Depuis la première alternance politique, nos présidents nous endettent à un rythme étrange. Si au moins malgré l’endettement, le Sénégal était sur la voie de l’émergence, nous n’allions pas dénoncer cet endettement excessif. Emprunter pour s’enrichir et enrichir ses proches est une trahison envers son pays, est-ce le cas au Sénégal ? « Emprunter ne vaut pas mieux que mendier disait Gotthold et Benjamin Franklin disait que l’emprunteur est esclave du prêteur, et le débiteur du créancier ».
La Banque Mondiale ?
La Banque mondiale est gérée comme une coopérative ; les membres sont actionnaires et le nombre d’actions qu’un pays détient est basé à peu près sur la taille de son économie. Les États-Unis sont le principal actionnaire, suivis du Japon, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France. Le reste des actions est divisé entre les autres pays membres. La banque emprunte l’argent qu’elle prête. Ses réserves financières, qui proviennent des honoraires versés par les pays membres, des contributions des membres, mais surtout ceux qui sont riches et des fonds levés sur les marchés financiers, le lui permettent. Cela signifie qu’elle peut emprunter de l’argent à un très faible taux d’intérêt auprès des marchés des capitaux du monde entier pour ensuite prêter cet argent aux pays en développement comme le Sénégal à des conditions très favorables.
La banque mondiale, une banque comme les autres
Nous nous faisons souvent l’idée que la banque mondiale est une grande banque où les règles sont respectées et la corruption inexistante. Cela nous permet d’approuver tous les projets étatiques dont le financement y provient. Ce n’est pas du tout le cas.
Et le Ghana ? En 2015, le FMI et la Banque mondiale avaient déclaré que le Ghana risquait un défaut de paiement. Sept mois plus tard, la Banque mondiale a garanti 400 millions de dollars de remboursements sur une obligation de plus d’un milliard d’euros vendue à des investisseurs privés. Elle a dû renoncer à ses règles pour le faire, car la banque mondiale n’est pas censée garantir des prêts aux pays à haut risque de détresse.
Et le cas de la Chine ? En tant que deuxième économie mondiale et deuxième client de la Banque mondiale, la Chine a emprunté plus de 30 milliards de dollars au cours des dernières décennies. En 2007, la banque mondiale a voulu durcir son plan de lutte contre la corruption et la Chine a menacé de cesser d’emprunter auprès de la banque. Prenant la menace au sérieux, la banque a sorti un mémo interne secret disant que « La banque cherche désespérément à conserver ses meilleurs clients ». La banque a automatiquement pris une décision, dans un jargon diplomatique, disant que plutôt que d’appliquer une norme mondiale, elle allait traiter chaque pays de manière individuelle face à la corruption. De ce fait, les règles ont été assouplies pour les grands emprunteurs tels que la Chine.
Ces bailleurs de fonds
La Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA)
« La Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA) a été créée conformément à une résolution de la Sixième Conférence du Sommet Arabe tenue à Alger, le 28 Novembre 1973. Elle a commencé ses activités en mars 1975. Son siège permanent est à Khartoum, capitale de la République du Soudan. La BADEA vise à contribuer au développement de la coopération économique, financière et technique arabo-africaine, concrétisant ainsi la solidarité arabo-africaine basée sur l‛égalité et l‛amitié. »
Sur tous les pays qui ont bénéficié de prêts auprès de la BADEA, le Sénégal a bénéficié de plus de prêts avec 37 prêts pour un montant de 133 millions de dollars. Le Nigeria était le pays qui disposait de moins de prêts avec un montant de 8 millions de dollars. Voilà quelques exemples des pays les plus endettés auprès de la Banque : Mali 30 prêts pour 102 millions de dollars, le Burkina Faso avec 28 prêts pour un montant de 114 millions de dollars, le Benin avec 24 prêts pour un montant de 75 millions de dollars.
