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Le Pouvoir Exécutif Au Sénégal, Un Ennemi De La Presse Privée Indépendante

Les mêmes pratiques de musellement de la presse privée indépendante n’ont pas disparu sous nos tropiques. La mort de notre regretté compatriote le journaliste Sidy Lamine Niasse, fondateur du groupe Wal fadjri, que le Seigneur des mondes lui couvre de sa bonté infinie, a permis de lever un coin du voile sur les tracasseries abjectes du régime du président Macky Sall en vue de le contraindre à la servitude ou mieux de le pousser à renoncer à une certaine  éthique journalistique, qui est d’informer juste en toute objectivité et responsabilité les citoyens sénégalais sur toutes les questions mêmes celles qui fâchent voire énervent les autorités de la République.

Ce regard critique déplaît profondément à nos autorités publiques, qui de très loin préfèrent le silence des momies sur leurs affres de mauvaise gestion de nos deniers publics et sur leur volonté machiavélique de réduire drastiquement nos droits et libertés.

La presse est perçue à tort comme un ennemi à contrôler et si ce n’est pas possible voire très difficile à réaliser, il faut passer à la vitesse supérieure et ne rien laisser au hasard  jusqu’à l’asphyxie en lui privant non seulement de rentrées financières, mais également en activant les services de recouvrement de créances pour le paiement d’arriérés d’impôts sous peine de fermeture. Un couteau sous  la gorge.

Cette volonté sournoise de vouloir contrôler et d’indiquer la voie à suivre à la presse privée indépendante ne permet pas d’asseoir voire de favoriser une culture démocratique pouvant permettre une ouverture d’esprit et une confrontation d’idées sur tous les sujets d’actualité et sur notre modèle de société face aux défis multiples de la mondialisation.

Cet espace de confrontation est vital pour la démocratie. Nos gouvernants d’hier comme ceux d’aujourd’hui doivent comprendre que la liberté de la presse n’est pas négociable. La liberté est ou n’est pas. Elle s’insurge contre toutes les pratiques malsaines de contrôle portant atteinte à sa mission d’information et d’éveil des citoyens, qui est de nommer et de dévoiler les choses ou la réalité humaine. Exercer sa liberté de journaliste ou de leader d’opinion est toujours un risque à courir dans nos Républiques bananières du fait que nos autorités publiques ne tolèrent aucune voix discordante qui risque de mettre à nu leurs manigances et leurs pratiques despotiques du pouvoir.

Une presse libre qui ne renonce pas à livrer les informations et à fouiller les dossiers afin de permettre aux lecteurs de comprendre les enjeux sociétaux et de prendre position en toute responsabilité sur les affaires du moment ou sur le choix et la pertinence des politiques publiques conduites par le gouvernement de la République, est un danger permanent pour les fossoyeurs de nos valeurs démocratiques.

Et tant que nos autorités publiques n’acceptent pas le pari de la transparence dans la gestion, elles continueront à considérer les journalistes comme des ennemis à combattre voire à réduire au silence. Et pourtant, ils se contentent seulement de pointer du doigt les dysfonctionnements graves dans la gestion de nos ressources publiques et d’interpeller nos gouvernants et ce à juste titre sur les questions d’actualité qui préoccupent l’ensemble du corps social sénégalais. Le rôle du journaliste est de décrire la réalité telle qu’elle est, mais aussi de donner les clés de lecture à nos compatriotes qui n’ont pas accès aux sources d’information.

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Cette énorme responsabilité qui incombe au journaliste est en réalité une source de tensions avec les autorités publiques, qui n’aiment pas du tout que d’autres personnes fouillent dans les dossiers afin d’éclairer véritablement les citoyens sur les vrais enjeux du moment. C’est pourquoi, les responsables politiques voire gouvernementaux de la mouvance présidentielle vont toujours essayer d’influencer la ligne éditoriale des journaux de la presse privée sénégalaise en courtisant soit le président du groupe de presse soit en se servant d’un homme de main au sein même de la corporation en vue d’orienter de manière tendancieuse  les articles de presse en les axant principalement sur les projets du Chef de l’Etat et de garder le silence sur les dossiers de mauvaise gestion pour tromper le peuple.

