La rhétorique guerrière du président Macky Sall est de plus en plus insupportable ! Il a, et il le dit dans son livre, une haute idée de ses ancêtres guerriers. C’est son droit. Nous ne sommes pas obligés, pour autant, de nous soumettre à ses diktats sans broncher. A cet égard, et à un moment qui aurait dû être solennel, car faisant suite à son adresse à la nation, il affirme n’avoir peur de personne. Même si cette réponse à la question d’un journaliste était relative à deux candidats qui ont subi toutes sortes d’avanies depuis son accession à la magistrature suprême, cela ressemble à une menace. Nous le prenons comme une bravade. Oublie-t-il que la position qu’il occupe, grâce au vote des sénégalais est un contrat à durée déterminée de 7 ans ? Nous n’oublions pas au demeurant, qu’il s’était engagé personnellement à le ramener à 5 ans. Il l’a dit et répété plusieurs fois et en différentes circonstances. A un point où le président Sarkozy lui avait fait, malicieusement, la remarque que c’était la première fois qu’il « entendait un président élu pour sept ans s’engager à diminuer son mandat de deux ans ! » Ah le sarcasme français… C’était donc un engagement. Tellement ferme qu’il a été réitéré à l’occasion d’un message solennel à la Nation.
Par la suite, le président Macky Sall s’est dédit, prenant prétexte de la Constitution alors que c’était sa parole qui était en question ! Et c’est, pour ce qui me concerne personnellement, le point nodal d’une profonde rupture de confiance au regard du manque de courage politique qui nous a valu un référendum inopportun et coûteux. J’aurais été séduit, si à ce moment-là, le président Macky Sall avait pris son courage à deux mains et remis en jeu son mandat pour tenir sa parole. Et je n’aurais pas été le seul ! Tant l’acte aurait été grand. Tant il aurait été beau, altier…guerrier ? Il aurait en effet constitué une rupture dans les idées reçues selon lesquelles la parole, en politique, est fausse, factice, évanescente… Ce premier rendez-vous raté avec la vertu et le courage ne sera pas, hélas, le seul. Tout le septennat finissant aura été le théâtre d’une succession de paroles d’avant contredites par des actes d’après. Des postures déroutantes, voire des impostures quant au fond. Les images et les bandes sonores en attestent. Qu’il me soit lancé le défi de prouver ce que j’avance. Une salle équipée d’un grand écran ferait l’affaire.
Cela étant dit, la division des forces de l’opposition en raison de la multiplication de leaders, plus ou moins représentatifs, est un miroir déformant de la réalité de l’ampleur de la défiance populaire. Qui n’entend monter une colère sourde porteuse d’une réprobation catégorique des manipulations de la loi, et des persécutions judiciaires à géométrie variable ? Alors même que le mandat finissant devait être celui de « la restauration des valeurs… » Qui ne se sent outré par la mise en œuvre de la loi sur le parrainage, dans des conditions opaques, avec pour seul objectif de tailler une victoire sans encombres au président sortant ? Les jours à venir, la démonstration sera faite, sur tous les fronts, du caractère dangereux et subversif du processus en cours.
En attendant, nous misons encore sur la sagesse des juges de la Cour Constitutionnelle. Ils ont la lourde responsabilité de veiller à l’égalité des candidats et au traitement équitable des dossiers qui leur sont soumis. Pour cela, ils doivent nous rassurer sur la fiabilité des outils informatiques, ou autres, qui vont servir à fonder leur décision. Aucun doute ne doit subsister à ce sujet. En outre, l’égalité de traitement de TOUS les candidats à l’élection présidentielle doit être garantie par le système judiciaire sénégalais, dernier rempart contre l’absolutisme. Sinon, nous serions fondés à solliciter l’arbitrage du peuple souverain.
Cela dit, et pour ce qui concerne la Coalition Hajibou 2019 dont je m’honore de faire partie, l’heure est à la sérénité. Les résultats obtenus, sans tambours ni trompettes, confirment notre conviction que l’agitation n’est pas l’action. Même dans la lecture des résultats actuels, il apparaît que notre candidat à engrangé des résultats qui le placent juste après les candidats dits confirmés. Alors qu’il n’en est encore rien pour personne. Et si les recours sont traités avec équité et justice, il ne fait pas de doute que Cheikhe Hajibou Soumare fera partie des candidats à la présidentielle du 24 février 2019. Incha Allah.
Mais nous sommes également conscients que la mère des batailles n’est pas une stratégie de survie individualiste. La vraie bataille c’est d’obtenir, dans l’unité et la détermination, le respect des principes républicains et de la loi par tous et pour tous. L’opposition doit donc serrer les rangs. Défendre les intérêts supérieurs de notre Nation. Une démocratie majeure repose sur des mécanismes qui fonctionnent indépendamment des humeurs ou d’intérêts partisans. Les règles ne changent pas au gré du vent. Elles doivent être solides et survivre aux orages de la compétition politicienne.
Il va falloir du courage. Beaucoup de courage et de lucidité aux juges de la Cour Constitutionnelle pour nous regarder, les yeux dans les yeux et nous dire le Droit. Dans sa pure interprétation. Nous les attendons. Là. Avec foi et espérance.