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Le Gamou, Une Ancienne Fête Païenne Devenue Musulmane

Le Gamou, Une Ancienne Fête Païenne Devenue Musulmane

Le Mawloud ou Mawlid est la célébration de la naissance du prophète Mouhamed (Psl), communément appelé Gamou au Sénégal. Un événement religieux d’envergure, que Seydia El Hadj Malick Sy (1855-1922) fut  sans doute l’un des premiers à célébrer au Sénégal, plus précisément à Saint-Louis en compagnie de son grand moukhadam El Hadj Rawane Ngom .

Le Gamou était une fête païenne, que Seydina  El Hadj Malick Sy a réussie avec  sa politique d’inculturation  de l’islam à transformer en un moment d’adoration et de louanges du Prophète Mohamed PSL.

Au niveau de tous les royaumes de la Sénégambie (Walo, Diolof, Baol, Cayor, Sine,et du  Saloum,) ,les souverains organisaient une fête nationale ,chaque année appelée Gamou Ndiourbel, Gamou Mboul  , Gamou Lambaye  , Gamou Kahone etc… selon le nom de la capitale.

Le Roi (Brack, Damel ,Bourba ou Teigne) certes avait le commandement suprême du pays, n’était en fait, chargé d’aucune administration active directe.

Par exemple,  le royaume Wâlo était divisé, en de petites seigneuries, gouvernées par des chefs appelés Kangame ; tous sous l’autorité du Brack. Chaque année, pendant les fêtes du Gamou, qui se passaient d’abord à Ndyourbel, puis à Nder (résidences successives des Brack), tous les Kangame étaient tenus de se présenter devant le Brack et d’assister à ces fêtes, lesquelles se déroulaient en l’honneur et en présence du Brack et de sa famille. Les jours du Gamou étaient les seuls de l’année où le Brack était tenu de sortir et de se montrer à la vue  de son peuple . L’absence, non justifiée d’un Kangam ou d’un dignitaire, à ces fêtes, était punie de la destitution, ou même, quelquefois, de la peine de mort (en 1724 le Béthio Malikhoury DIOP qui refusa pendant plusieurs années de se présenter au Gamou, fut condamné et exécuté par le Brack Yerim Mbagnick Aram Bakar MBODJ).

En même temps qu’ils venaient assister au Gamou, les Kangam devaient apporter au Brack les impôts collectés par eux  au courant de l’année. Le partage des revenus collectés  de l’année se faisait comme suit : un tiers au Brack ; un tiers à l’Assemblée des Sêb-ag-Baor, autrement dit les Dyogomaye, Dyawdine et Maalô; un tiers pour pourvoir aux frais occasionnés par les coûteuses fêtes du Gamou.

Pendant toute la semaine, des libations se faisaient avec les canaris remplis de poukh (bière de mil) et des centaines de bœufs étaient immolés .Les mœurs étaient relâchées et à l’intérieur des groupes statutaires, on pouvait  changer fréquemment  de partenaires, sans heurter la morale.

Chaque jour, de la période du Gamou, le Roi était réveillé aux sons des Dioung dioung  et des trompettes du Fara Boufta ; sortant de  sa résidence, après le lever du soleil  il se montrait à son  peuple, chevauchant un cheval de  race pur-sang joliment harnaché. Ces sorties du roi étaient très périlleuses ; car il s’exposait à des tentatives d’attentat ou de coup d’état. Ainsi lors des cérémonies du Gamou Ndiourbel de 1697, en complicité avec le Diawdine Tagne Guilé (Président du Sénat) Yerim Mbagnick Aram Bakar et ses frères attaquèrent  le Brack Beur Thiaka qui fut battu et contraint à l’exil au Fouta ;

Divers jeux se déroulaient pendant les fêtes du Gamu, qui duraient toute une semaine .Pour le peuple, au son des tam tam lambe , des jeux de lutte étaient organisés, opposant différentes écuries des villages et des provinces ; ainsi que des courses de pirogues des bœufs étaient offerts par le souverain en guise de trophée  .

Pour les princes et leurs suites, il y avait des courses des chevaux,  des concours de tir  et le jeu de balle (Kouppa) ; l’animation était assurée par des chœurs de griots appelés Mbabors, qui rivalisaient de chants de Bacque , de Ndjinn au son des  tam tam Gorong .

C’est lors d’un jeu de balle de Kouppa, pendant un  Gamou à Ndiourbel (actuellement Rosso Mauritanie), que le fils du Brack Yêrim Mbagnick NDoye Demba MBODJ (1390-1397) fut éborgné par un membre du clan GAYE.

Face à la vindicte et à la furie du roi, la famille GAYE se réfugia auprès de Bira WADE qui portait le titre nobiliaire de Bey Lawar qui, la protégea et prit les armes contre le Brack.