Le groupe de presse ou le journaliste qui refuse de participer à ce jeu de dupes sur le dos du contribuable est assimilé à tort comme un irréductible opposant au régime alors que le journaliste n’est pas de fait l’allié ou l’ennemi du pouvoir. Il est juste un lanceur d’alerte qui perturbe le sommeil de nos gouvernants fainéants et sans scrupule. Ce crime de lèse-majesté du journaliste voire du groupe de presse peut avoir des répercussions terribles sur la survie même de l’organe de pression. L’Etat peut être même amené à utiliser des procédés infâmes en vue de saboter ou mieux de compromettre l’exercice du métier de journaliste afin de mettre un terme aux écrits incendiaires qui mettent à nu la gestion  nauséabonde du régime en place

Ainsi, suite à la publication du premier livre du journaliste d’alors Abdou Latif Coulibaly  sur les pièges de l’alternance politique, le parti – Etat PDS se mit à combattre le groupe de presse Sud Communication de manière déloyale en orchestrant un plan de destruction inédite de lui couper les recettes de publicité des organes de l’Etat et de ses démembrements. Le bien public a été détourné de sa finalité dans le seul but de nuire un groupe de presse qui n’a pas été pris en défaut et qui continue toujours dans sa quête d’une information fiable et dans parti pris ni connivence coupable avec les forces de l’opposition.

Le régime libéral n’a pas voulu jouer la carte de la transparence en apportant des éléments probants afin de critiquer la thèse défendue par le journaliste Abdou Latif Coulibaly. Maître Abdoulaye Wade a préféré abattre ses cartes en vue de faire payer au groupe Sud Communication son soutien au journaliste d’investigation Abdou Latif Coulibaly.

A partir de ce moment, Sud Communication, malgré sa détermination de rester fidèle à sa mission d’information a été victime d’un complot d’Etat sous le regard complaisant de la société civile et des autres organes de presse épargnés de la vengeance et du sabre de maître Abdoulaye Wade, l’éternel combattant de la liberté d’expression. Le pouvoir absolu est passé par là et ne saurait tolérer la moindre critique.

Le groupe Sud Communication ne s’est pas encore entièrement remis du plan diabolique de liquidation de maître Abdoulaye Wade et de ses hommes de main qui ne se sont nullement gênés d’utiliser les leviers de la puissance publique pour détruire un des fleurons de la presse sénégalaise. Une longue traversée du désert laisse des séquelles même si le flambeau reste encore allumé.

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Pourtant, pendant sa très longue conquête du pouvoir,  maître Abdoulaye Wade s’est servi de son journal Sopi pour dénoncer les privations de liberté orchestrées par le PS du président Abdou Diouf pour intimider les citoyens sénégalais, mais également pour vendre sa vision  et son projet de société à la population. La presse privée libre et indépendante est toujours bien perçue par nos hommes politiques lorsqu’ils se trouvent dans les rangs de l’opposition et qui sont au demeurant les victimes des organes de la presse d’Etat : la RTS et le Soleil.

Hier, C’était le groupe Sud Communication, aujourd’hui le groupe Wal Fadjri. Le président Macky Sall  a repris le même combat déloyal pour faire plier le groupe Walf Fadjri et cela ne dérange personne dans ce pays des salamalecs où règne une hypocrisie inouïe. Même la mort de notre valeureux compatriote Sidy Lamine Niasse n’a pas permis au président Macky Sall et à ses hommes de mesurer la gravité des actes qu’ils ont posés dans le dessein d’influencer la ligne éditoriale du groupe Walf Fadjri afin qu’il cesse d’être le mur des lamentations des sans voix et des victimes de la politique sombre et nauséabonde du régime hétéroclite Benno Bokk Yakaar. Mais, le président Macky Sall a échoué et le journaliste Sidy Lamine Niasse a quitté ce monde dans la dignité sous le regard bienveillant et reconnaissant du peuple sénégalais.

Venir aujourd’hui pour tendre la main à sa famille en vue d’ aider le groupe de presse Walf Fadjri est le summum de l’indécence et de l’indignité. Aucune gêne dans la démarche. Un manipulateur hors pair. Le président Macky Sall essaie toujours de profiter des funérailles toute honte bue pour nous amadouer et pour étaler sa générosité alors qu’il a tout fait avec ses dames de compagnie et autres thuriféraires zélés pour détruire l’outil de travail du groupe de presse Walf Fadjri.

