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Cette Instance Onusienne, Karim, La Justice SÉnÉgalaise Et Nous

Cette Instance Onusienne, Karim, La Justice SÉnÉgalaise Et Nous

Ils veulent que le Sénégal légalise l’avortement et cela même pour les filles de moins de 16 ans, ils veulent que le Sénégal dépénalise la prostitution et ils veulent aussi que les parents divisent les tâches ménagères de manière égale entre garçons et filles…

« La déclaration de culpabilité et de condamnation contre Karim Wade doit être réexaminée », nous dit cette instance onusienne.

Cette instance onusienne ?

« Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) représente l’engagement du monde envers les idéaux universels de la dignité humaine. La communauté internationale nous a confiés un mandat unique, celui de promouvoir et protéger tous les droits de l’homme. »

Ce n’est pas la première fois que cette instance se prononce sur divers sujets dans notre pays car en 2012 ils avaient fait un rapport sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement – Mission au Sénégal (du 14 au 21 novembre 2011). A la fin de leur étude, ils ont fait certaines recommandations : Assurer la transparence du processus, en cours, de réexamen des contrats régissant la concession au secteur privé des services d’approvisionnement en eau et une large participation de la population à ce processus ; mobiliser les ressources financières nécessaires pour améliorer l’accès à l’eau comme à l’assainissement par l’intermédiaire de financements nationaux et internationaux ; une attention particulière doit être portée à la réalisation des engagements pris en ce qui concerne le secteur de l’assainissement.

En Avril 2016 ils avaient aussi fait un rapport concernant « le Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique sur sa mission au Sénégal ». A la fin de leur étude, ils ont eu quelques recommandations à l’égard des femmes au Sénégal : ils veulent que le Sénégal légalise l’avortement et cela même pour les filles de moins de 16 ans, ils veulent que le Sénégal dépénalise la prostitution et ils veulent aussi que les parents divisent les tâches ménagères de manière égale entre garçons et filles.

Ils ont eu à faire d’autres études au Sénégal et pourtant nous n’avons pas entendu autant de bruit que sur le cas de Karim Wade. Est-ce parce que les élections sont proches ou bien parce que les Sénégalais sont devenus des professionnels du flip flop ?   

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Karim Wade ?

Titulaire d’une maîtrise en sciences de gestion et un DESS en ingénierie financière, il sera le conseiller du président Wade, son père. Il occupera ensuite plusieurs postes ministériels, ce qui lui aurait valu le titre de « ministre du ciel et de la terre ou super-ministre ». Le 23 mars 2015, il sera condamné à 6 ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d’amende pour enrichissement illicite. Il sera gracié par décret (2016-880) la nuit du 24 juin 2016 après 38 mois passés en prison. Il s’exilera au Qatar et certains diront qu’il n’est pas éligible à cause de la condamnation et d’autres diront que pour être président de la République du Sénégal, il faut être exclusivement Sénégalais, ce qu’il niera auprès de la juge Berthezen. Article 23 : « Tout candidat à la présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques et être âgé de 35 ans au moins ». Quand son père fit venir les Sénégalais de la diaspora pour venir intégrer son gouvernement, Moustapha Niasse qui fut le Premier ministre dit au président Wade : « Vous ne pouvez pas laisser votre fils hors du Sénégal ». Il le fit venir et le nomma conseiller spécial qui supervisa les plus grands projets du Sénégal. Il occupa quatre postes ministériels : la Coopération internationale, les Transports aériens, les Infrastructures et l’Aménagement du territoire, ce dernier portefeuille fut échangé par le portefeuille de ministre de l’Energie. Cela lui valut le surnom de « ministre du Ciel et de la Terre ou super-ministre ». Son père lui disait : « Je dirai à ta maman que tu as bien travaillé !» Il a été condamné et gracié et une grâce ne s’octroie qu’après avoir introduit une demande. Le recours en grâce est adressé au président par le condamné, un membre de sa famille ou ses avocats. Vu que le décret n’est pas publié, nous ne pouvons pas en savoir les détails mais nous savons que quelqu’un dans le camp du condamné a introduit une demande de grâce.

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 La justice Sénégalaise ?

