Le ministre de l’économie, des finances et du plan est le comptable du PAP 1(2014-2018) du PSE. C’est lui qui était parti à Paris les 23 et 24 février 2014, durant le groupe consultatif et durant le forum des investisseurs, présenter la phase 1 du PSE.
M. le ministre avait dit que le PSE 1 (phase 1) allait amorcer la transformation structurelle de l’économie sénégalaise. Ainsi le premier axe du PSE 1, l’axe le plus important fut nommé : transformation structurelle de l’économie. Mais aujourd’hui à la veille du bouclage du PSE 1, la croissance de l’économie sénégalaise se singularise par son profil conjoncturel (dépendant jusqu’à présent de facteurs exogènes) et non par son profil structurel. Donc loin des objectifs de transformation structurelle déclinés à Paris en février 2014 durant le lancement du PSE 1.
En 2017, le taux de croissance selon les autorités de l’économie était de 7,2%. Aujourd’hui en 2018, elle va chuter pour tourner entre 6,5 et 6,6% uniquement à cause de la chute du baril de pétrole. Cette chute du baril a détérioré le cadrage macroéconomique. Le taux d’inflation est monté, le déficit budgétaire est monté, de même que le niveau de la dette.
La programmation budgétaire se fait en tenant compte d’un cadrage macroéconomique. Quand le budget 2018 est rectifié à cause de la conjoncture internationale, les agrégats macroéconomiques sont aussi rectifiés, ce qui se répercute sur le taux de croissance qui va chuter en 2018.
Aujourd’hui en 2018, à la veille de la présidentielle, la croissance va chuter parce que la situation de notre économie est actuellement loin des pronostics du groupe consultatif de Paris en février 2014 c’est-à-dire obtenir un début de transformation structurelle dans la phase 1 du PSE (2014-2018).
Ainsi après la phase 1 du PSE financé à plusieurs milliers de milliards, l’économie reste encore très vulnérable aux chocs exogènes. Il suffit que le prix du baril de pétrole tousse pour que l’économie attrape un coup de froid. On peut se demander à quoi ont servi ces milliers de milliards du PAP 1 sinon à remplir les carnets de commande des entreprises étrangères qui rapatrient après les fonds.
Cette vulnérabilité de l’économie sénégalaise, ajoutée à une croissance non inclusive, est due au choix de l’État, dans le cadre du PSE 1 (PAP 1) de faire porter la croissance par le secteur public et par les entreprises étrangères : on est dans un modèle d’État-investisseur qui s’appuie sur les entreprises étrangères, dans ces conditions aucune croissance ne peut être inclusive. Tout ceci à cause de l’obsession de l’État à faire monter annuellement le taux croissance par un accroissement annuel de l’investissement public. Ainsi depuis 2014, la croissance est portée par le secteur public (l’État), croissance basée sur un endettement lourd qui profite aux entreprises étrangères et une forte pression fiscale sur les entreprises locales. Ce type de croissance qui se fait au détriment du secteur privé national ne peut être inclusive et ne peut pas amorcer une transformation structurelle de l’économie comme le souhaitait le ministre de l’économie à Paris durant le groupe consultatif de février 2014.
Un pays comme la Guinée équatoriale avait décidé au début des années 2000 de faire porter sa croissance économique par le secteur public (l’État) à partir d’un investissement public massif sur les infrastructures (transformation infrastructurelle).
Le président Obiang Nguema avait dit au début des années 2000 que la transformation infrastructurelle allait permettre à la Guinée équatoriale d’amorcer le processus de développement des différents secteurs clés de l’économie dans la perspective de hisser le pays sur la voie de l’industrialisation et de le positionner comme un pays émergent. Il l’avait dit et avait positionné son projet sur un horizon de 20 ans et ses moyens étaient les recettes pétrolières (plus de 90 % de ses recettes) à noter que la Guinée équatoriale n’avait pas à l’époque de programme avec le FMI et la Banque mondiale, ses recettes pétrolières lui suffisaient amplement.
Pendant plus de 10 ans, la Guinée Équatoriale était en pleine transformation infrastructurelle (construction de plus de 250 bâtiments de fonctionnement qui ont amélioré le cadre urbain, plus de 120 ouvrages de génie civil, 1500 km d’autoroute et routes bitumées, une nouvelle ville dans la partie continentale du pays, plus de 4500 logements, etc.). Pendant dix (10) elle avait fait une croissance annuelle de 10%. Aujourd’hui en 2018 la Guinée équatoriale souffre énormément. Des centaines d’infrastructures ont été construites mais par qui ?
