Ça y est, c’est le jour du Conseil constitutionnel ! Celui où cette haute juridiction va sélectionner les candidats définitifs à l’élection présidentielle ! La combinaison gagnante ? 7 pour les plus optimistes-rêveurs, 6 pour les calculateurs-stratèges et 5 pour les pessimistes-réalistes ! Et ce pour un fauteuil royal !
La majorité des candidats avait déjà été pré-recalée par le Conseil constitutionnel. Le parrainage n’a pas fait de sentiment. Les affaires politiques sont les affaires politiques ! Pas de place pour les mal organisés ou le trop plein de candidats qui aurait pu jeter le discrédit sur la loi du 4 juillet 2018. Les ordinateurs du Conseil constitutionnel ont tourné à plein régime et ont éliminé sans ménagement, les un-e-s après les autres. 20 au total ! La technologie au service de la démocratie a arrêté son chiffre préférentiel sur 7 candidats. Pas plus ! 10 semblait un chiffre raisonnable, voire 14 en référence aux 2 dernières élections présidentielles. Non, c’était trop apparemment pour 2019 !
7-6-5, les bookmakers sont sur les starting-blocks. Le peuple sénégalais est à l’écoute. Lui qui suit ou subit le feuilleton de la présidentielle depuis février 2018 avec l’entrée fracassante d’Idrissa Seck en pré-campagne. Les partisans, eux, sont surexcités. Ils n’imaginent pas un seul instant leurs leaders évincés. Le jour fatal est arrivé ! Comme lors de l’attente des résultats d’un examen, l’espoir est de mise ! Ce matin et durant toute la journée, 2 candidats seront plus fébriles que d’autres ! Les 2 K ! L’un, dans sa geôle peu enviable, se rattache au rabat d’arrêt (n’est-il pas déjà trop tard !) et l’autre, de son exil, a jeté ses dernières forces dans la bataille fort d’avis de constitutionnalistes internationaux (n’est-il pas déjà trop tard !).
7 arguments adressés au Président et membres du Conseil constitutionnel par les experts de Karim Wade ! Ceux-ci sonnent un peu comme les 7 péchés capitaux du régime de Macky Sall ! Karim Wade l’a-t-il fait sciemment exprès ? Que visait-il en particulier ? La colère perceptible dans la gouvernance du Président sortant ! Ce dernier ne pardonne pas à ses anciens frères libéraux le sort qu’il lui a été réservé. Il le fait savoir dans un livre « Le Sénégal au cœur ». Une anecdote révélatrice lorsqu’il fût empêché d’entrer dans le sacro-saint du temple de la politique sénégalaise : le Palais de la République. Une bête politique humiliée qui rumina sa vengeance et qui l’obtint ! Avarice lorsque le Président sortant n’a pas souhaité se séparer de son bien le plus précieux, son mandat de 7 ans. Encore le chiffre 7 ! Il s’est alors réfugié dans la décision des 7 sages du Conseil constitutionnel qui, pourtant, ne demandaient rien.
L’orgueil ? Malgré l’invite du Comité des droits de l’homme des Nations Unies à réexaminer le fond de l’affaire de Karim Wade, le gouvernement sénégalais s’arc-boute à l’arrêt de la Cour suprême du 30 août 2018. Le contentieux a été vidé, répondent-ils tous en chœur. Malgré les difficultés à transposer l’arrêt de la CREI dans les ordres publics étrangers, le Sénégal brandit la menace de la contrainte par corps, encore une mesure juridique surannée ! La CREI et la contrainte par corps, 2 symboles du léviathan (judiciaire) de Thomas Hobbes, ressuscités au XXIème siècle par le Sénégal, s’apparentent à ne pas en douter au vice de la gourmandise, celui d’éliminer à peu de frais ses adversaires. Ces procédés juridiques machiavéliques d’un autre temps, ne sont en tous les cas pas à la hauteur d’une démocratie moderne. Et ce, même si la réédition des comptes est une exigence des peuples.
La paresse ? Bien que la France n’ait plus les moyens de sa politique africaine d’antan, obligée d’aller quémander pour la force armée du G5 Sahel auprès de ses rivaux comme la Chine, le Sénégal ne lui en garde pas moins une place privilégiée. Moins monopolistique certes ! Mais suffisamment stratégique pour être acceptable par l’ancien colonisateur ! A contre-sens avec les nouvelles opiniâtretés de la jeunesse africaine, laquelle privilégie une Afrique fière, plus forte et qui compte davantage sur elle-même que sur la France.
Le 13 janvier, le jour fatal ? Les 7 membres du Conseil constitutionnel annonceront les heureux qualifiés. La route se terminera pour un ou deux d’entre eux. A moins d’une surprise à laquelle personne ne croit tant ces dernières années tout a été minutieusement pensé en vue de la mise en œuvre de l’envie d’un 2ème mandat. Le Président sortant suit l’exemple de son ancien mentor, Me Abdoulaye Wade en 2007. Il parie sur la continuité : l’accélération des inaugurations, l’annoncement en grande pompe de la 2ème phase du PSE le certifient. Cela rassure bien des sénégalais.
Les 4, 5 ou 6 autres candidats, qualifiés ou éliminés, ont encore leur mot à dire ! Il n’y a plus de fatalité en politique. Une nouvelle ère s’est ouverte en 2000. Tout est possible à condition de plaire à la majorité silencieuse !
Cave cave dominus videt ! (Attention Dieu vous voit !)