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Sonko Héraut, Pas Encore Héros

Sonko Héraut, Pas Encore Héros

Ousmane Sonko est assurément un héraut, au vu des réactions qu’il provoque á chacun de ses moindres paroles, faits et gestes. D’un Khalif Général á n’importe quel citoyen lambda, les réactions pro ou anti Sonko font profusion, au fil des jours. Assurément il est porteur de nouveautés.

Il fait partie désormais de ce cercle restreint de sénégalais qui sans être sportif, ni chanteur, ni prédicateur religieux,  ni insulteur publique, sont parvenus (en politique de surcroit), á occuper une place de choix dans l’espace publique, sans avoir été ni adoubé par un mentor, ni oint par un saint, ni héritier d’une ‘’ grande’’ famille politique, ou religieuse, ni issu d’une loge.

Ousmane est parvenu á donner une signification á Sonko. Dans un laps de temps relativement court, á force de poser des actes et de faire des déclarations plus ou moins bonnes, et ou plus ou moins justes, il a presque réussi á labéliser son nom, SONKO (peut-être la relative rareté aidant) qui est devenu plus qu’un nom de famille. Son nom est synonyme de nouvelle démarche ou proposition d’une nouvelle démarche dans le landerneau politique. Il signifie  agitateur publique très suivi. Il est surtout l’empêcheur de tourner en rond numéro un du pouvoir en place  en ces temps qui courent.

Depuis la publication de son livre-programme, et une question qui n’avait rien á voire avec l’avènement, Haro sur le Héraut. Les critiques (et les soutiens aussi)  en son encontre sont montés en flèche. Dommage que parmi les réactions nous avons plus de métarécits qui concernent l’auteur du livre, que de commentaires et d’exégèses qui parlent du récit du livre.  Plus dommage encore le brouhaha médiaticoyoutoubique n’a d’égale que l’assourdissant silence de la crème de l’intelligentsia sénégalaise a réservé á ce livre.

Sonko propose quand même sa vision pour ‘’solutionner’’ les problèmes du Sénégal. Est-ce qu’aux yeux des intellectuels de tous bords et de haute dimension, aux yeux des économistes de renommée mondiale que regorgent ce pays, ce livre ne présente pas un grand intérêt, et ne mérite que leur silence ? Ceci á commencer par Abdoulaye Wade            ‘’ l’ancien Sonko’’ et Cheikh Yérim Seck un parmi les invités de marque lors de la présentation du livre.

Si les vidéos (en général) et les déclarations spontanées, tout azimut servent de délectation aux peoples, et ils se sont bien délectés ces derniers ces derniers temps á propos de Sonko. Ils ont été servis cerise sur le gâteau par des ‘’Chefs’’ en la matière : Ahmet Kh Niass, Gaston Mbengue, Moustapha Cissé Lo, et même par des gens très silencieux d’habitude, comme Ousmane Tanor Dieng. Si donc les vidéos nourrissent généralement plus les rumeurs, les livres  eux doivent susciter les réactions de l’intelligentsia,  surtout si son auteur de par son jeune âge est de fait l’avenir de la nation, et de par ses prétentions ‘’engage’’ l’avenir de cette nation.

Juste en guise d’exemples, une note de lecture de Amadou Moctar Mbao  nonagénaire, acteur de premier plan de la lutte pour les indépendances, ancien Ministre de la République, Ancien Directeur General de L’UNESCO ne se serait que d’un point de vue symbolique contrebalancera á coup sur l’hallali général des molosses du net au niveau des gens sensés.

Une approbation ne serait-ce que partielle de Mactar Diop premier Ministre de l’Economie et des finances (démissionnaire) de la première alternance de 2000, Vice-Président de la Banque Mondiale, vaudra toutes les questions et les discours liés á la longueur de la barbe et aux femmes voilées invisibles de l’intéressé.

El Hadj Malick Sy disait : «si vous entendez dire qu’un tel est un érudit, demandez est ce que c’est l’avis des érudits».

Cependant, il a fait mieux que le Président Macky, que même les plus farouches partisans ne citent des passages de ses livres pour étayer leurs propos. Sa production intellectuelle traduite dans des discours, compilés dans deux livres dont on attend le deuxième, n’a pas fait mouche. On avait arrêté la marche de la République le temps de présenter le livre dans un hôtel huppé de la place devant un parterre d’invités de marque, dont la plupart ne lisent pas et étaient présents que pour le décorum. Depuis lors, eh bien rien.

Par ailleurs  voilà notre héraut national Ousmane Sonko au lieu de travailler dans le sens de faire sortir de leurs réserves la classe intellectuelle d’ici et de la diaspora par sa matière grise, après qu’il ait fini surtout grâce aux réseaux sociaux de se faire des anti et des pro á profusion au niveau des masses populaires. Au lieu de travailler  á faire se prononcer (même leurs désaccords) les imminences grises  de ce pays et au-delà, le voilà qui se met á chercher une filiation du côté de Doha.