Aristote disait que « ce sont toujours les plus faibles qui aspirent au droit et à l’égalité, les plus forts ne s’en soucient pas ». Selon M. Ismaila Madior Fall ministre de la Justice, il y a 10 350 prisonniers au Sénégal. Parmi ces prisonniers, 60% sont condamnés, 40% sont en détention préventive et 10% sont des femmes. Il nous rappela aussi qu’une détention est jugée longue quand elle dépasse deux ans. N’oublions pas que chaque citoyen a le droit d’être jugé dans un délai raisonnable. Selon toujours le ministre de la Justice, le Sénégal compte 358 avocats dont 20 hors de la région de Dakar. Le ratio avocat/justiciable est loin de se conformer aux standards internationaux. Analysant ce que le ministre a dit, comment serait-il possible que tous les citoyens puissent avoir droit à un avocat durant leur garde à vue ? Est-ce que le droit de ces citoyens n’est pas atteint et que tous ces citoyens qui n’ont pas été assistés durant la garde à vue doivent contacter la CEDEAO/cette instance onusienne pour atteinte à leur droit ? Est-ce que ce n’est pas avoir deux poids deux mesures ? Je pense humblement que ceux qui sont analphabètes et ceux qui ne connaissent pas leur droit doivent être plus protégé par la loi qu’un maitrisard en droit constitutionnel. Comme le ministre de la Justice l’a si bien dit, notre ratio avocat/justiciable est loin de se conformer aux standards internationaux. Néanmoins, nous ne devons pas accepter qu’une institution soit au-dessus de notre justice. Soit on fait confiance à notre justice soit on procède à une reforme totale pour que nous puissions faire confiance à notre justice. A titre d’exemple la CEDH (cour européenne des droits de l’homme) a été critiquée par le général De Gaulle, ne reconnaissant pas vraiment la compétence de cette Cour européenne car aucune institution ne doit être au-dessus du peuple : « En France, la seule cour suprême, c’est le peuple français ». Pour le groupe Plessis, « la CEDH, de par ses multiples intrusions au cœur même de la légitimité politique, pose un véritable problème démocratique. Pour cette raison, en sortir serait un impératif démocratique ». Nous devons respecter la justice de notre pays malgré ses carences. Combien de fois des opposants politiques qui accusaient la justice ont eu à la défendre une fois au pouvoir ?

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C’est marre !

Et nous ? N’a-t-on pas assez de parler de politique alors que la population souffre ? Combien de personnes sont souffrantes mais ne peuvent même pas aller à l’hôpital pour se soigner pendant que nos dirigeants et leur famille se font soigner en Europe, Amérique … ? Nos hôpitaux publics, dois-je les appeler les antichambres de la morgue ? J’accuse ces dirigeants qui nous disent que l’éducation de notre pays se porte très bien et qui envoient leurs enfants à Harvard, Laval, HEC Paris… Ceux qui n’ont pas les moyens d’en faire autant enverront leurs enfants dans nos universités publiques où la chance d’être tué par balles est plus grande que finir tout son cursus universitaire. J’accuse tous ceux qui ont mis leurs intérêts personnels en avant d’être responsables de la mort de ces jeunes qui ont voulu traverser la Méditerranée à la recherche d’une meilleure vie. Quelles mesures préventives ces dirigeants ont-ils prises pour empêcher cela ? Ils ont rempli leurs comptes bancaires de milliards et sont détenteurs de multiples titres fonciers alors que leur population meurt de faim. J’accuse ces dirigeants qui ne créent pas d’emplois et ne soignent pas la population puis viennent les tympaniser quand il s’agit de voter pour eux. Il est temps que cette classe politique, qui ne représente qu’une infime partie d’un grand tout, pense à nous la population et ait pitié de nous au lieu de nous tympaniser alors que nous ne vivons pas dignement.

J’accusais, j’accuse et j’accuserai jusqu’à ce que naître au Sénégal, grandir au Sénégal et réussir au Sénégal devienne une réalité et que nous devenions un modèle de développement dans tout le continent. Aimons notre Sénégal et apprenons nos enfants à être fiers d’être Sénégalais.

Cheikh Ahmadou Bamba disait que “Le règne de l’Erreur est d’un instant, celui de la Vérité perdurera jusqu’à l’Heure » et « la vérité s’éternise, alors que l’Erreur, même au paroxysme de la célébrité, finit par s’évanouir et déchoir. »

Mohamed Dia est Consultant bancaire

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