Les fonds Koweïtiens
Parmi les pays de l’Afrique de l’Ouest qui disposent de prêts provenant des fonds koweïtiens, le Sénégal a le plus de prêts avec 26 prêts pour un montant de 326 millions de dollars, suivi du Burkina Faso avec 13 prêts pour un montant de 151 millions de dollars, puis de la Guinée Conakry avec 12 prêts pour 188 millions de dollars. Les pays les moins endettés de ces fonds sont la Cote d’ivoire, la Guinée équatoriale et le Liberia avec respectivement 10 millions de dollars, 3 millions de dollars et 2,2 millions de dollars.
S’endetter, encore s’endetter, toujours s’endetter
Pour la réalisation de plusieurs projets, le Sénégal fait toujours recours à des prêts. Bien que l’endettement ne soit pas toujours une mauvaise chose, il faut savoir ou mettre les ressources dont nous disposons. Si malgré l’investissement, nous ne sentons pas la différence dans certains secteurs, il est temps de demander si toutes les ressources reçues ont été mises dans lesdits projets ou si elles ont été mal gérées. Voilà quelques prêts que nous allons devoir repayer avec des intérêts alors que nous étions capables d’éviter l’endettement pour les réaliser. Nous pouvons trouver de l’argent dans nos caisses pour nous autofinancer et non nous endetter pour financer nos projets de développement. Les exonérations fiscales nous coûtent environ 500 milliards par an pour des compagnies ne créant pas assez d’emplois et qui rapatrient leurs bénéfices dans leurs pays d’origine. Le conseil économique social, et environnemental nous coûte environ 6,2 milliards par an. Le budget de la présidence qui s’élève à 88 milliards devrait être réduit. Le budget de la primature qui est 12 922 273 980 pour 83 ministres devrait être réduit, car le Sénégal peut fonctionner avec 30 ministres au maximum. Le secteur informel nous coûte plus de 300 milliards par an. Ne pouvions-nous pas financer certains des projets ci-dessous au lieu de nous endetter ?
Projet autoroute à péage de Dakar Phase II : 2 772 349 d’euros
Aéroport Blaise Diagne : 71 140 016 d’euros
Projet de centrale de Sendou : 60 966 256 d’euros
Projet rizicole compagnie agricole de Saint Louis : 15 960 086 d’euros
Projet PNDL : 28 181 315 d’euros
Projet de sécurité alimentaire Louga, Matam et Kaffrine : 38 952 783 d’euros
Projet eau et assainissement : 31 525 938 d’euros
Projet d’appui à la promotion de l’emploi des jeunes et des femmes : 26 947 746 d’euros
Projet d’appui Université virtuelle du Sénégal : 4298 413 d’euros
Projet d’appui à la promotion du secteur privé (PASP) : 5 137 748 d’euros
L’endettement n’est pas si mauvais
L’endettement n’est pas si mauvais que cela, si les ressources sont bien allouées. Parmi les pays les plus endettés en Afrique, on trouve l’Afrique du Sud avec plus de 450 000 milliards de FCFA pour 56 millions d’habitants. Ce pays est le deuxième pays le plus riche en Afrique, donc son endettement a servi à quelque chose. On retrouve le Soudan avec 300 000 milliards de FCFA qui est le cinquième pays le plus riche en Afrique malgré toutes les crises et leur dette équivaut à 54,8 % de leur PIB donc leur endettement les a servis à quelque chose. Il y a l’Egypte avec 170 000 milliards de FCFA et qui est le troisième pays le plus riche en Afrique. La Cote d’Ivoire avec 6500 milliards de F CFA est plus développé que le Sénégal. Il y a aussi le Nigeria avec 619 milliards de FCFA et qui est le pays le plus riche en Afrique. Pourquoi alors le Sénégal s’endette de manière excessive et la population souffre toujours ? Est-ce que les ressources reçues sont allouées correctement ou sont-elles utilisées à d’autres fins ?