CONTRIBUTION
Est-ce au nom d’une fraternité maçonnique pour voler au secours d’un frère aux abois ? Est-ce au nom, non pas d’une internationale libérale, discréditée par ses reniements éthiques en terre sénégalaise, mais d’une internationale du pouvoirisme émergent ou enraciné dans cette partie de l’Ouest africain? Est-ce l’expression d’une solidarité d’armes entre dirigeants se serrant les coudes face à la montée des périls, surtout celle des colères populaires causées par l’absence des dividendes démocratiques promises ?
Le fait de vous voir présents à la cérémonie d’investiture prématurée d’un homme dont la candidature à l’élection présidentielle de février prochain n’a pas encore été validée n’a pas qu’étonné plus d’un. Elle a choqué les Sénégalais dans leur immense majorité. Vous êtes les intrus illégaux dans ce que nous avons de plus précieux : notre démocratie !
En vous rendant ce jour à l’arène qui a abrité la cérémonie on ne plus politicienne de l’investiture de Macky Sall, vous, Alassane Ouattara, Abdel Aziz, George Weah, Adama Barrow, avez eu un comportement qui vous déshonore et viole les règles de notre jeu politique.
Deja malmenée, notre démocratie, comme celle américaine souffrant de l’intrusion, supposée ou réelle, de forces interlopes russes, sort de cet épisode avec la crainte de ne plus être notre affaire exclusive, comme cela a toujours été voulu, mais travaillé par les forces toxiques, inamicales, que vous incarnez.
Si demain, parce que l’autocratique ayant échoué lamentablement depuis que, par accident, il se trouve à la tête du pays, se mettait à vouloir forcer, frauder, le processus électoral davantage qu’il ne la déjà fait ces temps-ci, rien n’interdit de penser qu’il pourra exciper de votre légitimation, par une présence physique à son show, sa enieme récréation politique, pour le faire.
Ne me dites pas que vous ne saviez pas. Par les canaux diplomatiques, par vos missi dominici locaux, par vos amis sénégalais dans vos pays respectifs et au Sénégal et par les flux massifs d’information irrigués par les réseaux de communication, physiques ou virtuels, de masse, vous avez eu toutes les informations sur l’état alarmant de la gouvernance de celui à qui vous avez imprudemment prêté main forte. Vous avez ainsi ignoré les preuves de ses crimes financiers, de ses détournements de nos ressources naturelles, de l’extraversion de notre économie au profit d’une extranéité voulue par lue, par anti patriotisme ou encore ses nombreux écarts dans l’observance des règles d’une démocratie ouverte et équitable. Vous êtes ses complices. Vous avez fait montre d’un manque de retenue et d’élégance. Vous nous avez offensés au plus profond de nos êtres.
Si demain, parce que conforté par votre inacceptable immixtion dans notre jeu démocratique, il se laisse aller à un forcing électoral gros de violences et porteur d’un potentiel bain de sang, vous serez tenus pour co-irresponsables.
C’est à l’union africaine et à toutes les instances internationales reconnues, comme l’ONU, de se saisir, à côté des forces vives de la nation sénégalaise, de cette dangereuse première. Ne pas le faire, par un haro strident, c’est donner carte blanche à ce type de collusion d’intérêts préjudiciable à la souveraineté économique et politique nationales en plus d’être un frein à l’affirmation de notre propre modèle démocratique.
Ce n’est pas parce qu’un incapable, illettré, inculte, se trouve recouvert du manteau d’une fonction passagère que des forces exogènes ignorant les dynamiques internes, nobles et vitales, doivent en profiter pour faire dérailler notre pacte national.
Les intrus de la République, chefs d’état africains, n’ont aucune excuse là ou le vice président du Parti communiste chinois, lui aussi présent, peut au moins se justifier par la volonté impériale de son pays de se servir d’un valet prêt à tout pour le pouvoir dès lors qu’il peut l’aider à affirmer sa place dans la ruée que nombre de nations non-africaines, dont la Chine, mènent envers un continent – à prendre hélas par la faute de la boulimie et de la compromission de ses piètres dirigeants.
Ouattara, Aziz, Barrow, Weah, n’etiez-vous venus au Sénégal que pour y semer la zizanie ?
Au fond, avant de vous incriminer, nous pointons nos index vers celui qui aura fini, sous peu, de saccager notre acquis immatériel démocratique que tous, notamment dans vos pays torturés, nous enviaient.
Ce soir, je crache sur Macky Sall, des crachats de dégoût et mépris !
L’internationale libérale sort de son peu glorieux congrès dakarois en ayant vendu son âme et ses valeurs. Il faut la dénoncer partout.
Adama GAYE
Lettre ouverte aux intrus de la République (Par Adama GAYE) | .