Son discours populiste accroche, surtout certaines personnes non averties. Il nous rappelle certaines figures connues en Afrique : Sékou Touré, Charles Blé Goudé et autres qui tenaient ces mêmes diatribes. Ce populisme qui porte les germes d’une rupture dangereuse et source de maints déséquilibres pour nos fragiles démocraties.
Je l’ai entendu dire : « Si je suis élu je sors le Sénégal du franc CFA, je romps les contrats signés sur le pétrole et le gaz, j’élimine toutes les exonérations fiscales. »
Pour ceux qui ne maîtrisent pas ces sujets, cela semble simple à faire et bénéfique pour le pays. Toutefois, l’ignorant, au sens premier du terme (celui qui ignore une chose parce qu’il ne la pratique pas), pense comme dans la simplicité de son raisonnement que tout ceci se fait du jour au lendemain par un coup de baguette magique suivant le bon vouloir d’un président.
Prenons la première idée très à la mode, de dire qu’il faut sortir de la Communauté financière africaine. Sur cette question, beaucoup d’économistes sont d’accord sauf que tout le monde reconnaît que le Sénégal à lui tout seul courrait un risque important en décrétant sa sortie unilatérale de ladite communauté monétaire.
Ce pourfendeur aux thèses nihilistes est censé savoir qu’une monnaie purement sénégalaise n’a aucune chance de garantir sa convertibilité vis-à-vis des autres monnaies et mènerait à coup sûr à un choc systémique dans notre économie qui demeure extravertie. Par ailleurs, le risque d’inflation serait énorme et annihilerait tous les efforts qui ont permis de la maîtriser et d’aboutir à un équilibre budgétaire ainsi qu’à un taux de croissance continu depuis 2012. Une monnaie commune ouest-africaine soutenue par des économies nationales fortes est envisageable sous réserve que les pays jouent le jeu et arrivent à s’entendre sur les critères de convergence. Sous ce rapport il est clair que cette déclaration relève plus d’un populisme et n’est soutenue par aucune réflexion scientifique sérieuse.
Sur les contrats déjà signés par le Sénégal et concernant les mines, il sait plus que quiconque que remettre en question des contrats signés par un gouvernement élu par les Sénégalais ne sera nullement bénéfique pour son peuple puisque cela engendrerait des contentieux devant les tribunaux internationaux et des condamnations à coups de milliards que le Sénégal devra payer en puisant surement tout son pétrole et son gaz. Au surplus, tout l’environnement des affaires que l’on a réussi à assainir avec tant d’efforts année après année sera complètement déconstruit et le Sénégal ne sera plus un pays considéré comme business friendly.
Sur les exonérations fiscales, sachant que la fiscalité fut son domaine de prédilection, l’honnêteté voudrait qu’il soit plus exhaustif et plus transparent dans ses déclarations. En effet, il convient d’identifier celui qui bénéficie de ces exonérations. L’ancien inspecteur des impôts sait pertinemment que sur les 500 milliards qu’il indexe, une bonne partie est constituée des facilités faites à des entreprises pour favoriser l’investissement nécessaire à la création d’emplois, sujet qui lui tient à cœur si on peut encore se fier à ses dires qui très souvent manquent de suite et de cohérence. Une autre partie de ces exonérations est liée à des besoins sociaux fournis par des tiers que l’Etat accompagne en tant que service public. Enfin, il en est une partie liée à des réalités sociales qu’il n’oserait et ne pourrait jamais remettre en question même s’il devenait empereur au Sénégal. Par conséquent, nous attendons qu’il nous dise qui bénéficie vraiment de ces avantages fiscaux.
Il faut arrêtez de berner le peuple par vos discours populistes. M. Sonko, vous n’êtes pas plus patriote que les autres et le Sénégal n’a pas besoin de votre nationalisme exacerbé d’autant que cela n’a jamais donné de résultats probants, la Guinée et la Côte d’Ivoire constituent des exemples proches dans le temps et dans l’espace.
Que Dieu nous préserve de tout cela mais aussi d’être fusillés.
Bocar Ly est président du conseil de surveillance de l’Agence sénégalaise pour la promotion touristique (ASPT)