Mon Dieu, que serait le monde s’ils n’existaient pas ?! Je veux parler des politiciens qu’on nomme ainsi avec des baves de mépris, pardi ! Cette race haïe et adulée ; vilipendée et courtisée ; tête à claques de nos déceptions et nos petites envies ; de nos espoirs déçus et dont on les rend responsables pour masquer nos reniements et renoncements. Oui, s’ils n’existaient pas…
Sur qui taperions-nous à la moindre déconvenue ? Sur qui se défausserions-nous de nos écoles-abris-provisoires-définitifs, de nos hôpitaux-mouroirs dont nos dirigeants sont les premiers à fuir pour aller se soigner ailleurs, voire y mourir ? Contre qui les populations exhiberaient-elles leur colère noire en s’habillant de rouge sang ? Qui pour réclamer des droits dus, des nécessités devenues aléatoires (routes, pistes, électricité, eau, soins…)
« Politiciens, tous voleurs, menteurs, filous, arnaqueurs, parasites qui parasitent nos ressources ». Ainsi les mettons-nous dans le même sac de mépris, rempli de cette vermine à jeter au fond de la mer ou à rôtir comme les agneaux du sacrifice qu’ils sont à leur corps défendant.
Tous y vont (NOUS y allons) de leur morale facile pour masquer leur propre absence de morale, par des généralisations hâtives, suspectes, envieuses, haineuses : ils sont nos exutoires sacrificiels ! Les haïr, serait presque une œuvre de salubrité publique ! Les livrer à la vindicte de toutes les couches serait une mission quasi divine. Aller en guerre contre les politiciens, incarnation du système pourri serait un devoir citoyen…
Oui, s’ils n’existaient pas, que ferions-nous de nos vies toutes faites de délégations. Délégation de nos combats pour un mieux-être ; délégation parlementaire qui favorise les « Assemblées croupions », les députés suivistes et grégaires ; les abus de pouvoir qui leur font signer des contrats, accords concernant notre présent et notre avenir sans consultation populaire… C’est de citoyenneté, faiblesse, voire absence de citoyenneté vigilante qui produit la race de politiciens (la plupart) que nous avons.
Il y a quand même une certaine hypocrisie à vilipender les politiciens détourneurs quand on accepte les fruits de leurs rapines ; quand on accepte que des DG, des ministres, députés et autres « responsables-irresponsables » vous abreuvent chaque week-end de billets rouges (de nos sacrifices) dont vous savez parfaitement qu’ils ne proviennent pas de leur unique salaire !
Quelle est cette société qui se pâme devant des voleurs en en faisant mêmes des héros ; des modèles que l’on donne à voir aux jeunes générations ; devant lesquels on s’incline avec des génuflexions d’esclaves ? Esclaves de l’argent facile de détournements-rapines ; de marchés publics nébuleux scellés sous le sceau de pourcentages obscures qui permettent aux moins-disant de gagner un marché public.
Les hommes politiques (je préfère au terme péjoratif de politicien) sont le produit et le reflet d’une société ; de notre société en l’occurrence. Ni pire ni meilleur que le reste de la société qui l’a enfanté, procréé, allaité, élevé dans ses entrailles loin d’être chimiquement pures.
Les vertus ne sont pas de naissance ; elles s’acquièrent par la résistance dans une société permissive et « corruptogène »; dans l’éducation familiale et l’enseignement dans des écoles non permissives, ni fabriques de citoyens dévalués. Cette école-là, cette société-là, produira des citoyens vigilants vis-à-vis de ces hommes et/ou femmes, qui ont fait de la politique, un métier, à défaut d’un sacerdoce. Des citoyens qui militent pour l’amélioration des conditions de vie des populations et non les leurs seulement ; des « citoyens -contrôleurs » de leurs dirigeants et non des délégataires paresseux mais grands râleurs devant l’Eternel !
Oui, s’ils n’existaient pas, on les inventerait. Juste pour que nous ayons des victimes expiatoires ! Sinon, comment passerions-nous nos journées, voire notre vie. Les grandes places et autres lieux de rencontres et de travail seraient d’une morosité mortelle. Alors, qui aime bien châtie bien ? C’est parce que nous aimons tant nos montures, (chevaux et ânes) que non seulement nous les surchargeons de poids pesants, mais aussi qu’on les fouette à sang tous les dix mètres ! Amour cruel!