Vaincu par le Brack, le Bey Lawar Bira WADE, et la Famille WADE se réfugièrent au Fuuta avec ses alliés GAYE chez le Farba Waalalde Dyasali Biram Mbagnick DIENG qui les accueillit. Très pieux Bira WADE, et sa famille s’étaient installés prés d’une termitière .Ainsi son nom de famille WADE sera transformé en WANE en souvenir de la termitière (Waande en poular)

Certains membres des familles GAYE et WADE, ne suivirent cet exode vers le Fouta, mais s’établirent plutôt sur la rive droite du fleuve Sénégal en Mauritanie au village de Thiénou et fondèrent aussi les villages de Ady et de Lawar. D’autres membres de la famille Gaye, vont continuer leur pérégrination, jusque dans la langue de Barbarie pour fonder le village de Tyéme actuellement cimetière de Guet Ndar en face de l’île de Saint Louis.

Lors du Gamou ,en  debut d’après midi une danse de  sabar était organisée  pour les femmes du peuple qui pouvaient se permettre des poses lascives .En fin d’apres midi, les Linguères accompagnées de leur suite appelée N’Ganghore étaient annoncées au son des tam tam Gambénes uniquement reservés pour elles Portant de lourdes parures d’or , ce n’est qu’en fin de soirée que les Lingueres une par une entraient  dans la scene pour danser devant le roi , les pas de  Gadio au son des tama tam Gambéne  et Ndiagabar

Cette batterie de tam tam était accompagnée de chants aussi élogieux qu’harmonieux, entonnés par les N’Ganghore, guidés par les griottes qui se trouvaient parmi elles.

 

C’est lors d’un de ces gamou,en 1749 au cours d’une fête  Ndadaly organisée à Nder ,en l’honneur des épouses du Brack, qu’un incident opposa la linguere Bigué Ngoné NDAO à sa coépouse  la Linguère awo Gueth Warakh Tagne MBODJ .

Dans sa précipitation d’aller à la fête la Linguère adior n’avait pas fini ses tresses et avait la tête mal coiffée  ébouriffée ce  qu’elle cachait sous un  foulard.

A l’annonce des  baks de sa famille par ses griots, elle s’avança dans le gew pour effectuer  ses pas de danse de  Gadio. Sa coépouse Linguère Gueth Warkha Tagne Mbodj  envoya une de ses suivantes arracher le foulard de  sa tête mettant ainsi  à nue sa tête hirsute. Humiliée et furieuse, elle quitta le khawaré avec sa suite pour  aller se plaindre auprès de son époux le Brack  Ndiack Aram Bakar MBODJ,qui fit la sourde oreille : blessée dans son orgueil, elle quitta le domicile conjugal à Nder pour rejoindre son fils ,le Damel Maissa Bigué Ngoné FALL au Cayor.

Emportée par sa colère, la Linguère lors de son départ précipité,  oublia d’amener dans ses bagages  ses deux œufs d’autruche, qui contenaient toutes ses parures.

Son fils le Damel Maissa Bigué Ngoné,  qui envoya plusieurs émissaires en vain  auprès du Brack  Ndiack Aram, afin de récupérer  les précieux œufs, se résolut à déclarer la guerre au Walo pour l’offense faite à sa mère.  Il sera battu à Ndoop, près de Gandiol  par le Brack qui installa au trône du Cayor le Dorobé Mahwa Mbatio Samb Fall ,qui pendant de longues années s’était refugié au Walo auprès de lui.

En fin de soirée en guise de decoration, le Brack faisait battre le dioung dioung pour honorer quelques unes de ces Lingueres .

Mais auparavant, les Kangam, à tour de rôle, entraient dans le cercle pour prendre la parole, tenant la lance traditionnelle, saluant le Brack  avec une inclinaison des genoux.

Le Kangam qui s’adressait au Brack, lui confirmait ses sentiments d’amour et de fidélité à sa cause, pendant que les griots chantaient ses louanges et rappelait les liens de parenté qui les unissaient. La cérémonie durait toute la nuit jusqu’à l’aube. Le Brack après avoir comblé de dons les Gniégnios, se retiraient au son des clairons du Fara Boufta et les battements des tam tam du Mbangoudjié

Pour clôturer la manifestation du Gamou, le Brack à travers son porte parole le Mipp annonçait les nominations et destitutions des kangams .

Ainsi était organisé le Gamou païen ; laissons à  Pape HANNE et à Irane NDAO ,le soin de nous raconter l’histoire du Maouloud, héritier du Gamou qu’il n’a pas complètement remplacé du fait de la continuité historique.

Amadou Bakhao Diaw

L’article Le Gamou, une ancienne fête païenne devenue musulmane .

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