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PrÉsident, Nous Ne Sommes Pas AmnÉsiques !

PrÉsident, Nous Ne Sommes Pas AmnÉsiques !

Dans cet extrait de son discours – aux allures de gaaruwaale, à la teneur d’autoglorification et aux odeurs de compagne électorale -, tenu lors de l’inauguration folklorique et non moins politique de la mosquée Souleymane Baal à Guédiawaye ce 18 janvier, le président Macky Sall semble vouloir se démarquer de ses camarades politiciens et surtout de ses prédécesseurs – accusés implicitement d’incompétents et de beaux parleurs – par la « véracité de son langage » et le soi-disant respect de la parole donnée : «  Lii ñuy wax du ay géente, du ay digle. Man du ma digle. Lépp lu ma léen wax rekk, fekk na ñu étudier ko, xool ko, xayma ko.  Ba am alal ji koy liggéey. Koon day wuute ak façon yi nga xamne moom lañu ñu tàmmaloon fii si Senegaal. Di wax rekk, di léeb rekk, di léeb rekk. Man du ma politike noonu. Lu  ñu fi wax rekk,  fekk na ñu étudier ko, gëstu ko, wuut alal ji siy dem[1] »

Le mot qui nous intéresse dans ce discours est Léeb. Polysémique, dans son sens premier il signifie raconter une ou des histoires. C’est ce qu’a très bien fait Birago Diop dans ses fameux contes d’Amadou Koumba. Il peut aussi dire raconter des histoires, mais cette fois-ci pour étaler des contre-vérités et/ou des affabulations. C’est cette seconde signification qui nous importe dans ce texte.

Passons dès lors au peigne fin quelques-uns des événements ayant eu lieu sous la présidence de Macky Sall pour jauger ses propos à l’aune de la réalité des faits.

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Ayant promis urbi et orbi de réduire la durée de son mandat de 7 à 5 ans, notre président a fait montre d’un wax-waxeet légendaire, qui à coup sûr, marquera à jamais l’histoire politique de notre pays. N’avait-il pas aussi promis une gouvernance sobre et vertueuse ?

Les multiples scandales survenus lors de son mandat le contredisent. La justice a été souvent aux ordres de l’exécutif. Son application a été fréquemment partiale, partielle et parcellaire – pour utiliser les mots d’Aimé Césaire – dans bien des dossiers. Par conséquent elle a été à maintes reprises plus clémente envers certains de nos concitoyens riches et connus qu’à l’égard des « petites gens » anonymes. La présence complaisante de l’ancien colonisateur n’a jamais été aussi grande et visible dans le pays. Les affaires Bictogo, Pétrotim, et plus récemment, Prodac et Mamour Diallo, pour ne citer que celles-là, ont fait très mal à nos maigres deniers publics.

Le président n’avait-il pas affirmé dans le journal Jeune Afrique les propos suivants : « Je ne mêle jamais ma famille à la gestion du pays. Si mon frère a été amené à être cité dans des affaires de sociétés privées, c’est parce je lui avais justement indiqué très clairement, dès ma prise de fonctions, qu’il ne bénéficierait jamais de ma part d’un décret de nomination, notamment en raison de l’histoire récente du Sénégal [Wade père et fils] et parce que je ne voulais pas être accusé de népotisme[2]. » Pourtant il a nommé son frère, Aliou Sall, directeur général de la Caisse des Dépôts et de Consignations.

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Quid des promesses d’un gouvernement de 25 ministres, de la création de 500 000 emplois et de la primauté de la patrie sur le parti ? La liste des promesses non tenues est loin d’être exhaustive.

Donc, ne serait-ce que par respect au peuple, le président doit cesser de nous gaver de Léeb. La pratique de la politique chez nous devrait être plus que « le moyen par lequel des hommes sans principes dirigent des hommes sans mémoire, » pour paraphraser Voltaire. Surtout à l’approche de l’élection présidentielle où la prudence doit être de mise. La balle se trouve désormais dans le camp du peuple, qui, espérons-le, sera très réaliste et vigilant dans le choix de son prochain président.

[1] https://www.youtube.com/watch?v=niKPZXlkcu4

[2] https://www.jeuneafrique.com/mag/384880/politique/macky-sall-tends-main-…







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