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Un Pont Pour Un Bond En !

Un Pont Pour Un Bond En !

 

« …Et les bavardages se taisent devant le sérieux de l’histoire » !

Ce qu’il y a de sérieux dans la marche de l’histoire de notre peuple, c’est l’inauguration du pont sur la Transgambienne.  Ce qu’il y a de sérieux, dès lors, c’est la fin du supplice subi par des millions de sénégalais qui ont souffert dans leur chair la traversée. En regardant, les images du pont se défiler devant nous complétement médusés, ne pourrions-nous – en aucune manière – nous débiner  devant le sérieux de l’histoire ! On ne saurait effacer, comme par enchantement, tout le calvaire subi pour traverser ces quelques malheureux 942 mètres qui rallient Bamba Tenda à Yelli Tenda.

Combien d’heures passées dans un endroit où l’inconfort est le seul décor ?

Combien de jours pour les chauffeurs de camions qui regardaient impuissants les fruits en souffrance pourrir sur place ?

Quel impact psychologique aura laissé ne serait-ce que l’idée de vouloir voyager via la transgambienne ?

Combien étaient les sénégalais qui prenaient le pont comme un éléphant blanc ?

Pour les usagers qui connaissent ce véritable parcours du combattant en règle en ces lieux, cette inauguration restera historique ! En réactualisant les évènements qui s’étaient déroulés devant nous, verser l’inauguration du pont dans le cadre d’un fait divers, c’est insulter donc l’histoire. En rangeant dans le carcan de trivialité cet ouvrage, c’est chercher à effacer de la mémoire collective toutes ces épreuves de nerfs subies ici, des nerfs mis le plus souvent à rudes épreuves par la rigueur de l’attente. C’est dire que ce fut une véritable traversée avec en bandoulière, la croix et la bannière.

Refaire la géographie pour faire l’histoire, telle est, donc, la prouesse réussie par le Président du Sénégal. En mettant fin à cette tragédie des temps modernes sur la Transgambienne, le Président Macky Sall a, par conséquent, refait l’histoire.

Si l’histoire et la géographie sont intimement liées, tout compte fait, pour faire l’histoire, dit-on, il faut refaire la géographie. Si, par exemple, Napoléon fait l’histoire, c’est qu’il a refait la géographie de son pays en élargissant les frontières de la France. On pourrait en dire autant de la pléthore d’hommes et de femmes qui ont agi sur la géographie pour entrer dans l’histoire. C’est la géographie qui nous condamne à vivre tel climat, tel relief, à affronter tel ou tel aléa de la nature ou buter à des obstacles naturels… Les grands hommes qui entrent dans l’histoire (par la grande porte !) sont ceux qui parviennent à refaire leur géographie : par exemple en déviant des cours d’eau pour créer des fleuves ou des lacs artificiels pour vaincre la sècheresse et la faim( tel Kadhafi, par exemple !), en faisant disparaître des montagnes en faveur de l’habitat ou l’agriculture de leurs habitants ou en agrandissant les frontières de leur pays, etc. S’il en est ainsi, ceux qui entrent dans l’histoire – disons les grands hommes alors ! – sont ceux-là qui parviennent à transformer un environnement hostile en un milieu familier purgé au mieux des contraintes naturelles pour le plein épanouissement de leur peuple. Et s’il est vrai qu’on subit sa géographie, on peut tout de même refaire son histoire en agissant sur la géographie. Ce que la géographie a eu de plus hostile pour les sénégalais, c’est le fleuve Gambie dont la traversée tourmentait les usagers. En contribuant dans une très large mesure à construire un pont qui enjambe majestueusement ce fleuve, le président Sall est, par conséquent, entré à jamais dans l’histoire en réglant définitivement la fastidieuse question de la traversée.

Si les positions géographiques de la Gambie et du Sénégal font que ces 2 peuples sont condamnés à être voisins, la question de la Transgambienne rendait, par moment, leurs relations exécrables du fait des tracasseries de toutes sortes endurées en ces lieux. En témoignent les mouvements d’humeur récurrents des transporteurs conduisant à des blocus à foison. Le mérite du Président SALL, de ce point de vue, c’est donc avoir réussi à renverser l’ordre – le désordre devrais-je  dire ! – d’un voisinage hostile du fait d’un président pour qui le jeu favori était de tourmenter les sénégalais. Au pouvoir depuis 1994, Yaya Jammeh avait réussi (jusque-là !?) à rendre hypothétique la réalisation de l’ouvrage. Tel quelqu’un qui détient un pantin, il a toujours réussi à tirer les ficelles en dictant presque sa loi à tout le monde. Si le pont est réalisé enfin, c’est qu’il manquait la détermination, l’engagement et l’audace du côté sénégalais. C’est ce que Macky Sall a montré et ce qui était donné pour mythe est devenu réalité. Et pour être juste, citons également pour le magnifier Adama Barrow qui a facilité ce que Jammeh rejetait toujours. J’avais d’ailleurs écrit, à ce propos, il ya deux ans de cela une contribution parue à Sud quotidien et repris par de nombreux sites que « tant Yaya resterait au pouvoir, il n y’aurait pas de pont ». Je rêvais ne pas avoir raison, mais l’histoire me donnera raison, malheureusement !

On aura beau parler de l’apport de la BAD, de l’implication de la CEDEAO, de tout ce qu’on voudra, mais on ne saurait occulter l’engagement et la ferme détermination du Président qui en a fait un cheval de bataille de premier ordre et sa volonté politique a fait le reste. Tous ces organismes existaient depuis des décennies, mais il n’y a pas eu de pont. C’est dire qu’il manquait une pièce pour réaliser le puzzle du pont: Macky Sall.

Tous mobiles qui font que le Président du Sénégal est entré dans l’histoire en réglant, à jamais, un lancinant problème que nous imposait notre géographie.

Désormais, la psychose de la traversée a volé en éclats et au plan économique les énormes potentialités de la partie sud du pays peuvent être écoulées dans le reste du pays sans coup férir. Sous ce rapport, avec ce pont « qui surplombe le fleuve d’une enjambée gigantesque », c’est un grand bond en avant pour l’économie du pays et pour la Casamance.

Ibrahima Diakhaté Makama

makamadiakhate@gmail.com

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