Malgré toutes ces brimades et ces pressions, le président Sidy Lamine Niasse a su se battre jusqu’au bout pour maintenir ce flambeau de la liberté et  de la fierté de la presse privée indépendante. D’outre tombe, si seulement il pouvait observer la valse et l’hypocrisie de ces hommes du pouvoir à l’instar du président Macky Sall qui chantent aujourd’hui ses mérites et pourtant ont utilisé en leur âme et conscience les mêmes pratiques d’asservissement de la presse privée indépendante de l’ancien président de la République maître Abdoulaye Wade.

Sous leurs airs de républicains et de démocrates, se cachent véritablement de véritables dictateurs qui n’acceptent pas la critique.

Il urge de sortir de cette forme de pression voire de corruption que constitue la manne financière de la publicité afin de permettre à la presse de jouer pleinement son rôle et de ne pas être victime des caprices du président ou des hommes forts du régime en place qui sont réfractaires à toute forme de critique.

Il n’est ni juste ni équitable que  les campagnes de publicité de l’Etat et de ses démembrements soient entièrement destinées aux médias du service public au moment même où ils sont financés par l’argent du contribuable sénégalais. Les hommes du pouvoir utilisent cette manne financière comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des groupes de presse qui ne font pas le jeu du président en vue de manipuler la population.

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Les acteurs de la presse et de la société civile doivent mener  ce combat afin que les médias d’Etat ne bénéficient plus de facto ce pactole au détriment des autres organes de presse. Le marché de la publicité d’Etat  doit être redéfini afin d’asseoir une meilleure transparence sur la répartition des parts de marché,  mais également de permettre aux organes de presse d’avoir des rentrées financières substantielles afin de mieux jouer leur rôle dans l’éveil de conscience de nos compatriotes et dans la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit. Aucun organe de presse ne doit en aucune manière subir des représailles du président de la République et même s’il dénonce au quotidien sa gestion despotique, dictatoriale et clanique du pouvoir. La Démocratie est exigence que les citoyens attendent de nos autorités politiques afin qu’elles garantissent son exercice et assurent sa promotion.

Un pays où la presse est contrôlée par le pouvoir et par des lobbies financières est une zone de non droit et de servitude. Renoncer à l’exercice de la liberté d’expression,  c’est également laisser la porte ouverte à l’injustice et à l’arbitraire. Nos concitoyens ne semblent plus s’offusquer voire s’indigner des pratiques mafieuses de gestion du pouvoir du président Macky Sall. Nous l’avons laissé  par hypocrisie et par manque de courage à  faire ce qu’il veut de ce pays et de ses hommes. Cet homme doit être combattu par tous les honnêtes patriotes de ce pays parce qu’il est un anti modèle.

Ainsi, cette nouvelle approche permettra de mettre un terme définitif au chantage du président de la République visant à réduire drastiquement l’exercice des libertés publiques de la presse. Autrement, cette forme de corruption et d’asservissement aux mains du pouvoir est une menace réelle sur la viabilité de la presse privée indépendante au Sénégal.

Un grand respect pour notre regretté compatriote le journaliste Sidy Lamine Niasse. Sa mémoire et son œuvre pour la défense de la liberté d’expression et des sans voix depuis plus de 30 ans doivent demeurer vivaces dans nos actions.

PS : L’auteur de cette contribution doit beaucoup au fondateur du groupe Wal fadjri.  C’est lui, il y a une vingtaine d’années avec courage et conviction m’a ouvert les pages de son journal pour donner mon opinion sur un sujet très sensible et d’une extrême importance sur la construction de l’Etat de droit dans un pays fortement marqué par une connivence coupable entre les politiciens et l’aristocratie maraboutique. Rien n’a changé au pays de la Teranga qui reste  toujours sous le joug de ce milieu politico-maraboutique.  Évoquer son nom nous renvoie de facto à la nécessité de lutter de nos vous forces pour le respect de  nos droits et libertés, lui le fils d’une lignée d’érudits marabouts qui toute sa vie a voulu s’affranchir des clivages pour défendre tout simplement la vérité et la dignité de nos compatriotes. Merci à vous Sidy Lamine Niasse et que la paix de Dieu soit avec vous loin des futilités, des méchancetés, de l’injustice  et des mesquineries de nous autres mortels.

Massamba Ndiaye

massambandiaye2012@gmail.com

 

 

 

 

 

L’article Le pouvoir exécutif au Sénégal, un ennemi de la presse privée indépendante .

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