Les incidents qui se sont passés le 11 Décembre vers minuit, devant le conseil constitutionnel, sont bien sûr le fruit de la décadence d’un processus politico-démocratique. Les partis politiques étaient en empressement et bousculade physique, afin de déposer les parrainages exigés pour les présidentielles de 2019. Ceci montre juste le retard et le grand fossé entre la culture numérique au Sénégal, incarné par l’Etat et l’administration et l’évolution grandiose du numérique dans le monde.
Pour rappel plus de 50 Milliards ont été décaissés afin de faire bénéficier l’Etat civil sénégalais d’une innovation numérique, à savoir le système biométrique appliqué dans la conception des cartes d’identifications nationales.
Ce système devrait être un début de modernisation de l’Etat civil et de toutes transactions qui impliquent des données personnelles.
Sur ce, toute procédure qui appelle à l’usage des données contenues dans la carte d’identification nationale devrait être facilement exécutée avec cette technologie comme base.
A l’air du Big data qui « littéralement signifie « grosses données », ou « mégadonnées », parfois appelées données massives, désignant des ensembles de données devenus si volumineux qu’ils dépassent l’intuition et les capacités humaines d’analyse et même celles des outils informatiques classiques de gestion de base de données ou de l’information », il serait nécessaire d’user de cette technologie biométrique.
Au moment où la DER (Délégation à entrepreneuriat Rapide) organisait une journée sur le numérique afin de financer quelques start-ups sénégalaises, il serait plus patriotique et judicieux de donner à l’expertise nationale de développer ces applications.
L’usage de fiches physiques, ce qui est empirique, a rendu cela impossible.
Il fallait pour un gain de temps et de qualité, utiliser pour la collecte de parrainage :
– 1 PDA ( Personal Digital Assistant) avec entrée biométrique : Ce dispositif électronique permettrait une facile entrée des signatures du parrainage et de la vérification électronique de ces dernières par rapport au fichier électoral.
Il suffisait juste de communiquer aux candidats à la candidature le modèle de PDA à utiliser obligatoirement pour le processus et de venir récupérer l’application de collecte auprès des agents de la direction des élections.
Cet usage de ce type d’appareil devrait même être exigé par la CDP (Commission de protection des données personnelles). Car il ne s’agit pas de sortir seulement des articles de mise en garde sur l’usage non approprié des données personnelles, mais d’anticiper ce fait en sécurisant techniquement le processus de collecte de données.
– Une vérification des signatures automatisée : Vu que les cartes d’identité biométriques sont confectionnées à partir de ce système, alors une simple application utilisant la technologie du Big Data pourrait faire ces vérifications en quelques heures et sortir systématiquement les éventuelles erreurs et les doublons (signatures doubles).
Et pourquoi tout cela n’est pas fait ?
Parceque le gouvernement n’a aucune vision concernant l’économie numérique, même si le Président de la république promet encore une fois ceci lorsqu’il sera réélu : « L’économie numérique inclusive pour partir à la conquête du village numérique planétaire ».
Il ne suffit pas seulement de financer des start-ups, mais la meilleure manière serait de leur donner du fil à retordre, en « numérisant » l’administration sénégalaise ainsi que tout exercice démocratique qui demanderait une certaine masse de données.
Ou bien une volonté de non transparence serait-elle politiquement voulue ?
Vu, toute la cacophonie dans l’organisation et le déroulement du parrainage, on sent qu’il y’a une tentative de ramassage de données personnelles depuis les bases de données de certains projets sociaux ou d’élimination des signatures de certains leaders de l’opposition.
Une « numérisation » du parrainage permettrait de minimiser ou même d’éviter toute fraude de la part du gouvernement et même des opposants : alors le processus serait plus démocratique.
Enfin cela muterait aussi, l’exercice démocratique traditionnel, le vote papier, vers celui « électronique ».
Ainsi le Sénégal entrerait dans « l’alternance numérique !!! »
Papa FALL
STATISTICIEN-INFORMATICIEN (Consultant junior / IT Data manager)
Soprim, Dakar, Sénégal
L’article Le parrainage à l’ère du big data: Le reflet du retard considérable du Sénégal dans la révolution numérique .