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Guerre Au YÉmen, Macky Doit Des Excuses Au Peuple SÉnÉgalais

Guerre Au YÉmen, Macky Doit Des Excuses Au Peuple SÉnÉgalais

Il est dit que les Sénégalais ont la mémoire courte, mais ont-ils déjà oublié les longs mois durant lesquels SEM Macky Sall avait tenu le pays en haleine avec sa décision d’hypothéquer, contre vents et marées, la vie de 2100 soldats en les livrant à l’Arabie saoudite en « guerre » au Yémen ?

C’était en 2015. Le Yémen, République souveraine, était en pleine effervescence. Le président Saleh était chassé du pays lors du « printemps arabe » de 2011, après 34 ans de règne. Son vice-président, Hadi, choisi pour une période de transition de deux ans, resta quand même au pouvoir après ce délai. Une partie de la population, tantôt qualifiée de « rebelles », tantôt de « milices », tantôt d’« opposants », prit les armes et l’obligea à aller se réfugier en Arabie Saoudite. Sa Majesté le roi Salman décida alors d’envahir le Yémen pour remettre les rênes du pays à Hadi. On parlait aussi de sunnites et de chiites, d’Iran et de terrorisme, de tout et n’importe quoi, mais ce n’est pas ce qui nous concerne.

L’Arabie saoudite, grande puissance militaire, soutenue par les États-Unis et leurs acolytes européens et moyen-orientaux dont un qu’on n’ose pas nommer, s’est alliée avec d’autres puissances pour assaillir le Yémen, un des pays les plus pauvres de la planète. Ces gens qu’ils attaquent n’ont même pas d’aviation. Les massacrer par des raids aériens est aisé. Par contre, les contrôler au point de leur imposer un dirigeant nécessite la présence de troupes au sol, et par conséquent des morts dans les rangs des envahisseurs. Cette invasion ne faisant pas l’unanimité dans son royaume, Sa Majesté savait que sacrifier des soldats saoudiens n’allait pas arranger les choses. Trouver une solution était facile : l’Afrique est là, avec des chefs d’États « amis » prêts à transformer leurs soldats en mercenaires. De la chair à canon à gogo.

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Macky avait tout de go proposé des milliers de jàmbaar. Et pour convaincre une partie de ses compatriotes, il avait joué la carte de l’obscurantisme, « tuur lëndëm ». Sachant la place que l’islam occupe dans le cœur de l’écrasante majorité des Sénégalais, il avait émis des phrases très orientées. « L’Arabie saoudite est le pays où le prophète Muhammad (Psl) est né et est enterré. (…) La Mecque et Médine s’y trouvent. Donc si ce pays a des inquiétudes sur sa sécurité, et demande l’aide de ses amis, le Sénégal ne reculera pas. » « Si les lieux saints sont menacés, nous verrons ce qu’il y aura lieu de faire »… En vérité, ce pays était l’agresseur et non l’agressé. Sa sécurité n’était pas menacée, les lieux saints encore moins. Macky devait bien le savoir. D’ailleurs, il était le seul au monde à avancer de tels arguments. Même l’ambassadeur saoudien aux États-Unis avait diplomatiquement expliqué : « l’objectif est de défendre le gouvernement légitime du président Hadi de tentatives de prise de pouvoir par des milices houthistes au Yémen. » Quand bien même la légitimité de ce gouvernement reste discutable, il est clair que l’objectif n’avait rien à voir avec la protection de la Mecque ou des lieux saints de l’islam. Aussi, signalons que les Yéménites sont arabes et musulmans. Les Saoudiens et les Sénégalais ne sont pas plus croyants qu’eux.

Néanmoins, le chantre de la laïcité maçonnique qui semble servir Dieu et Satan en même temps, avait fait le tour des fiefs religieux musulmans, Touba, Tivaoune, Ouakam, Medina Baay… Des marabouts avaient formulé des prières. Quel mouride, tidiane, layène, niassène…, s’opposerait à ce que son fils aille, en vrai djihadiste malgré la tenue militaire, défendre les lieux saints de l’islam avec la bénédiction de son marabout ? S’il meurt, pourrait-on croire, il est martyr et va directement au paradis. Même pas besoin de le laver. Mais le Sénégal a-t-il une armée musulmane ? A-t-il sa place dans une coalition musulmane qui attaque un pays de musulmans, une coalition arabe qui attaque un pays arabe ? Des Sénégalais s’y étaient opposés. Macky n’avait que faire de leurs opinions. « Le chef suprême des armées a décidé. Un point, un trait. Pas de discussions là-dessus. Ça doit être entendu par tout le monde », avait-il tranché d’un ton péremptoire, en monarque absolu. Dieu merci, les soldats ne sont pas encore partis.

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Au fil des mois, des années, malgré la rareté des informations, on s’est aperçu que ce dans quoi le président de la République voulait coûte que coûte entrainer le Sénégal n’est qu’un carnage épouvantable mesquinement appelé « guerre », un génocide qui ne dit pas son nom. Depuis mars 2015, les bombes pleuvent intensément sur le Yémen. La « coalition arabe » vise des combattants mais aussi et délibérément des ports, des usines, des infrastructures d’eau, des bâtiments résidentiels, des marchés, des hôpitaux, des écoles, des prisons, des hôtels, des mosquées (oui, vous avez bien lu), des véhicules de transports en commun, des manifestations civiles comme des mariages et des funérailles… Peut-on cautionner cela ou y participer au nom de l’islam ? On parle aujourd’hui de plus de 60 000 morts, principalement des civils. En plus des bombardements, il y a la famine, le choléra et d’autres épidémies qui font des ravages. Les enfants tombent comme des mouches. Il est rapporté que toutes les dix minutes, un enfant meurt au Yémen. L’Onu a accusé la coalition dirigée par Riyad d’entraver l’aide humanitaire et de crime de guerre contre les enfants. La pire crise humanitaire au monde. Ey waay, Macky, xanaa amoo doom ?

Ces dernières semaines, l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi qui a choqué le monde tout entier a forcé certaines personnalités à parler de ce qui se passe au Yémen. Des images de l’horreur sont enfin montrées. Silence radio au Sénégal de Macky Sall alors que même dans les pays fournisseurs d’armes à l’Arabie saoudite et ses alliés, l’indignation prend de l’ampleur.

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Franchement, si le président Sall a des conseillers sincères et courageux, qu’ils lui disent de présenter des excuses au peuple sénégalais avant de remuer ciel et terre pour rester le chef suprême des armées. Mais peut-on encore lui confier cette lourde et très sérieuse responsabilité ?

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