Le groupe des entreprises qui étaient chargées de la construction des infrastructures était presque d’origine étrangère avec des rapatriements massifs de fonds. L’État équatorien n’avait pas mis dans les contrats avec les entreprises étrangères des conditionnalités comme le joint venturing avec des entrepreneurs locaux (appliqué en Chine et dans les pays asiatiques) et qui permet le transfert de technologie, l’utilisation et la formation de la main-d’œuvre locale et l’octroi si possible d’actions aux entrepreneurs locaux). Aujourd’hui 70 % de sa population Equato-Guinéenne vivent dans la pauvreté et 40 % dans l’extrême pauvreté. Les points faibles de la Guinée équatoriale sont son secteur privé national, le paiement des taxes et impôts et la durée de vie des entreprises (l’un des taux de mortalité les plus élevés au monde).
Au Sénégal, nos autorités disent, depuis 2014, aussi la même chose à propos du PSE. Elles disent aussi que la transformation infrastructurelle va permettre au Sénégal d’amorcer le processus de développement des différents secteurs clés de l’économie dans la perspective de hisser le pays sur la voie de l’industrialisation et de le positionner comme un pays émergent à l’horizon 2035. Aujourd’hui des infrastructures sont construites au Sénégal mais par quelles entreprises ?
Nous devons savoir qu’un développement tiré par le boom des infrastructures est transitoire car la croissance est liée aux constructions. Quand le rythme des constructions se tasse, la croissance chute c’est ce qui est arrivé à la Guinée équatoriale. Aujourd’hui dans les grandes autoroutes il n’y a pas beaucoup de véhicules, les immeubles et cités de standing ne sont pas pleinement occupés à cause de l’inexistence d’un tissu économique local dense qui pourrait impulser l’activité économique et apporter beaucoup de richesses aux populations et acteurs économiques, richesses qui allaient booster la consommation des ménages en termes d’acquisitions de véhicules et de logements.
Dans les pays asiatiques, quel que soit le prix du baril de pétrole le niveau de la croissance se maintient car elle est tirée par la dépense privée, par un secteur productif dynamique.
Aujourd’hui au Sénégal le PSE (27 grands projets d’infrastructures) est tiré par la dépense publique alimentée par l’impôt (pression fiscale lourde sur les entreprises locales) et l’emprunt (endettement qui profite aux entreprises étrangères). Le PSE repose sur la même stratégie qu’avait utilisée le président Obiang Nguema c’est-à-dire une croissance portée par l’État avec un fort contenu infrastructurel : les résultats ont été médiocre et la population en souffre beaucoup.
M. le ministre de l’économie avait dit à Paris les 23 et 24 février 2014 que le PSE 1 (phase 1) allait amorcer la transformation structurelle de l’économie sénégalaise. Ainsi le premier axe du PSE 1, l’axe le plus important fut nommé : transformation structurelle de l’économie. Mais aujourd’hui on est passé à côté. A la veille du bouclage du PSE 1, la croissance de l’économie sénégalaise se singularise par son profil conjoncturel (dépendant jusqu’à présent de facteurs exogènes). Aucun début de transformation structurelle n’est visible car aujourd’hui le Sénégal est confronté à une crise microéconomique (pouvoir d’achat des ménages et activité des entreprises en panne). Donc on est loin des objectifs de début de transformation structurelle de l’économie dans la phase 1 du PSE, objectifs déclinés à Paris en février 2014 durant le lancement du PSE 1.
Aujourd’hui le choix des autorités a rendu notre économie très vulnérable. Cette vulnérabilité économique fait qu’aujourd’hui, d’après la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement), à travers son dernier rapport sur le classement des pays (rapport juin 2016) le Sénégal ne sera même pas en 2025 un pays à revenu intermédiaire à cause de la vulnérabilité de son économie. En effet le Sénégal ne fait pas partie du lot des pays qui accéderont en 2025 au statut de PRI (Pays à Revenu Intermédiaire) selon le CNUCED.
Le plus grand problème de l’économie sénégalaise réside dans la gestion de la dépense publique. La dépense publique est constituée des dépenses de consommation des administrations publiques et de l’investissement public. Dans un pays comme l’Arabie Saoudite il n’y a pas d’économie, c’est l’État qui gère l’économie, qui fait travailler tout le monde avec la commande publique. En Arabie Saoudite la dépense publique a un rôle structurel dans l’économie, une situation dangereuse car quand le prix du baril chute toute l’économie se retrouve dans des difficultés. Au Sénégal depuis le lancement du PSE, la dépense publique gère l’économie, une situation dangereuse car quand le prix du baril monte toute l’économie se retrouve dans des difficultés (problème de trésorerie).
Aujourd’hui il faut une transition, d’une économie gérée par la dépense publique à une économie gérée par la dépense privée. Cette transition ne sera possible que quand la dépense publique sera au service du tissu économique local sénégalais. Cette option est celle du parti REWMI qui vous présentera bientôt la vraie solution en matière de politique économique.
EL HADJI MANSOUR SAMB
ECONOMISTE-ECRIVAIN
RESPONSABLE POLE ECONOMIE ET PROSPECTIVE DE LA CELLULE DES CADRES DE REWMI
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