Nous le disions,déjà, dans une contribution précédente, paraphrasant en l’occurrence un propos de Cynthia Fleury : « On n’est courageux que seul. Comme on meurt seul ».
Or, la défense des principes appelle le courage.
Faites-en vôtre, ce viatique ; c’est-à-dire arborez quelque chose du genre ‘‘d’abord les principes, ensuite les principes, et enfin les principes’’, et vous deviendrez, nécessairement, un homme ou une femme de devoir.
A l’opposé, il y a la transigeance, autre synonyme de la complaisance à toute épreuve. Si l’on sait, en outre, que la transigeance, en politique, est, aussi, une forme de transhumance politique.
Hélas ! nous l’avons vu, ou vécu, la mort dans l’âme, avec l’«affaire Karim Wade», puis l’«affaire Khalifa Sall», face auxquelles affaires l’opposition dans sa globalité ainsi que la société civile et les forces vives du pays continuent aujourd’hui encore de faire l’autruche.
Mais nous l’avons vu ou vécu, aussi, en 2016, avec le référendum sur la réforme constitutionnelle, puis, en 2017, avec les élections législatives et, en 2018, avec l’adoption scabreuse de la loi tout aussi scabreuse sur le parrainage.
A chaque fois, la règle du jeu était faussée et les dés pipés par avance ; et à chaque fois l’opposition dans sa globalité ainsi que la société civile et les forces vives du pays s’en sont accommodées.
Et l’on s’étonne que, face à des « crabes à coque molle », Macky Sall ne cesse de jubiler en ces termes : « Je n’ai peur de personne… » ?
D’ailleurs, qui d’autre aurait-il éprouvé la moindre peur dans les mêmes circonstances ?
Qu’à cela ne tienne, le réveil douloureux et pathétique des candidats à la candidature présidentielle recalés par le Conseil Constitutionnel au terme de l’épreuve des parrainages, qui se découvrent tout à coup extraordinairement courageux collectivement, mais guère individuellement, témoigne à lui seul de l’inconséquence dont tous et chacun font montre face à un régime déterminé, plus que de raison républicaine ou démocratique, à se maintenir au pouvoir. Coûte que coûte !
Et ce, avec la complicité, fût-elle ingénue, de membres éminents de la société civile, notamment parce qu’ils auront pris la lourde responsabilité historique, en cette circonstance historique – à leur demande expresse, promptement agrééepar les autorités, avec jubilation ou presque – non pas de siéger comme observateurs (qui auraient en l’espèce les moyens objectifs de leur mission), mais en qualité de voyeurs (adeptes du voyeurisme), au Conseil Constitutionnel, aux côtés des sept Sages.
Car, alors, ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, mais guère plus pour observer.
Diantre ! Pourquoi maintenant, et seulement maintenant ?
Serait-ce plus juste de contraindre Karim Wade à l’exil d’une part, et d’embastiller Khalifa Sall d’autre part, que de procéder, par élimination, et par l’arbitraire, dans le cadre du processus dit électoral, à la réélection du président Macky Sall ? Et, s’il vous plait, dès le 1er tour ?
Quoi qu’il en soit, tâchons de nous rendre compte qu’il est minuit passé de douze heures. Autrement dit, là-haut, au-dessus du Sénégal, le soleil est à son zénith. Alors, naturellement, il fait très chaud.
Jean-Marie François Biagui est Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)