, ont fini par passer pour des experts en politique. Ce sont les mêmes que l’on entend pousser des cris d’orfraie : « Elections, pas touche ! ». Les mêmes que l’on voit suer à grande eau au cours de marches de protestation, slogans scotchés aux pancartes et cœur au bord de la rupture. Ils sont meilleurs en tout que leurs semblables et sont les seuls habilités à parler en leur nom, à décider pour eux sur tout et, -ils sont intraitables là-dessus- sont abonnés aux premières loges. Ils portent des titres ronflants du type « président », « secrétaire général » et exigent, sans le moindre déplaisir que l’on leur serve du « Monsieur ».

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L’élection présidentielle de 2019 qui pointe déjà le bout du nez ne démentira pas cette vérité. On va vers une inflation sans précédent de candidats. Il ne se passe pas un jour sans qu’un mouvement politique ne voie le jour. C’est la nouvelle trouvaille des professionnels de la politique qui savent que la floraison des partis commence à indisposer les citoyens. Ces nouveaux opérateurs politiques disent ne pas se reconnaître dans ce qui se fait, mais tous proposent les mêmes recettes éculées qui ont eu raison de nombre de leurs compatriotes.

Passion politique, donc. Volonté de puissance. De domination. Rien à voir avec cette autre passion plus noble qu’est l’amour. Souci et quête de l’autre. Partage. Solidarité. La politique, dans l’acception servie dans moult tribunes par ces adulateurs du pouvoir, n’est pas très éloignée de l’amour. En principe, mais en principe seulement, on cherche le pouvoir pour se mettre « au service » de son peuple. Mais la passion politique ne boxe pas sur le ring de la noblesse de cœur. Elle est, pour recoller à la sémantique freudienne, cette « libido dominandi » décrite par St Augustin. Elle est génocidaire et conduit tout droit au Tribunal Pénal International alors que la passion amoureuse ne cause que des homicides et ne mène qu’en Cour d’assises.

QUÊTE DE PRIVILÈGES.

« Devenir président de la République : comment se l’enlever de la tête ? ». Cela pourrait être l’intitulé d’un essai de psychologie à mettre à la disposition de la foultitude de candidats – et tous les autres – qui nourrissent le dessein de revêtir les atours du Primus inter pares. On ne saurait assez leur recommander la lecture du « Petit Bouvard illustré ». Président ! Nombreux sont ceux qui n’y voient que les privilèges et, accessoirement, la gloire rattachés à la fonction. Sinécure, plus que sacerdoce. Beaucoup de pouvoirs, peu de devoirs. Commandeur, plus que serviteur. Honneurs sans servitudes. Bref, bamboula à outrance. Il suffit pourtant de lire notre Loi fondamentale pour se convaincre de l’ampleur de la tâche d’un Chef d’Etat.

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Le Président de la République est, en effet, le gardien de la Constitution. Il est le premier Protecteur des Arts et des Lettres du Sénégal. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant du fonctionnement régulier des institutions, de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire. Il détermine la politique de la Nation. Il préside le Conseil des Ministres. Le Président de la République est responsable de la Défense nationale. Il préside le Conseil supérieur de la Défense nationale et le Conseil national de Sécurité. Il est le Chef suprême des Armées ; il nomme à tous les emplois militaires et dispose de la force armée.

La charge est énorme. La responsabilité incommensurable. C’est prenant, étouffant et, pourtant, tentant. Honorifique. C’est la pulsion du pouvoir à l’œuvre.

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