La journée du 10 novembre 2018, dédiée aux forces armées, a vécu. La vaillante Armée nationale a présenté ses plus beaux attributs aux plus hautes autorités de la République ainsi qu’au Peuple sénégalais tout entier. Le thème choisi, «L’Armée, un exemple dans l’éducation à la citoyenneté et à l’unité nationale», est d’une actualité brûlante. Il vient à son heure. En effet, si l’Armée était déjà connue et reconnue pour son rôle dans la préservation de l’unité nationale, sa place dans l’éducation des jeunes, notamment celle à la citoyenneté et aux valeurs civiques, pourrait apparaître comme une nouvelle dimension de sa mission au service de la Nation.
Au moment où les valeurs civiques et morales tendent à s’effriter, il conviendrait de mieux mettre en évidence la dimension éducative de l’Armée dans l’évolution du Sénégal. L’éducation est en effet connue pour être le meilleur levier pour façonner la communauté idéale, en agissant à la fois sur les citoyens, les dirigeants politiques, administratifs, religieux et coutumiers.
Dans la vie sociale, il y a complémentarité entre l’individu, la famille et la cité. C’est pourquoi le concept Armée-Nation, déjà bien connu au Sénégal, doit davantage être véhiculé pour faire de l’Armée un véritable acteur du développement économique et social. Elle pourrait en effet agir directement sur certains secteurs de l’économie par l’aménagement des territoires, la production et la formation, mais aussi par une participation directe à l’éducation des jeunes, aussi bien dans les écoles que les universités. Elle contribuerait ainsi directement à la croissance économique et au développement, et participerait à la construction de citoyens pouvant devenir eux-mêmes des acteurs de développement. En jouant ce rôle de catalyseur, elle deviendrait ainsi non pas seulement la garante de la sécurité et de l’unité nationale, mais serait aussi un pilier du Sénégal et de l’émergence du pays et de la sous-région.
Si le rôle du citoyen est de se préoccuper de la bonne marche de la cité et de travailler à lui donner un avenir meilleur, il est facile de reconnaître que les conditions actuelles de l’exercice de la citoyenneté au Sénégal ne sont pas appropriées. Il n’existe pas de projet politique et social consensuel et porté par l’ensemble de la société pour concevoir et produire le citoyen que nous désirons voir émerger. L’Armée doit donc être mise à contribution pour construire ce citoyen de type nouveau. L’erreur commise jusqu’ici a été de croire que l’éducation et la formation ne peuvent être dispensées qu’à travers les canaux classiques des écoles, des instituts de formation et des universités. En mettant en place un projet de service militaire adapté aux conditions actuelles du pays et graduellement mis en œuvre dans la jeunesse, les camps militaires pourraient aussi devenir des espaces d’éducation et de construction des Sénégalais de demain, imbus des valeurs éthiques et morales, et respectueux des normes de comportement fondées sur le civisme, le patriotisme et la citoyenneté.
Dans un monde marqué par l’individualisme et la promotion des contre-valeurs, le civisme et la citoyenneté seront pour notre pays, le Sénégal, le meilleur rempart pour préserver les équilibres intérieurs et extérieurs, sauvegarder la Nation et garantir son développement. Le pays, son drapeau, son hymne, ses sceaux et symbole, ses institutions, son patrimoine matériel et immatériel et ses biens doivent être connus, aimés, préservés et protégés par chaque citoyen. Nul, mieux que l’Armée, ne peut faire comprendre et accepter ces messages. La rigueur et la discipline qui sont encore parmi les principes les plus forts dans l’Armée doivent aussi devenir un principe de base dans la société sénégalaise, si nous voulons nous donner des chances de compter dans ce concert des Nations. C’est uniquement par le civisme et notre volonté ardente de promouvoir notre vivre ensemble harmonieux que nous pourrons préserver notre unité et atteindre notre émergence. Il n’y aura pas d’autres voies.
Les lois du Sénégal doivent engager tout le monde, des dirigeants aux citoyens à la base, à adopter les ruptures qui permettront d’inscrire la République sur une nouvelle trajectoire du développement. Le lien entre l’Etat et le citoyen est sous-tendu par un tissu de droits et de devoirs que chaque partie doit respecter sans aucune possibilité de s’y soustraire. L’Etat doit reconnaître et préserver tous les droits des citoyens, y compris ceux concernant l’éducation, la santé, l’environnement, l’emploi et le développement. Les citoyens doivent assurer leurs devoirs de respecter les lois et règlements et de travailler sans relâche pour participer au progrès collectif.
C’est à ce prix que les Sénégalais continueront à vivre ensemble, dans l’harmonie, sur le territoire de la République, une et indivisible.