Le parrainage vient de livrer ses résultats avec sept candidats qui passent : Idrissa Seck, Macky Sall, Madické Niang, Karim Wade, Khalifa Sall, Issa Sall et Ousmane Sonko.
Parmi les recalés, ceux dont l’échec a été le plus retentissant sont Malick Gakou et Bougane Guèye Dany.
Pour le patron de D-média, l’étonnement a été d’autant plus grand qu’il avait brandi un document signé par un huissier attestant de l’enrôlement pour son camp de plus de 700 mille parrains. Cependant, pour un observateur averti, c’était le début de la suspicion. L’huissier ne pouvait que constater un nombre à lui présenté sans pour autant pouvoir attester de la conformité. Il ne dispose pas du fichier électoral pour faire ce travail ni de la liste des autres candidats afin de vérifier les doublons. Le candidat ne sait peut-être pas que c’est en brandissant le document de l’huissier qu’il a attiré l’attention sur lui et dans le mauvais sens. Qu’il soit recalé ne surprend pas les plus avertis. L’autre grosse erreur, c’est d’avoir fait l’émission «Jakaarlo» de la Tfm sans pour autant corriger sa communication centrée à outrance sur le «Je» et le «Moi» depuis qu’il s’est engagé en politique. Il est d’ailleurs en train de répéter les mêmes erreurs en voulant surfer sur deux tableaux d’alliance avec Sonko ou le Pur. Quand on est en politique, les choix doivent être clairs et bien tranchés. Il ne peut pas être avec les deux en même temps, à moins qu’il n’ait une troisième option qui le mènerait vers le camp présidentiel. Avec Bougane, il faut s’attendre à tout. Il nous avait dit qu’il n’était pas candidat pour 2019, il a ensuite cherché à l’être. Il nous a informé de l’enrôlement de plus de 700 mille parrains, au finish presque rien.
L’autre grosse surprise concerne Malick Gakou. Ce dernier, on l’a tous vu se battre pour être parmi les premiers à déposer sa liste de parrainage. Il s’en est même sorti avec un œil mal en point. Le discours qu’il nous a servi ce jour-là était tellement guerrier que l’on a pensé un temps qu’il pouvait bien représenter l’aile dure de l’opposition. Maintenant, lors de sa dernière sortie du Conseil constitutionnel après avoir été recalé, la teneur de son discours a surpris plus d’un, même ses propres souteneurs. Le monsieur est apparu trop conciliant et presque pas trop surpris, ce qui fait croire à certains observateurs que tout a été négocié et que le leader du Grand parti réserve bien des surprises pour les jours à venir.
Parmi ceux qui sont passés, il serait intéressant de s’arrêter sur les cas de Pur et de Pastef qui ont réussi l’exercice dès le premier essai, contrairement à des partis traditionnels comme Rewmi. Pur s’appuie sur une organisation huilée et qui s’adosse sur un pan de la confrérie Tidiane : les Moustarchidines. Il faut vraiment être dupe ou malhonnête pour ne pas reconnaître que ce parti puise sa force de la foi que beaucoup de talibés ont de leur guide spirituel, Serigne Moustapha Sy. C’est ce qui explique même que l’investiture de leur candidat a été reportée une fois au moment où il y avait une brouille entre Issa Sall et Serigne Moustapha. Rien ne peut se faire sans ce dernier. Celui ou celle qui aura le nombre de talibés dans ce groupe aura plus ou moins le score du candidat lors des élections. Ce score ne sera pas élastique : ce sera inférieur ou égal au nombre de talibés du guide religieux. Pur a réussi le parrainage, car le gros du travail a été fait au sein des dahiras. Chaque membre s’est inscrit sur les fiches remises à son responsable de dahira.
Concernant Pastef, la force a résidé dans l’organisation interne et le traitement des informations reçues. La majorité des primo-votants a été écartée pour mettre le focus sur des parrains ayant l’habitude de voter, pour ainsi minimiser les doublons et les rejets pour autres motifs. La stratégie du porte-à-porte a aussi produit des résultats probants, nonobstant que la liste des parrains de Sonko ait été déposée très tôt.
Pour Benno bokk yaakaar, son passage n’a pas surpris. Ce qui n’est pas le cas de Madické Niang qui, jusqu’à présent, n’arrive pas à expliquer où est-ce qu’il a trouvé ses parrains en trois mois.
Aujourd’hui, ce qui est clair, c’est la prochaine invalidation de la candidature de Karim Wade qui n’est pas inscrit sur les listes électorales : c’est un constat. Pour Khalifa Sall aussi, même si le rabat d’arrêt est agité, cela nous surprendra après tous ces efforts déployés que l’ancien maire de Dakar soit candidat.
Quoi qu’il en soit, il y aura des élections et les Sénégalais continueront de vivre au-delà du 24 février 2019.
Vive le Sénégal !
Souleymane LY
Spécialiste en communication
julesly10@yahoo.fr