Ce lundi 14 janvier 2019 fera date dans notre histoire. La réception du Train express régional est désormais une réalité émergente. Les deux premiers trains du projet ont été officiellement réceptionnés ce lundi 14 janvier, alors que la gare ferroviaire de Dakar, elle, était inaugurée. On avait l’impression d’être dans un salon business class d’un aéroport. Tout était beau. Tout était joli. Les ingénieurs travaillent encore à la finalisation du tronçon Dakar-Rufisque avec la mise en place des mesures sécuritaires. Deux trains sur les 15 prévus ont ainsi été réceptionnés et ont passé avec succès le test sur les rails. Ce Ter desservira 14 gares et aura une vitesse de pointe de 160 km/h. Il pourra transporter jusqu’à 115 mille passagers par jour et a une capacité de 500 places.
Assurément, le Ter plonge le Sénégal dans une modernité de son système de transport. Surtout que les projections parlent dans le long terme de la création de plus de 6 000 emplois. La petite confidence à faire, c’est que la filiale de la Sncf chargée de gérer le développement du réseau prévoit la création de milliers d’emplois pour le fonctionnement des gares, avec tout ce que cela comporte comme gérance, nettoiement et gardiennage. Assurément, c’est le plus que du Ter. Mais il reste que l’image qui m’a le plus fait frissonner ce lundi 14 janvier, le jour de l’inauguration, sans aucune considération politique, c’est l’ancien émigré que je suis, a véritablement apprécié à sa juste valeur le bijou mis à la disposition des usagers. C’est d’avoir l’impression d’être à un moment à la gare du Nord en France, quand les 2 rames, l’une sortant de la gare de Dakar, l’autre ramenant le président de la République à la gare de Dakar, offrent un spectacle qui dépoussière des images denses de mes souvenirs d’une séquence de vie en France. Surtout avoir vécu avec ces poteaux électriques et les caténaires sur les locomotives, et tout cela roulant sans la moindre pollution à un moment lors du passage du Président sur les quais. Subjugué par un tel décor, j’ai cependant compris que ce n’était pas la gare du Nord, car là-bas on pouvait enjamber le passage quand les poches sont vides et en attendant l’arrivée des bourses, à condition de ne pas rencontrer les contrôleurs. Demandez à mes amis étudiants ! Ce que je retiens du Ter finalement, c’est cette critique non fondée quant à la justesse et à l’opportunité de cette réalisation majeure. S’attarder sur la problématique du coût de l’ouvrage me paraît réducteur et tout simplement un nihiliste de mauvais aloi. N’avons-nous pas le droit d’un bien-être et de vivre dans un pays correct ? Et comme le disait mon jeune frère Soro Diop, refuser le misérabilisme où l’investisseur étranger aura envie de venir. Parce que la disponibilité d’infrastructures modernes et denses participe très sérieusement du critère qui pousse l’investisseur à décider d’un choix d’investissement dans un pays. Alors, pourquoi devrions-nous aussi faire la fine bouche, d’avoir été, si je ne me trompe pas, le premier pays d’Afrique de l’Ouest à être doté d’un train électrique ? Ce moyen moderne de transport reste aujourd’hui l’avenir du transport ferroviaire. Permettez-moi de vous raconter une petite anecdote sur l’enjeu du train électrique ! A l’époque, je vivais à Toulouse dans le cadre de mes activités sportives, le maire de la ville en cette période de 1977, M. Baudis (père), avait tapé sur la table pour exiger de la Sncf l’électrification du réseau ferroviaire de la ligne Paris-Toulouse. Le maire Baudis (père) a vu juste. Remplacé par son fils Dominique Baudis, grande vedette de la télévision Tf1 à la mairie en 1983, ce dernier a poursuivi l’exigence du père sur l’électrification. Le résultat fut sans appel avec la naissance d’Airbus industrie qui a regroupé à l’époque plus de 5 pays dans le consortium avec plus de 12 nationalités au niveau du personnel. Ce processus permettra aussi l’arrivée du Tgv après un début Paris-Lyon, puis Paris-Lille. Parce que le train électrique participe à déclencher tout un processus d’industrialisation, bref de développement pour toutes les zones traversées.
Cette contribution est tout simplement un sentiment personnel d’un homme convaincu de la justesse d’une telle infrastructure. C’est le lieu de donner rendez-vous aux contestataires dans 2 ou 3 ans. Parce que dans les projections, la mise en service effective permettra le transport de plus de 115 mille passagers par jour. Alors, l’on peut se demander combien de bus faudrait-il mettre sur les routes pour transporter un tel nombre de passagers si le Ter n’existait pas à l’échéance de sa mise en circulation. Si on sait que chaque bus, c’est entre 70 à 75 personnes transportées. Il faudra alors calculer le nombre de bus nécessaires pour transporter 115 mille passagers. Il faut ajouter la question de la sécurité, mais aussi de la rapidité, du fait qu’entre Dakar et Rufisque, le bus mettra facilement une heure à deux heures de temps sur les routes à cause des embouteillages. Alors que le Ter, c’est 15 à 20 minutes sur le trajet Diamniadio-Rufisque-Dakar. Y’a pas photo. Les habitants de Dakar à Diamniadio apprécieront le bien-fondé d’une telle réalisation dans 5 mois. Je suis persuadé que les avis changeront comme ce fut le cas quand le Président Wade a démarré la construction de l’autoroute à péage. Et bien aujourd’hui, elle est presque saturée dans le sens Rufisque-Dakar. Justement, c’est à ce niveau de Dakar-Rufisque que le Ter va jouer un grand rôle de désenclavement du transport. Assurément, c’est l’un des meilleurs investissements pour une population active toujours en croissance et pour mieux parfaire, les avis sont unanimes que l’Etat doit revenir à l’importation des véhicules de plus de 5 ans, c’est un dépotoir et pratiquement cela vient de partout. Cela incommode la population. Dakar et sa banlieue étouffent.
Aujourd’hui, Dakar est saturée. Personne ne peut circuler le matin. Vivement le retour des véhicules de moins de 5 ans. Le seul challenge à redouter pour le Ter, c’est le respect des heures de départ et d’arrivée annoncées pour tous les jours. Si ce challenge est respecté, on peut dire alors la bataille est gagnée pour l’histoire et la pérennité, il serait bien de penser aux enfants et petits-enfants du Ter. Bon vent au Ter.
Baba TANDIAN