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Le Défi De Alpha Condé Et La Nouvelle Mission De L’opposition

Le Défi De Alpha Condé Et La Nouvelle Mission De L’opposition

La victoire annoncée de l’Ufdg, dans les communes de Ratoma et de Matoto, vient de démontrer la justesse de l’option politique de son leader Cellou Dalein Diallo, contrairement aux accusations de ses adversaires qui essaient de le confiner dans un registre exclusiviste, l’Ufdg vient encore une fois de plus de prouver qu’il est un Parti authentiquement national. Malheureu­sement, les vieux démons du régime de Alpha Condé ont resurgi à nouveau avec la tentative d’annulation du vote à la mairie de Matoto, où cette victoire confirme la légitimité de l’Ufdg dans la plus grande commune multi-ethnique de la Guinée. Par ailleurs, les derniers louvoiements et énième reniement du Président Alpha Condé ont fini d’achever le peu de crédibilité qui restait au système politique guinéen. En violant les engagements consignés dans l’accord politique de sortie de crise consécutif au chaos né des dernières élections municipales, l’actuel locataire du Palais Sékoutouréya a porté un coup de massue à la confiance mutuelle de la classe politique, laquelle est indispensable à toute gouvernance démocratique ; c’est dire donc qu’on s’achemine désormais vers l’anarchie institutionnelle, par la seule faute de celui qui est censé en être la clé de voûte. Toutefois, une question s’impose : en agissant ainsi, le patron du Rpg n’a-t-il pas voulu piéger l’opposition en la détournant du seul combat stratégique qui vaille, à savoir la lutte contre le projet de manipulation de la Cons­titution en vue de s’octroyer un troisième mandat ? Des faits politiques récents le suggèrent fortement. Mais avant tout, ouvrons une parenthèse de lucidité pour mieux appréhender la démarche subtilement diabolique qui sous- tend le comportement du Natif de Siguiri ! En effet, trois axes complémentaires caractérisent la nouvelle posture du dirigeant guinéen avec, pour objectif, l’étouffement de la contestation, tout en bluffant l’opinion internationale :

– le durcissement de la répression interne : la récente militarisation des quartiers traditionnellement contestataires participe de cette volonté de semer la peur en détruisant toute velléité de protestation ; l’impunité assurée aux Forces de l’ordre qui n’hésitent pas à tirer sur des citoyens désarmés est un encouragement permanent à la répression aveugle. L’indiffé­rence par la terreur semble être l’objectif recherché par le maître de l’agenda de la forfaiture constitutionnelle

– un afro-centrisme virulent et suspect : Alpha Condé, cet opposant historique largement cité dans des scandales financiers impliquant de grands groupes français tels Bolloré technologies, se signale ces derniers temps par un afro-centrisme virulent et suspect. A l’entendre à travers ses discours et interviews, il est temps de mettre les Occidentaux à leur place pour redonner enfin à l’Afrique la plénitude de ses pouvoirs. Notre nouveau chevalier du Pana­fricanisme faisant feux de tous bois n’hésite plus à humilier des journalistes occidentaux pour se donner l’air d’un nationaliste farouche et intransigeant, mais au-delà de l’emphase d’imposture qu’il exhibe, l’agenda pernicieux qui s’y cache est aux antipodes des intérêts réels de l’Afrique : tous les despotes africains, comme lui, vilipendent la justice internationale pour mieux massacrer leurs Peuples, fustigent l’ingérence extérieure pour mieux violer leur propres lois et prônent l’autonomie économique pour mieux détourner les maigres ressources de leur pays. tel qu’on le voit, le concerto afro-centriste de Alpha Condé avec son cortège d’insultes aux médias étrangers n’est qu’une fable d’auto-légitimation avec une morale panafricaniste usurpée

– Alliance avec des régimes autocrates : Pensant que son projet de violation de la Constitution risque d’être farouchement condamné par l’Occident, Alpha Condé anticipe cette perspective d’hostilité diplomatique en misant sur l’amitié de certains régimes autocrates tels la Russie, la Turquie ou la chine. Ce «pivotage» diplomatique traduit la forte détermination du Professeur-Président à usurper un troisième mandat.

Au regard de toutes ces considérations, l’opposition guinéenne se doit de se renforcer, en mettant toute son énergie dans la bataille post-élections municipales, car c’est à travers ce combat fondamental qu’elle devrait mener, qu’elle pourra empêcher par tous les moyens légaux que le Président Condé ne crée les conditions constitutionnelles et politiques lui permettant de briguer un troisième mandat. Cependant, le combat de l’opposition guinéenne, au-delà de la nécessaire démonstration de représentativité dans les instances de délibération et de législation, doit être davantage orienté vers la conquête du pouvoir exécutif. En effet, le combat pour le respect de la Constitution est une question prioritaire et consensuelle qui aura l’avantage de créer une dynamique unitaire des forces vives de la Nation. C’est cela qui devrait être le nouvel axe gagnant de l’opposition. Par ailleurs, elle doit trouver des formes de luttes efficaces autres que des manifestations de masses devenues, aujourd’hui, des facteurs d’affrontements sanglants avec les Forces de l’ordre, en l’occurrence, des Con­certs de casseroles, des journées de prières, des opérations villes mortes encadrées, des journées de grèves etc. Un autre front sur lequel l’opposition devrait miser toutes ses forces est la dénonciation internationale du régime de Alpha Condé. Et pour ce faire, il serait judicieux d’engager de grands cabinets de lobbying avec pour l’objectif de briser le silence de l’opinion mondiale et d’en finir avec l’indifférence de la Communauté des nations.

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