J’espère simplement pour  Sonko que ses manœuvres politiques du moment ne le pousseront pas á penser  que malgré toute l’eau qui a depuis lors coulé sous les ponts, lui n’ayant certes jamais dit de mal de Wade, mais  qui n’ayant non plus jamais rien partagé avec Wade, j’espère simplement qu’il ne pense pas qu’il est plus proche de Wade que Macky ?

J’espère simplement qu’en ce moment ou Wade se sépare de Madické Niang pour les raisons que nous connaissons, Sonko n’est pas entrain de penser qu’il pourra avoir avec Wade un compagnonnage solide et sincère au point que celui-ci ne le sacrifiera pas lorsqu’une faveur de Karim sera en jeu entre lui et le pouvoir.

En Afrique une filiation capable d’amener la rupture se fera avec Sankara,  Lumbumba,  Nkuruma,  Cabral, Cheikh Anta Diop, etc… Autrement c’est synonyme de tragédie.

Avant le coup de fil de Doha, Sonko notre héraut national avait tressailli pour ne pas dire paniqué, en demandant  á ‘’l’ennemi’’ une garde rapprochée. Le Ministre de l’Intérieur réagit promptement, et sèchement. Non, non et non.  Immaturité politique pour Sonko, L’agneau qui demande au loup de le protéger. Nullité politique pour le régime en place. Pourquoi rater ainsi une occasion de coller á un adversaire un agent  de sécurité de l’Etat chargé de rendre compte chaque jour á sa hiérarchie. Ce qui serait la plus belle et la plus parfaite occasion de savoir tout de Sonko  (á moins ce que ça ne soit pas  déjà le cas, comme pour beaucoup d’entre nous tous) sans risquer d’être victime d’un ‘’ sonkogate’’.

Quelques manœuvres d’intimidation maladroites, malsaines, et grossières de la part du pouvoir, et un meurtre crapuleux au sein de ses  abords immédiats et voilà Sonko le ‘’futur chef suprême’’ de nos renseignement généraux et de nos armées panique.  Lui qui devra si nécessaire en commanditer lorsque l’exercice du pouvoir le lui exigera.  Ah oui raison d’Etat oblige. Loin de moi l’idée de dire que l’Etat est lié  de près ou de loin, d’une manière ou d’une autre, au meurtre de Mariama Sagna.

Sonko sans que la classe politique, et la manière de faire la politique traditionnellement ne l’ait senti venir, a su se frayer un chemin très rapidement. Mais avoir sa place dans l’espace politique c’est comme voler une percussion, (sácc ndend yomb na, waaye foo koy teggee moo jafe). Il est facile de voler une percussion, mais il sera toujours difficile de trouver un endroit ou la battre en toute tranquillité. Encore même que cette place que lui envi beaucoup de politiciens de la viellé de la veille, ne lui confère pas encore une dimension de héros pour ce pays en attente de son héros, ou de sa héroïne. Cette attente qui faisait que le pays un certain soir de 1999 réserva á Abdoulaye Wade qui cristallisait alors ses aspirations un accueil digne d’un Mandela qui sort de prison. Ce qui a fait qu’une marée humaine était venue accompagner de l’aéroport  jusqu’à  je ne sais où, l’actrice indienne de série e Z Vadehi. Ou encore que  Ino  un bandit notoire en fin cavale fut acclamé par des sénégalais en attente de leur héros.

Enfin j’espère, je souhaite, je prie, que ce capital (politique, social, sympathique) que Sonko a pu acquérir dans ce laps de temps relativement court, il saura le garder et le fructifier, pour le bien du Sénégal, car quoi qu’on puisse dire rien (ni sur le plan interne, ni sur le plan externe) ne nous permet de nous passer d’un tel homme tant il témoigne de la qualité humaine que dispose ce pays.

Il lui reste simplement du chemin á faire. Encore qu’il n’est pas encore confronté á des trahisons en cascade, et des coups bas á volonté. Pourvu seulement qu’il aille jusqu’au bout de son chemin de croix et qu’au bout du compte son printemps tienne toutes les promesses de ses fleurs.

A certains seniors de ce pays de changer de discours et d’attitude á l’égard de la jeunesse qui quel qu’elle soit et quoi qu’il en sera va les hériter. Ne voir en eux ou en parmi ceux d’entre eux qui ne sont pas du même bord, que des aventuriers , est en quelque sorte une manière de dire            « après moi  c’est le déluge ». Autrement dit « mujjee na puso bi reer na ». Ça ne les honore franchement pas.

 

Mustafaa SAITQUE

 

 

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