La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, est souvent présentée par les puissances occidentales comme synonyme de libération pour des citoyens de la RDA, qu’elles considéraient comme des otages d’un régime communiste.
QUE SYMBOLISAIT LE MUR DE BERLIN ?
Ils oublient, ainsi, de préciser, que le mur n’était qu’une réponse – peut-être pas la meilleure – aux tentatives de déstabilisation de la RDA, qui partaient de la partie occidentale de l’Allemagne, orchestrées par les États-Unis et d’anciens nazis, bénéficiant, comme par hasard, d’une clémence suspecte. C’est donc bien de l’antagonisme entre les deux blocs, que naîtra ce mur érigé en 1961 et qui deviendra le symbole de la Guerre froide entre Occidentaux et Soviétiques.
Depuis lors, l’humanité a souffert de l’hégémonie de l’impérialisme occidental sur un monde devenu unipolaire. L’éclatement de plusieurs pays, les guerres civiles, l’invasion de pays pétrolifères, la destitution/assassinat de dirigeants progressistes, l’instrumentalisation du phénomène terroriste, sont autant de conséquences néfastes de la disparition du camp socialiste, qui servait, à tout le moins, de contrepoids aux visées impérialistes occidentales.
Mais ces derniers temps, nous tendons de plus en plus vers un monde multipolaire. De fait, la Russie semble, entretemps, se relever progressivement du bouleversement sociopolitique, consécutif à l’effondrement du système soviétique. Par ailleurs, de nouvelles puissances (Chine, Inde) sont en train d’émerger.
Tout cela a pour conséquence le rétrécissement de la marge de manœuvre des puissances occidentales provoquant par exemple une défiance des peuples contre l’Europe des monopoles (rejet du traité de Maastricht, Podemos, Syriza…), sans pour autant réussir, pour le moment à trouver les voies et moyens pour édifier une Europe des peuples.
Bien au contraire, ce sont les forces d’extrême-droite, qui semblent avoir le vent en poupe, jusques et y compris au niveau de l’Allemagne où le cloisonnement géographique par un mur ou une frontière a été remplacé par des clivages sociaux persistants de telle sorte que 29 ans après, certains citoyens est-allemands frustrés se demandent s’il ne faudrait pas rebâtir le mur de Berlin.
FIN D’UN CYCLE POLITIQUE EN ALLEMAGNE
De fait, l’évolution politique de l’Allemagne, ces dernières années, surtout après les législatives de septembre 2017, suscite de nombreuses interrogations. Les observateurs politiques sont unanimes pour constater que l’Allemagne, 13 ans après l’accession d’Angela Merkel au pouvoir, se trouve à la fin d’un cycle politique. En effet, la configuration politique est caractérisée par la perte de vitesse des partis CDU/CSU et du SPD, qui ont dominé la vie politique dans l’Allemagne d’après-guerre. Depuis la signature du contrat de coalition, au cours du premier trimestre de 2018, les choses n’ont fait que s’aggraver jusqu’à atteindre, durant le mois d’Octobre dernier, des seuils alarmants en Bavière et en Hesse, contraignant ainsi la chancelière préférée des Allemands à annoncer sa démission de la tête de la CDU et le fait qu’elle ne se représenterait pas aux prochaines élections de 2021.
Dans le même temps, on observe une percée des Verts, portée, certes, par l’angoisse des citoyens face aux dérèglements climatiques qui menacent notre planète. Mais il y a aussi cette fraîcheur et cet esprit d’innovation, dont ils font montre, par rapport à la vieille garde politique sclérosée de la grande coalition (Groko), empêtrée dans un immobilisme navrant.
C’est précisément cette absence de réactivité face à la crise migratoire et la confusion des positions politiques consignées contrat de coalition qui ont fini de pousser des citoyens déboussolés dans les bras de l’AFD (Alternative pour l’Allemagne), maintenant représentée dans tous les parlements des 16 État-Régions (Länder). Cette extrême-droite se renforce davantage en Allemagne de l’Est et devient de plus en plus agressive, comme on l’a vu lors des évènements de Chemnitz, en septembre dernier.
Y-A-T-IL UN CONFLIT MÉMORIEL AUTOUR DU 9 NOVEMBRE ?
Tous les démocrates, citoyens et citoyennes épris de paix se rappellent d’autres évènements douloureux, ayant eu lieu, comme par coïncidence, un 9 novembre. Il s’agit du putsch de la Brasserie du 9 novembre 1923 conduit par Adolf Hitler et de la lugubre Nuit de Cristal, survenue le 9 novembre 1938, qui a donné lieu à des pogroms anti-juifs avec des centaines de morts.
Si on ne peut que se féliciter de la réunification géographique de l’Allemagne, il faut aussi déplorer, que les bourgeoisies des pays occidentaux, aient profité de l’affaiblissement politique des pays, se réclamant du socialisme, pour conduire des politiques agressives, de destruction accélérée de leurs économies, pour les dominer et les intégrer dans leurs alliances militaires.
Face à cette politique d’asservissement des peuples européens, en deçà et au-delà de ce que fut le mur de Berlin, similaire à la démarche nazie d’oppression, de persécution voire de génocide des peuples, parler de conflit mémoriel, notamment entre la Nuit de cristal et la chute du Mur peut s’avérer laborieux.