– Je ne sais même plus avec quel mot ou expression je dois commencer mon propos. Mes balbutiements sont interrompus par un sentiment d’amertume et de désolation sans précédent. La situation actuelle dans laquelle mon pays plonge ses fils est des plus décevantes depuis l’accession de celui-là à la magistrature suprême jusqu’à ce matin.
Le Sénégal, jadis réputé être un pays politiquement stable, moralement serein et religieusement placide, est aujourd’hui dans une pente qui mène inéluctablement dans une anomie ou une déréliction abyssale. La honte qui m’habite présentement est d’une lourdeur incommensurable. Les âmes les plus sages sont actuellement en train de s’étioler et les hommes épris de bonnes semences naturelles rentrent aussi en état de déliquescence avancé. On dirait même que celles-là et ceux-ci entament irréversiblement leur processus de rabougrissement définitif.
Ho! Pourquoi méritons-nous cela? Avons-nous commis une faute aussi grande qu’un pêché ou une bourde aussi petite qu’une peccadille pour mériter ce lamentable sort? Sommes-nous responsables des singeries et des acrobaties de nos gouvernants? Des politi-chiens qui, en quête de pitance et de prébendes se muent comme des vipères en pleine saison sèche ou des boas en pleine hibernation.
La justice, molle et malléable, qui devait être notre dernier rempart s’est tellement métamorphosée que la stabilité politico-juridique ou politico-judiciaire dont nous nous targuions hier transforme aujourd’hui notre Sénégal en pétaudière ou en un foyer biscornu jamais imaginé. C’est vraiment le crépuscule des idoles: point de maître ni père qui puissent être dignes de guide ou de référence.
Je doute fort de notre devise: » Un peuple, un but, une foi » qui était le rêve de Senghor ne puisse jamais devenir une réalité pour la bonne et simple raison que les Sénégalais ne le se sont pas approprié. Oui, notre rêve est un rêve s’il est porté par une seule personne, mais s’il est le rêve de milliers de personnes, alors il devient réalité…
Ō Sénégal, mon pays, j’ai très mal!
Que vais-je dire aux générations futures?
Demain, mardi, j’ai conformément à la progression mensuelle prévu un cours dans le domaine : » VIVRE ENSEMBLE » , autrement appelée « ÉDUCATION MORALE ». Mais là j’avais programmé comme contenu à enseigner: LE RESPECT DE LA PAROLE DONNÉE: l’exemple du » Diom, du Ngor et du Kersa ».
Vais-je surseoir à la leçon ou bien ?
Mamadou Ciré SY
( Professeur de Philosophie)
Contributions : La politique au Sénégal… (Par Mamadou Ciré Sy ) .