« Papa, c’est quoi Siamois ? » demandent la plupart des élèves et étudiants poussant leur curiosité. Une question qui vient à son heure du fait que ces derniers temps, « Siamois » semble être le mot le plus partagé au lendemain de l’anniversaire d’Awa et Adama Ndoye collées à leur naissance et séparées avec succès à l’hôpital Le Dantec par le Pr Mamadou Ndoye. Il y a de cela 15 ans ! Et pas plus tard qu’avant-hier, un autre exploit chirurgical de type « Siamois » a été réalisé avec prouesse par l’équipe des Professeurs Gabriel Ngom et Marie Ndoye à l’hôpital Albert Royer de Dakar. Il s’agit des sœurs jumelles Sophie et Adja. Une heureuse coïncidence qui prouve encore l’expertise médicale avérée de notre pays.
Le terme « Siamois » désigne des jumeaux dits « fusionnés » c’est-à-dire reliés entre eux par une partie du corps. Donc, c’est un type de malformation très rare et les bébés se trouvant dans cette situation n’ont pratiquement aucune chance de survie. Juste pour vous dire que l’appellation « Siamois » n’est pas un nom scientifique. Et si on appelle « Siamois » des bébés collés à leur naissance, c’est parce que les premiers jumeaux ayant cette rare pathologie ou nés fusionnés sont originaires de Thaïlande appelée à l’époque Siam. D’ailleurs, un nom qui nous renvoie au fameux « Thiébou Siam », un riz parfumé que les commerçants sénégalais importaient de Thaïlande au début des années 70. Dans cet ancien royaume dit Siam, sont nés les célèbres jumeaux collés Chang et Eng. C’était en 1811. Ils étaient reliés au niveau du foie et du sternum.
Repérés par un touriste cinéaste britannique, les jumeaux devinrent les vedettes de spectacles de curiosité dans le monde. Ensuite, ils prennent eux-mêmes leur carrière en main avant d’aller s’installer aux Etats-Unis, plus précisément en Caroline du Nord. C’est à ce moment qu’ils prirent le nom de « Bunker ». Ils décédèrent en 1874, l’un après l’autre à l’âge 63 ans, à quelques heures d’intervalle. A l’époque, le monde de la médecine était impuissant face à une telle malformation. Et comme à l’époque la médecine n’était pas si développée et équipée, les spécialistes de la santé n’avaient d’autre choix que de laisser Chang et Eng vivre « collés » et grandir. Bien que la médecine a beaucoup progressé avec les nouvelles technologies, l’opération chirurgicale pour séparer des siamois reste et demeure toujours complexe et délicate. Car, elle nécessite des équipes multidisciplinaires s’appuyant sur une chirurgie lourde, difficile, longue et risquée pour les bébés patients.
Heureusement que nos brillants chirurgiens ayant pour noms Pr Mamadou Ndoye, Pr Gabriel Ngom et Pr Marie Ndoye ont encore poussé les limites de la science pour montrer au monde entier que le soleil de la médecine se lève au Sénégal. Car, sur les quatre cas de « siamois » nés et déclarés au pays de la Teranga et portés à la connaissance de votre quotidien « Le Témoin », les deux ont été séparés avec succès. Comme quoi, si la Thaïlande a ses malheureux « Siamois », le Sénégal se réjouit de ses heureux « Sénémois » !