L’effet de halo, effet de notoriété ou encore effet de contamination, est un biais cognitif qui affecte la perception des gens ou de marques. C’est une interprétation et une perception sélective d’informations allant dans le sens d’une première impression (« il ne voit que ce qu’il veut bien voir »).
Si la première impression sur la personne est favorable, ce biais perceptif tend à interpréter favorablement ce que cette personne dit ou fait. C’est l’effet de halo positif. À l’inverse, si la première impression est défavorable, ce biais perceptif tend à voir la personne sous un prisme négatif. C’est l’effet de halo négatif.
Sous l’effet de Halo on peut avoir une opinion négative de quelqu’un, sans le connaître, du seul fait de son appartenance à un groupe que nous n’estimons pas ou inversement, avoir une mauvaise opinion d’un groupe uniquement parce qu’une personne que nous n’apprécions pas en fait partie.
Ceci dit voyons comment cela se manifeste réellement dans la vie politique de notre pays. Récemment des hommes politiques ont été insultés dans les réseaux sociaux avec un nombre incalculable de commentaires, les uns plus désobligeants que les autres. Beaucoup de ces commentateurs ont été happés dans un effet d’entrainement qui a fait que ils n’ont suivi que leurs devanciers dans les commentaires, des fois même sans prendre le temps de réfléchir sur ce qu’ils vont écrire. Ils font juste comme la grande masse : c’est l’effet d’entrainement.
En 2012, Me Abdoulaye Wade a bien souffert de cet effet de Halo. Quand le « tout sauf Wade » a commencé beaucoup de sénégalais y ont pris part sans pour autant prendre le recul nécessaire avant chaque vote : je vote pour qui et pourquoi ?
C’est ce même phénomène qui fait que dans un parti quand certains responsables commencent à quitter, les autres ne tiennent plus sur place. Ils ont tendance à vouloir suivre le mouvement sans aucune réflexion préalable.
Aujourd’hui, c’est Ousmane Sonko qui bénéficie de ce biais cognitif (halo positif) qui fait que plusieurs sénégalais se ruent vers lui. Il capte l’attention et les groupes commencent à s’agglutiner autour de sa personne. La faute à toutes ces personnes qui ont voulu lui porter la réplique sur un certain nombre de sujets. Par exemple quand on n’aime pas Ahmed Khalifa Niass, on a tendance à aller vers Sonko qu’il attaque avec force.
Cependant, attention à l’effet boomerang ! Toutes celles et ceux qui ont été contre Wade peuvent retirer leur soutien à Sonko si ce dernier arrivait à s’allier avec le Pape du SOPI. Et si l’effet de Halo fonctionne bien dans ce cas, l’effet d’entrainement peut lui faire perdre beaucoup de militants. C’est le même danger qui peut aussi le guetter s’il continue à entretenir le flou sur certaines interpellations de ses concitoyens. Le sénégalais a par essence peur de l’inconnu. N’est-ce pas lui qui dit : « dina maaté ak dou maaté, boul ko diokh sa lokho » !
C’est le cas aussi avec le camp présidentiel. Le phénomène fait ici que tous les sénégalais qui sont contre un responsable de la mouvance présidentielle auront tendance à rejeter Macky Sall. Rien de ce que fera le Président ne sera vu d’un bon œil car il incarne ce qu’ils rejettent. Pour en avoir le cœur net il faudra aller visiter sa page facebook et lire les commentaires. Vous y trouverez un exemple bien pratique de l’effet de Halo.
A côté, il y’a le biais de représentativité qui est la tendance à fonder son jugement ou à prendre une décision à partir d’un nombre limité d’éléments que l’on considère comme représentatifs d’une population beaucoup plus large.
Ce biais cognitif revient à se baser sur une représentation de la réalité ou sur des stéréotypes plutôt que sur une analyse statistique ou à généraliser à partir de cas particuliers ou d’exemples, sans se baser sur un raisonnement logique et probabiliste.
C’est ainsi que sur la base de sondages pas du tout crédibles, certains se permettent de dire qu’untel passera au 1er tour, qu’un tel autre sera au second tour, etc. Ce biais de la représentativité contribue à rendre flou le jeu politique dans notre pays. Ce n’est pas parce que cent mille (100.000) personnes sont avec vous que vous passerai au 1er ou au second tour. Vous n’avez pas l’assurance de leur vote le jour J. Ils sont déjà nombreux dans ce pays, les gens qui participent comme des illuminés au débat politique mais qui ne votent jamais.
Je dis bien JAMAIS !
Souleymane Ly
Spécialiste en communication
julesly10@yahoo.fr
L’article L’effet de Halo dans la politique sénégalaise .