L’affaire Carlos Ghosn chez Renault-Nissan nous apprend qu’au Japon la corruption ne reste pas impunie, mais nous montre surtout la démesure du monde capitaliste et la relation fanatique du pouvoir et de l’argent.
Coup de tonnerre, tremblement, tsunami… l’homme qui voulait encore plus que ses 130 millions d’euros gagnés, qui voulait être plus riche que le Roi, a porté atteinte au symbole même du pouvoir politique : la richesse.
L’argent est devenu une donne incontournable du jeu politique de nos jours, encore plus en Afrique. C’est l’argent qui confère le véritable pouvoir au sein des castes et confréries sociales, religieuses ou culturelles.
Prends l’oseille et mire-toi ! L’égocentrisme clinquant de nos dirigeants depuis nos indépendances, les éloigne de plus en plus des préoccupations et du sort de leurs populations.
Vous me direz, de tous temps le pouvoir politique a accaparé les richesses. Les pharaons égyptiens accumulaient les trésors pour pouvoir engranger des réserves alimentaires et les redistribuer au peuple les années de disette, détenant ainsi sur lui le droit de vie ou de mort.
En d’autres temps, les seigneurs archaïques conquéraient leurs terres par la force et garantissaient la sécurité au peuple contre les attaquants ennemis moyennant la dime et l’impôt.
Puis, la Révolution Française de 1789, tenta d’instituer un pouvoir politique au service du peuple, bienfaisant et incorruptible. Mais pour combien de temps ? C‘était sans compter sur la cupidité atavique du genre humain et son attraction pour l’argent, qui permet à des égoïstes d’exploiter la souffrance d’autrui, en leur faisant faire des choses indignes, comme travailler sans repos contre à peine de quoi se nourrir.
Décidément, argent et politique font rarement bon ménage mais ne peuvent pourtant s’ignorer l’un l’autre.
L’argent, est-il devenu la seule valeur dans notre société ?
On se moque trop facilement des chefs d’Etat africains, dont le seul but est de se constituer d’immenses fortunes personnelles aux dépens de leurs peuples maintenus dans la misère.
Mais honnêtement, où voyez-vous parmi les 300 partis politiques qui composent le paysage électoral sénégalais, la volonté d’aider l’autre, de servir une cause juste ou de partager… tout ceci leur semble totalement étranger. J’ose ici l’exprimer, les trois moteurs des hommes politiques de notre pays, c’est la caisse, la caisse et la caisse ! Et quand ce n’est pas pour eux-mêmes qu’ils en pincent, c’est pour le « fils du prince ».
Pourquoi les jeunes chez nous se détournent-ils de la politique ? Ne vous posez plus la question ! Cela n’est pas du désintérêt bien au contraire, ils souhaitent plus de démocratie et aimeraient mieux en comprendre le fonctionnement ou les dysfonctionnements.
Petite note positive tout de même. Selon l’agence Transparency International, au sein de la lutte contre la corruption en Afrique, le Sénégal serait parmi les meilleurs élèves du continent. Il se présente à la 8ème place des meilleurs pays africains et n’est devancé que par le Botswana, le Cap Vert, le Rwanda, la Namibie, l’Ile Maurice, Sao Tomé et Principe.
Alors qu’en 2012, le Sénégal ne rassemblait que 36 points, le plaçant à la 93e position mondiale, en 2017, le pays de la Teranga est à la 66e position avec 45 points. Le président Macky Sall a déployé des efforts importants pour lutter contre la corruption au Sénégal, y compris la création de plusieurs agences de lutte contre la corruption.
C’est sûrement un bon début. Trouvera-t-il le courage s’il est réélu, de redistribuer les cartes de la répartition des richesses et du ruissellement économique ? C’est aussi ça l’enjeu et c’est ainsi dès l’origine, une histoire françafricaine.