La société Mandingue à travers l’Islam s’était bien organisée et disposait d’une Université qui délivrait quatre principaux diplômes. Ces titres ou grades classés par ordre d’importance décroissante sont :
-FODÉ;
-LALIMOO;
-KANG;
-AFANG.
Pour prétendre au titre de FODÉ, l’étudiant doit remplir deux conditions:
-être averti des tenants et aboutissant du Zahir (sens apparent) et du Bâtin (sens caché),
-Connaître la méthodologie juridique de l’Islam.
Le FODÉ est donc la personne capable d’interpréter et d’exploiter l’écriture divine et l’appliquer au cas concrets à résoudre. Cette grande responsabilité lui permet d’animer les Kawandoos (serments) lors des grands événements comme le Banna saloo (Tabaski), le Muskotto saloo (Tamkharit).
LALIMO permet à son détenteur d’être juriste ordinaire du monde musulman Mandingue. Les Lalimos sont reconnus par leur accoutrement composé d’un DINDIYABAA (grand boubou blanc), d’un COTONDANG ample (équivalent d’un sous vêtement moderne), d’un DABAA (pantalon bouffant) et d’un NAWOO (mouchoir de tête). Le LALIMO assiste Le FODÉ dans le règlement des petits conflits (litiges sur champs, rizières, querelles de couples…).
KANG troisième grade de l’Université Mandingue est délivré au citoyen spécialiste de l’interprétation (Tafsir) et de la grammaire (Nahw). L’habillement du KANG est composé d’une savate et d’un SABADOROO laissant apparaître sur sa poitrine de gros gris-gris. En milieu Mandingue Le KANG appelé aussi KARAMOO est chargé de diriger le KARANG- BOUNG (l’école). Le matin il donne des cours dans le DJIBIROKOTO (véranda) et le soir autour d’un grand feu ( KARANTAA).
AFANG, dernier diplôme est décerné à l’étudiant ayant terminé le coran et qui maitrise le système métrique et arithmétique. Très disponible, le AFANG reçoit beaucoup de visite des nécessiteux (douwaa gnining laalu) à qui il donne des talismans et de l’eau bénite. Les AFANG ou ARFANG sont aussi connus par leur voyage en période de soudure pour aller monnayer leur savoir faire. Dans le Pakao d’antan, le AFANG était reconnaissable par son bonnet orné de deux pointes relevées, son KOUNÉ (valise), sa natte de prière, son bouilloire et son long chapelet (TASSABAYOO) qu’il égraine à longueur de journée.
Il est donc facile de constater que la société Mandingue était très bien structurée : L’ALKAALO (chef de village) s’occupait du pouvoir temporel et les diplômés de l’Université du pouvoir spirituel.
Dr. Mamadou CISSE
Scientifique-chercheur
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