Le 24 Février 2019, il sera organisé dans notre pays, une élection présidentielle qui devra permettre au peuple sénégalais de désigner souverainement celui ou celle qui aura le grand honneur et la très lourde charge de présider à sa destinée. Cette compétition constituera un moment fort et une étape cruciale dans la marche de notre jeune république si tant est que nous pouvons nous prévaloir d’en être une.
Ce sera une occasion de plus pour évaluer et juger non seulement l’évolution de notre démocratie mais aussi la solidité, la viabilité et la fiabilité de nos institutions. Tous les Sénégalais, à quelque niveau où ils se trouvent, seront parties prenantes de ces joutes électorales soit par une participation active soit de manière passive traduite par une abstention ; et quelle que soit l’attitude et le cas de figure choisi, leurs responsabilités seront engagées.
Vous, membres des forces de sécurité, serez impliqués à un double titre : d’abord en votre qualité de citoyens jouissant du droit de vote mais surtout en tant qu’acteurs du dispositif sécuritaire étatique.
Les signes prémonitoires qui se manifestent ne présagent rien de rassurant quant à la tenue d’une élection libre, démocratique, transparente et crédible. En effet, tout observateur peut aisément constater un amoncellement inquiétant de pratiques et de comportements de la part des autorités, notamment du Ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, organisateur de l’élection, qui s’est montré, tout le long du processus, réfractaire et rétif à toute ouverture pour un dialogue positif et constructif tant avec l’opposition qu’avec la société civile.
Il est évident que cette absence de concertation entre les acteurs de la classe politique, comme cela devrait être dans tout régime démocratique, crée les conditions d’un contentieux préélectoral et post électoral et sème les germes d’une contestation dont on ne saurait mesurer les conséquences.
L’acquisition récente d’équipements anti-émeutes laisse présager la volonté du pouvoir en place de se donner les moyens de répression des contestations que ne manquera pas de provoquer le parachèvement du holdup électoral en préparation.
Comme le rejet programmé des pourvois de Khalifa Sall par la Cour Suprême, le rejet illégal par le Conseil Constitutionnel de 20 candidatures participe des actes qui révèlent davantage les contours du dispositif mis en place par le candidat sortant pour se fabriquer une victoire au premier tour.
Il sera légitime de s’opposer à un coup de force électoral.
Le cas échéant, vous devrez vous garder de prêter votre concours au candidat sortant pour tenir le peuple en respect.
Vous devez faire preuve de responsabilité, de mesure, d’équité et de discernement dans l’exécution de vos missions conformément aux règles républicaines.
A cet égard, il ne faut jamais perdre de vue qu’en matière de contentieux électoral, il ne s’agit point d’une opposition entre l’Etat et des citoyens mais plutôt entre des acteurs politiques d’égale dignité, tenus aux mêmes devoirs et obligations et jouissant des mêmes droits.
Aussi vous- est-il exigé d’adopter une posture républicaine qui vous impose de respecter les principes d’équité entre les candidats et vous interdit de cautionner la violation des principes fondamentaux qui gouvernent l’organisation d’élections démocratiques.
Vous devez être conscients que le coup de force électoral qui se prépare constitue une menace grave sur la paix et la stabilité sociale dont vous êtes les garants.
Votre devoir est de défendre la République et non les intérêts politiques illégitimes du candidat sortant.
Le cas échéant, les membres des forces de sécurité complices du candidat sortant dans son obsession irresponsable d’une réélection à tout prix et responsables de dérives répressives devront répondre de leurs actes.
A cet égard un dispositif d’observation approprié sera mis en place pour documenter toutes les violations des droits humains.
Plateforme opérationnelle de sécurisation des élections (POSE)