« Plus loin, plus haut, plus fort », c’est le message en substance qu’a voulu faire passer notre président « écrivain » lors de son investiture de ce samedi 1er décembre pour l’élection présidentielle de février prochain.
Le « Dakar Arena » affichait complet ce samedi à l’occasion de la tenue de ce congrès auquel assistait un parterre prestigieux de présidents africains entre autres soutiens de marque.
Certes, un bon candidat doit rassembler dans son camp, mais tout cela reste de la politique et nous aurons le temps d’en reparler jusqu’à la prochaine élection. En fait, ce dont il me brûle les lèvres de vous entretenir ce dimanche, c’est de littérature.
Oui, car il s’agit bien d’autobiographie, de mémoires ou de confessions, dans l’ouvrage de Macky Sall « Le Sénégal au cœur », dont le style satisfait à la fois l’oreille, l’esprit et la raison.
Ne soyons pas toujours injustes avec Macky Sall et ne boudons pas notre plaisir de rencontrer dans ce livre une personnalité charismatique avec une capacité à susciter l’attention du pays pour créer ce fameux lien entre un homme et la nation.
Il y bien sûr les choses que nous savions déjà sur notre président, nous attendons tous d’un chef d’État qu’il ait de l’expérience, de l’ambition, du courage, alors qu’apprend t-on réellement dans ce livre ?
Je retiendrai 3 choses qui me frappent à la lecture de cet ouvrage.
Le respect des Sénégalais
Le respect, je pourrais dire l’amour des Sénégalais. « Le pouvoir ne m’a pas changé et ne pourra plus le faire ». C’est lui qui le dit. « Le Sévère » ! « C’est un surnom que j’ai peut-être mérité. Comme certains ont pu s’en rendre compte, je ne suis pas particulièrement souple ».
Tout au contraire, à mieux connaître l’homme derrière la fonction, on lui découvre une compréhension qui se mesure à sa capacité de bienveillance et de don.
L’intégrité repose sur le respect et nous n’avons jamais entendu Macky en s’adressant à un Sénégalais lui promettre de lui trouver un travail en traversant la rue, ni d’ailleurs s’adresser avec mépris à qui que ce soit, y compris ses adversaires politiques. Attention cependant, s’il ne déclenche pas les combats, il n’hésitera pas à les terminer.
Par ses origines « modestes » et son éducation au milieu des Sénégalais, il semble être conscient de la réalité de leur quotidien.
Plus qu’un homme providentiel, ce géologue de formation s’impose par ses qualités de technicien et de tacticien. Pour que la vie soit belle, il faut engranger les réussites. Depuis l’enfance, les rêves de Macky Sall sont ambitieux mais il garde les pieds sur terre. Une chose semble certaine, s’il ne parvient pas à rassembler les électeurs autour des idées qui lui tiennent personnellement à cœur, il ne s‘accrochera pas au pouvoir.
L’amour des siens
« Marème a le rire et l’humour communicatifs », peut-on lire dans ce livre. Leur vie semble une comédie romantique. Chère première dame, moi qui ai la chance de vous connaître, pourquoi m’en cacherai-je, je sais que vous, en tout cas, vous ne le laisserez surtout pas partir ! Car ce que nous lisons dans « Le Sénégal au cœur », c’est un peu ce dont toutes les femmes sénégalaises rêvent en secret. Un mari prêt à battre en retraite pour préserver la paix dans le couple. À chaque fois que vous avez besoin d’aide, il est toujours là pour vous. Quelle femme ne voudrait pas d’un homme à la fois humble et réaliste, qui travaille dur et est un père de famille responsable des siens ?
Si ce livre rend un bel hommage à son enfance, ses parents, sa famille, ses amis, mais c’est à sa femme Marème, que Macky Sall fait une déclaration officielle dans ces pages.
« J’ai la chance d’avoir à mes côtés une épouse admirable, dévouée et dotée d’un sens extrêmement aigu des réalités et des situations. Elle me bouscule, elle aime user de moquerie avec moi, mais elle est mon plus grand soutien. Avec humour et joie de vivre, elle me tient debout… Elle me semble le témoignage le plus émouvant et le plus éloquent de la pureté de ses sentiments et du sens qu’elle a de son rôle d’épouse et de mère ».
La place du père
Ce livre, bien sûr, c’est l’histoire d’une endurance et d’une ténacité, c’est 20 ans d’Histoire politique faite de rencontres, d’intrigues, d’humiliations et de règlements de compte.
À bien lire entre les lignes, on découvre surtout l’histoire d’un père et d’un fils et de leur combat pour un idéal et pour le pouvoir. Oui je prétends qu’il y a un lien familial spirituel entre Macky Sall et Abdoulaye Wade. Un héritage, une reconnaissance.
Bien entendu le livre parle du Père biologique : il était un homme grand, affectueux, courageux et fier. « On peut perdre une bataille, mais il faut toujours garder l’arme au poing pour gagner la suivante », aimait-il à me répéter (…).
Mais la déchirure, la blessure profonde, l’humiliation, vient de son autre père ! C’est lui qui l’écrit « Celui qui fut mon mentor, mon guide, cet Abdoulaye Wade qui a tant marqué mon pays a déclaré : « Macky Sall est un descendant d’esclaves. […] Ses parents étaient anthropophages. […] Ils mangeaient des bébés et on les a chassés du village. […] Jamais mon fils Karim n’acceptera que Macky Sall soit au-dessus de lui. Dans d’autres situations, je l’aurais vendu en tant qu’esclave ! »
Bien au delà de la politique des couloirs et des chuchotements, celle des petits meurtres entre amis, la petite soupe qui ne sent pas très bon, c’est : « La rupture avec Abdoulaye Wade fut très dure à vivre. Cela faisait presque vingt ans que je combattais à ses côtés. Du jour au lendemain, j’étais devenu, pour le Président et son entourage, le paria, l’ennemi à abattre, un effronté à détruire. Les gens vous évitent ».
« Tu cherches des histoires ? Tu seras servi ! », lui aurait dit Abdoulaye Wade, avant d’ajouter dans un murmure : « Tu l’auras voulu ! ».
Il aura cependant le courage d’aller jusqu’au bout pour remporter avec l’aide des jeunes de ce pays la victoire que l’on sait en 2012.
Aujourd’hui, les cartes ont été rebattues et les sénégalais attendent un discours qui prenne en compte leurs souffrances. Les mots sont formidables, mais ils ne tiennent pas la comparaison face aux actes, car ce sont les actes qui transforment le quotidien.
Macky Sall sera t-il l’homme de la situation ? Je ne peux pas me prononcer à la place des Sénégalais. J’ai eu cependant personnellement l’occasion de rencontrer notre président et je le confirme ici, quand il vous regarde, il vous regarde droit dans les yeux, il scrute votre âme.