Au Sénégal, dit-on, tous les citoyens sont égaux devant la loi ; même si certains restent sceptiques vis-à-vis de cette maxime, à tort ou à raison. Par contre, il est sûr et certain que les candidats au concours de recrutement des élèves maîtres (CREM) subissent un traitement différencié, discriminatoire, voire inique.
Sinon comment comprendre ce déplacement massif des candidats des treize (13) régions vers la capitale pour y subir les épreuves d’admissibilité, après celle de la présélection constituée d’une seule dictée ? D’ailleurs, au regard de cette première épreuve, le constat est que le Sénégal veut une chose et son contraire. En effet, ce pays qui veut booster les filières scientifiques de son système éducatif ne donne pas la même chance aux candidats issus de ces dites filières, car la seule épreuve de dictée en présélection en élimine une bonne partie au profit des candidats des séries littéraires.
On serait tenté de me dire que pour être bien en mathématiques, il faut d’abord l’être en français. Soit, mais le constat est tout autre. Nous estimons qu’en sus de cette épreuve, il faut également une autre à caractère scientifique de même coefficient pour que, dès l’élémentaire, les maîtres puissent prendre en charge l’enseignement des sciences de manière convenable.
Pour revenir à notre préoccupation, il demeure inconcevable à notre niveau de cautionner la pratique en cours qui consiste à déplacer tous ceux qui franchissent le cap de la présélection vers Dakar pour plusieurs raisons.
Au demeurant, tout le monde n’est pas aussi nanti que le ministre de l’Education nationale et ses collaborateurs pour se payer le prix du transport Kidira-Dakar-Kidira, Saraya-Dakar-Saraya, Sindian-Dakar-Sindian, etc.
A cela s’ajoute l’épineux problème de l’hébergement qui constitue un véritable casse tête dans la capitale qui reste caractérisée par la promiscuité et la pauvreté. Sous ce rapport, nous suggérons aux organisateurs de ce concours de se pencher un peu sur la cause des absences concernant cette étape et même celle de l’entretien qui également se tient à Dakar. Tout compte fait, nous reconnaissons au ministre sa volonté de rendre crédible ce concours, à l’instar de monsieur Diakham de l’Office du Baccalauréat qui pourtant organise l’examen à travers tout le territoire national.
De ce point de vue, pour être en phase avec le PAQUET qui prône l’équité, le ministre devra permettre à tous les candidats de composer au moins au niveau des capitales régionales ; libre à lui de centraliser la correction à Dakar, encore que là aussi, les inspecteurs et professeurs de l’intérieur du pays voudraient eux aussi bénéficier de l’expérience de cette correction.
L’autre aspect du problème demeure le profil même de ces correcteurs. Au regard des épreuves d’admissibilité, n’est-il pas plus indiqué de confier la correction aux maîtres puisqu’il s’agit du programme de l’élémentaire ?
En dernière analyse, le constat est que les candidats qui habitent Dakar, ne serait-ce que sur le plan psychologique, sont privilégiés par rapport à ceux-là de l’intérieur qui sont tenaillés par les tracasseries des transports et de l’hébergement qui, pour la plupart d’entre eux, se fait dans des conditions très précaires. Sous ce rapport, il faut également veiller à une certaine cohérence du système éducatif dans sa globalité car la dictée qui constitue la porte d’entrée du CREM ne se fait plus au CFEE. A la place, c’est un texte avec des fautes soulignées qui est proposé aux candidats pour correction. Elle revient au moyen pour disparaître au secondaire avant d’être proposée au CREM. Que de gymnastiques !
Sans être prétentieux, voilà chers acteurs de l’éducation quelques pistes de réflexion que nous avons voulu susciter pour avoir vos contributions.
Moustapha GUEYE
tatafuu@yahoo.fr